A moins de 3 semaines des élections européennes, Alain Guézou chausse à nouveau ses sandales et prend la route, ce jeudi 19 mai 2019, au départ de Bruxelles pour se rendre à pied à Strasbourg.  500 km de vagabondage pour ce « Sans-Voix » qui se surnomme lui-même « le Don Quichotte au béret ». Retrouvez ICI la présentation de son projet dans un article publié avant son départ. Par ses « billets » postés chaque soir quand les conditions l’autorisent, il nous permet de suivre son cheminement d’homme et de militant infatigable.

Billet 1 – Jeudi 9 mai 2019

Bonjour à Toutes et à Tous,
En direct de La Table Ronde à Grenoble, je vous adresse aux uns (es) et autres une ultime pensée amicale avant le grand saut dans l’inconnu de la marche. Merci de m’avoir soutenu dans cette initiative et je vous dis donc à demain en direct de la Belgique.
Embrassade fougueuse
Votre Ami
Lemarcheuraubéret

Billet 2 – Vendredi 10 mai 2019

Bonsoir à toutes et à tous,
Première journée belge après une nuit « fléxibusoise » qui m’a fait découvrir vers 3 h 00 du matin la réalité d’un parking désert de l’aéroport Charles de Gaulle , les reniflements incessants d’un compagnon de siège durant tout le voyage, retrouver l’ambiance des peurs nocturnes d’un petit enfant ; eh bien juste après j’ai retrouvé mon sac après un partage divin avec l’un de mes garçons : Pierre-Yves.
Ce soir je dors à Wavre dans une demeure du 18ème siècle mais je suis tellement mouillé, j’ai tellement froid que seule la bouillotte prêtée par la maîtresse de maison trouve grâce à mes yeux.
Mais je suis heureux, apaisé car ces premiers kilomètres ont commencé à me faire oublier mes chagrins, à me soulager de ma fièvre permanente et surtout ils m’ont redonner, comme toujours, la certitude que je ne peux plus être malheureux dorénavant. L’épuisante légèreté qui est mon armure contre les vacuités de mon quotidien à commencé à s’écailler au profit d’une amabilité du sort. Aujourd’hui la vie a commencé son travail de récurage. Marcher sous la pluie c’est quelque part accepter que l’on puisse enlever un peu de sa crasse et permettre à la tête de retrouver confiance dans les pieds….
Je vous embrasse, toujours fougueusement, toutes et tous.
Alainquiportesonbéretcommeunoriflamme

Billet 3 – Samedi 11 mai 2019

Bonsoir,
3ème journée de marche et me voilà dans la vallée de la Meuse que j’ai longée toute la journée en vivant cette marche non pas comme un acte banal, mais comme une expérience, une excursion qui se substitue à des questionnements par une approche humaine, vivante et sensible. Et même si la technique ne suit pas, c’est bien dans la joie du partage avec vous que j’achève cette journée. Je n’arrive pas à vous envoyer les photos prises au cours de ces dernières 48 h, mais je suis déjà en mesure de ne pas m’énerver de cette réalité par la beauté des paysages, de cette rivière majestueuse qui calmement et inexorablement façonne son environnement. Au lieu de voir venir la vie, je décide en ajoutant un pas à un autre de venir la voir. Ça change profondément ma perception, ma place et cette modeste pérégrination devient une expérimentation de ma présence au monde. Me confronter  à la campagne belge comme « le grand dehors » pour citer Nicolas Bouvier, m’autorise à plonger dans les profondeurs de mon âme, « ce grand dedans » qui à la fin de mon voyage je l’espère, m’amènera à mieux poser ma légitimité. Je me fraye une place dans l’espace géographique qui m’entoure que ce soit aujourd’hui, ici, ou demain auprès de vous. Je ne fais pas un voyage mais c’est bien le voyage qui me fait ou défait, encore une allusion à ce cher Nicolas Bouvier. Car à la différence d’une ballade ou d’une promenade, la marche est engageante. Et en renouvelant la grille de lecture du paysage, c’est bien celle de la vie qui se trouve modifiée. Et toujours avec optimisme en redonnant de la saveur, du sel à ce trop morne quotidien en le dynamisant. Et cela ne fait que trois jours que je marche, imaginez dans quelques jours mon état…..
Demain va être un autre jour qui va me voir aller de Yvoir/Anhée à Rochefort célèbre pour sa bière trappiste!!! Et avec du soleil…
Je vous embrasse fougueusement
Alain


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