Grâce au soutien renouvelé de la Fondation Abbé Pierre (qu’elle en soit ici remerciée), notre association a pu organiser pour la 2e année consécutive un « séminaire » de réflexion et de remue-méninges pour préparer les mois  venir et faire émerger l’intelligence collective. Douze membres actifs ont ainsi consacré 3 journées au coeur de l’été à gamberger, discuter, confronter leurs idées, élaborer des projets, mais aussi se relier, se connaitre toujours mieux, rire et manger ensemble. L’ambiance était sérieuse, studieuse même, ET joyeuse dans un lieu un peu magique, l’Institut Charles Quentin de Pierrefonds, qui jouxte le château du même nom.

Vous pourrez lire ci-dessous une 2e salve des impressions personnelles de quelques participants.

Diane

C’était un pari pour moi de participer à ce séminaire de Pierrefonds. Un pari, parce que je n’ai pas vécu la très grande précarité. Je ne suis pas une « sans voix ». Et pour autant, je ne veux pas être une « bénévole » qui vient en aide ou qui représente. Je veux seulement être une membre active, pour participer à augmenter la qualité de son  du porte-voix, pour que le plus de monde possible comprenne ce qu’est le vécu de la très grande précarité, qu’ils sachent toute la valeur de ceux qui la vivent, afin que cela puisse changer leur perspective et les incite à agir pour que cela cesse.

Positionnement personnel pas facile à trouver et qui dépendait complètement de l’accueil des autres archipéliens. Mais c’est bien l’esprit de l’archipel que d’accueillir comme membre actif tous les volontaires. Et ça s’est confirmé dans les faits.

Je m’y suis sentie accueillie et acceptée malgré mes différences. Cette ouverture et cette bienveillance m’ont fait du bien. Je n’avais pas besoin d’être autre chose que moi-même. En plus de la richesse des échanges dans les groupes de travail et avec chacun.e, qui m’ont beaucoup appris, J’ai bien ri et me suis même mise en colère, toutes sensations qui ne m’étaient pas arrivées depuis longtemps.  Un très bon moment et le plein de motivation, pour la suite.

J’en ressors avec l’idée que ce projet de l’archipel est décidément très utile et que je peux y contribuer un peu, par ma propre expérience, en particulier celle qui concerne la formation professionnelle. La formation comme lieu de résonnance, d’écoute, de transformation, de révision de posture. Un lieu privilégié pour porter la voix sur la grande précarité.

Affaire à suivre et à continuer de construire… donc !

Diane

Groupe local ADSV AURA

Il est de tradition chez les Archipéliens(es), habitants de l’Archipeldessansvoix, petit état proche de Lampertheim, quelques parts du côté de l’Alsace, de se retrouver au moins une fois par an dans un grand raout amical.

Ces femmes et ses hommes qui sont autant de défis à notre société où l’on ne parle tant de solidarité sans doute parce qu’on désespère de la confondre avec la charité. J’ai le bonheur d’appartenir à ce petit peuple que l’on n’écoute plus, qui résiste à tout ce qui vient l’attaquer au quotidien. Il existe chez nous, dans un sentiment de solidarité spontanée et si incroyable que cela paraisse, ce sentiment de vivre comme si nous étions déjà morts

Cette année encore, elles et ils sont venus de Nantes, de l’Isère, de Champagne, de la région parisienne ou de l’est de la France, à Pierrefonds, petit village de l’Oise et ce à travers d’impossibles trajets qu’aucun animal n’oserait tenter. A les voir aller droit sur leur route, à travers leur quotidien, leur vie qui s’éboule, les taillis épais qu’on leur oppose, les escaliers de roche mouillée qu’on leur glisse sous les pieds pour mieux les faire tomber, les murs à pic auxquels on ne cesse de les confronter, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils ont su conserver la force de la gravitation naturelle des premiers hommes. Et aujourd’hui, vendredi 11 août 2023, elles et ils sont tous là.

