S’accrocher à ce qui nous semble juste.

Depuis petite, j’ai de fortes intuitions. Parfois jusque anticiper des événements qui vont arriver. Lucidité ?

Je garde la plupart du temps cela pour moi mais depuis petite fille, assise au bord de la rivière derrière le chalet des vacances parentales, je sais que ma place est dans la nature, les mains dans la terre, les oreilles emplies du son de l’eau qui coule dans la rivière proche.

J’ai cette image gravée en moi. Depuis mes 4 ans, je veux rejoindre la forêt, et la terre.

J’ai connu de belles années à courir dans le village alsacien où vivaient mes parents , j’aimais créer des mixtures que ma petite sœur a du boire malgré elle. Si elle me lit, elle doit se souvenir de ma potion de fleurs de rose ou de géranium. Anne-Lise je te demande pardon avec tendresse, d’avoir bu nos infusions de citronnelle, et de thym… dans le jardin de notre grand père, sucrées avec les cubes de sucre récupérés à la cafétéria du Cora Wittenheim à l’époque.

J’ai gambadé dans les vignes, déchiré mes genoux dans les chemins caillouteux du vignoble et brûlé mes mains sur les ruisseaux gelés des côteaux haut-rhinois.

Mon rêve absolu : la cabane.

Je la fabriquais en lierre, en terre, en branches et j’y amenais mes poupées attachées derrière mon vélo.

Tout ceci n’a absolument pas changé, je cherche encore ma cabane, celle que je vais imaginer parce que je crois fermement que nos rêves d’enfants nous donnent une idée de qui on est au plus profond. J’ai toujours mon vélo aussi !!

J’ai traversé ma vie, j’ai 44 ans, j’ai 2 enfants, et je touche mon rêve du doigt, je travaille à apprendre aux autres à préserver nos rivières, cette terre que j’aimais touiller, je crée et transmet mes mixtures. J’aime être dans la matière. Mes odeurs de mon enfance animent mes ateliers, le romarin, le thym, la menthe, la rose, le géranium.

Et j’apprends aussi à imaginer ma cabane. Celle qui va m’abriter quelques temps. Je ne peux pas vivre en ville définitivement. A 44 ans, je le sais. J’aime l’idée d’entendre les bruits des éléments, des animaux.

J’ai passé par la précarité, par la rupture pour comprendre ça. Pour pouvoir aller vers qui je suis. Une sorte de Heidi.

Je ne serai heureuse que ainsi. Au contact des éléments qui me composent, je suis minérale, végétale, et spirituelle. Je ne suis rien de plus qu’un élément de cette Terre qui m’accueille. Mon devoir est de la cultiver et de la faire fructifier sans l’abîmer, consommer les fruits de mon travail, et l’honorer. Cette terre m’accueille depuis enfant, j’ai compris que j’en suis partie intégrante, un être vivant qui doit en respecter les lois. Celle de l’équilibre. Du respect des saisons, de ce qui m’entoure

Plus rien d’autres actuellement ne fait sens en moi que ce retour vers les bras verts de ma chère Nature, celle qui a été créée pour nous apporter tout ce dont nous avons besoin, air, eau, terre, fruits, légumes, animaux. Qu’ai je fais toutes ces années à errer, à me chercher ?

 Ma nature profonde est simple. Je n’ai nul besoin d’être riche mais de tendre la main vers moi.

Je suis passée par la perte du « matériel » parce que il n’apporte aucune sécurité. Je suis passée par la maladie car je maltraitais mon corps, mon esprit et mon âme. J’ai connu la pauvreté pour devenir riche, riche de sens, riche de ma joie simple.

Par orgueil, j’ai cru pouvoir être plus forte que tout. Je me trompais. J’ai besoin des autres et de moi. J’ai besoin de créer uniquement ce qui fait sens pour moi, le respect de l’humain, de la terre et de l’univers.

Je remercie mes parents de m’avoir transmis ces valeurs. Ils m’ont enseignés la tolérance, la recherche de sens, l’amour de la terre, l’amour de l’humain et de Dieu (peu importe le nom que l’on donne à la spiritualité qui nous anime). L’être humain est pétri de cette connexion à autre chose. Je m’appuie sur cela pour aller enfin vers moi, mon chemin, ma cabane de bois, au bout d’un sentier rocailleux, et au bord d’une rivière qui chante.

Clair’ette (68 – Colmar)

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