Ion Zion est une mère de famille, célibataire, avec quatre enfants. Elle a beaucoup voyagé et vécu un peu partout. La cité, la Martinique, les favelas. Polyglotte et nourrie de nombreuses cultures, elle aime les gens et a envie de partager. Ion Zion a aussi connu des hauts et beaucoup de bas. Et en ce moment, c’est la galère.
Le dessin, elle l’a appris « comme ça » : « J’ai su dessiner avant de savoir écrire et j’ai toujours communiqué par le dessin ». Pour Ion Zion, le dessin est comme un exutoire, un moyen de « vivre mieux » et de « dire les choses ». « Je ne dessine pas pour rien, chaque dessin est un cheminement ». A travers cette chronique, Ion Zion nous fait découvrir ses univers et ce qu’elle a à dire : « l’autre côté du décor dans les îles françaises, la justice qui est faite pour les riches, une société qui nous tient par la peur …«
Avec ce dessin vient un poème, puis une longue réflexion personnelle sur la parentalité, l’école, l’enfance …. Bonne lecture !
L’école est fermée
Et j’ai nulle part où aller.
L’école est fermée
Adieu collages et papiers dorés.
L’école est fermée
Bonjour les escaliers de ma cité.
L’école est fermée
Et mes espoirs s’envolent.
Comme des papillons qui s’affolent
Je reste assise sans goûter.
L’école est fermée
Et mon cœur a pleuré.
« Avec ce poème, je voulais parler des enfants qui se retrouvent seuls une fois l’école terminée »
Depuis que je suis enfant, j’ai toujours été persuadée qu’il fallait créer l’École des Parents. Et maintenant encore, j’en suis encore plus que convaincue : l’État sanctionne économiquement les parents qu’il déclare défaillants alors qu’en amont le même État n’est pas capable de mettre en place des plans d’information et d’éducation sur les responsabilités inhérentes au métier de parent. Parce que oui, c’est un métier à plein temps.
On éduque les enfants à la reproduction mais pas à la conséquence directe : être parent. Pourquoi ne pas mettre en place des ateliers d’information, d’éducation pour permettre aux jeunes qui sont de futurs parents en puissance, de réaliser ce qu’est être parent ?
De plus, la difficulté est que les parents doivent travailler pour nourrir leurs enfants. Mais ce même État ne met pas en place les structures nécessaires à ce que la famille puisse vivre dignement. Est-il normal de voir une bonne partie de son salaire partir en frais de cantine, de garderie, souvent mal adaptée aux réalités du monde du travail ?
Il est alors facile pour l’État de juger des parents, de les punir en les sanctionnant économiquement alors qu’une fois encore la notion d’Humanité, d’individu, de famille, de bienveillance, lui est étrangère.
Moi, j’ai appris à l’école que le Président doit gérer son peuple comme un bon père de famille… On en est loin.
Alors c’est pourquoi je voulais parler dans ce poème de ces enfants qui se retrouvent seuls une fois l’école terminée simplement parce que leurs parents travaillent, qu’ils ont oublié leur clé parce que ce ne sont que des enfants et qu’ils se retrouvent inexorablement dans la rue…….et bien sûr ce n’est de la faute de personne….
Moi je dis : c’est la faute de l’État qui maintient un soi-disant ordre par la peur de la répression, la famille a changé : les grands-parents sont loin, les familles éclatées. Et le mot d’ordre de Pôle Emploi : la mobilité oblige des parents à travailler à des kilomètres de leur domicile.
Alors j’ai écrit « Crépuscule » parce que le crépuscule, ce n’est ni le jour ni la nuit … Quand je vois des enfants livrés à eux-mêmes après l’école parce que les parents n’ont pas les moyens de payer la garderie pour les petits et parce qu’il n’a aucune structure d’accueil pour les collégiens et les lycéens : on est toujours un enfant même à 14 ans… Ça me fait de la peine de les voir faire des bêtises parce qu’ils sont simplement livrés à eux-mêmes… Je vais les voir, je discute avec eux…..mais c’est compliqué.
Quant au dessin, j’ai fait cette petite fille qui symbolise tous ces enfants, habillée en rouge dans un décor gris parce que tout le monde la voit : c’est une évidence mais tout le monde regarde ailleurs… Elle est à côté d’une poubelle parce que l’État la considère déjà comme une merde et a décidé que là est sa place.
Heureusement, les enfants sont plus forts qu’on ne croit et heureusement que l’École existe avec des enseignants qui sont vraiment de bonnes personnes en général…
« Les enfants aussi sont des sans-voix«
Alors Parents, si vous voyez que votre enfant aime être plus à l’école que chez lui, posez-vous les bonnes questions Parfois aussi l’ambiance à la maison est juste insupportable pour un enfant, avec des parents qui n’ont pas le temps… Prenez le temps, réfléchissez pour trouver des solutions… Parce qu’à la fin : ce sont les enfants qui payent et eux aussi sont des sans-voix : écoutez-les parce qu’entre aimer et aider il n’y a qu’une seule lettre de différence.
Je ne veux pas être moralisatrice, je ne prétends pas être un parent parfait non plus… Mais j’essaye de faire de mon mieux et surtout de toujours garder un lien avec mes enfants. Et c’est pas simple tous les jours. J’en suis bien consciente… C’est un vrai métier que d’être parent et on apprend tous les jours. J’ai souvent discuté avec des parents qui me disaient « merci, je ne voyais pas les choses comme ça » . Je ne juge personne, jamais. J’essaye de comprendre des situations et j’essaye juste que l’enfant ait sa place. Les parents aimants veulent toujours le meilleur…. C’est toujours ça qui sauve : l’Amour.
Si on est Humaniste, on peux soutenir que : « Il n’y a pas d’enfants difficiles. Ce qui est difficile, c’est d’être un enfant dans un monde plein de gens fatigués, toujours occupés, pressés, et sans patience. »
Et c’est l’État qui nous fatigue, nous parents. Il n’a qu’à nous permettre d’accomplir notre devoir en nous facilitant la vie et non , comme c’est le cas aujourd’hui, en nous mettant en position d’échec si on a le malheur de ne pas être né du bon côté de la barrière. Ouvrez là, cette barrière ! Donnez à tous les mêmes chances et ce, depuis la naissance. Que l’État cesse de nous endormir avec des considérations économiques et budgétaires : qu’il commence par ne plus gaspiller l’argent des contribuables et il verra : c’est miraculeux les ressources qui apparaîtront !
ION ZION (à retrouver aussi sur Facebook)
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