Nous nous retrouvons dans un grand élan spontané de sourires, d’accolades, d’embrassades et c’est bien dans une cacophonie d’accent divers dans ce qui ressemble plus à un poulailler qu’à une réunion d’adultes consentants que se déroule les retrouvailles. Les pâtés, les saucissons, les victuailles diverses et variées ponctuant au passage l’origine locale de chacun des convives.

Profitant que les bouches et les gosiers de chacun(e) soient bien remplis et une fois que la liesse des retrouvailles est un peu retombée, il revient à notre vénéré, vénérable et indiscutable Président, que certains dénomment affectueusement “le Grand Timonier“ de remettre les pendules à l’heure en préfigurant le programme prévu par lui dans un souci démocratique pour les deux jours qui viennent.

Chacun(e) s’étant vu dévolu une tache fonctionnelle selon son désir, le choix des chambres individuelles ayant été finalisé autours de la seule chambre double retenue d’avance, c’est une après midi libre qui nous est accordée. J’aime l’idée d’un séminaire de travail qui commence par la récréation.

Je passe sous silence la soirée inaugurale où tel des athlètes, nous avons pu énumérer nos talents, nos performances et briller aux yeux des nouvelles dont Françoise venue en couple !!! Merci à Papy et à Michel d’avoir tout préparé.

Après une courte nuit pour certains(es), c’est une solide journée de réflexions, de chauffage de cerveau, d’ébullitions diverses, sans aucune prise de tête sauf pour le caractériel de service qui ne pu s’empêcher une petite colère saine et constructive qui fit du samedi une belle et bonne journée. De l’avis général, ces ateliers nous ont permis de “planter des graines“ (dixit ce cher Olivier) à l’ombre d’un fantasme historique spectaculaire, le fameux château de Pierrefonds.

On a mis nos pas dans les empreintes de celles et ceux qui ne s’expriment jamais. Nous sommes entrés par la porte des mots, baignés dans l’encre de nos vécus respectifs et avons repris conscience de notre rôle. Celui de rendre aux gens ordinaires, selon l’appellation de Georges Orwell, la place qui est la leur dans une construction sociétale plus juste… Nous ne nous sommes rien promis du tout et surtout pas de construire un monde plus beau, plus excitant que celui que nous avons connus. Nous avons juste voulu montrer que l’on ne compte pas sur nous pour nous assoupir et laisser le champ libre à des apprentis sorciers. Ceux-là même qui ont semé une houle d’une rare violence qui a emporté nos vies dans un tourbillon de misère destructrice.

Nous resterons debout car nous avons des principes et nous entendons les vivre. Et pour citer Pierre Louis, ce Pied Noir grandi en Normandie qui mériterait d’être Breton, L’Archipel est, aujourd’hui, une petite association indépendante, ambitieuse qui ne se prend pas pour ce qu’elle n’est pas. Elle dit ce qu’elle fait, elle fait ce qu’elle dit.

Pratiquer la considération : une bienveillance attentive

Écouter les autres

Tenir la parole pour un grand atout humain

Proposer : c’est une façon de respecter les autres

Agir : c’est une façon de se respecter soi-même.

En conclusion, il a fait beau, Merci à Toutes et à Tous, Un Grand Merci à celle et à ceux qui ont permis ce petit moment de bonheur. A Refaire !!!!!

De la part du Groupe local AURA

Christian

Ce 2e séminaire ‘’Remue -Méninges’’ d’été de notre association s’est imposé de lui-même, tant le 1er de l’an dernier avait permis de relier à nouveau les membres actifs après l’éparpillement dû à la crise Covid (nous sommes tous éparpillés sur le territoire, loin géographiquement les uns des autres) et de (re)créer une dynamique d’initiatives.

Unanimement, il avait été souhaité de pouvoir faire cette rencontre « hors de la ville », pour avoir un vrai cadre de déconnexion pour des moments où l’utile (le travail de réflexion et les confrontations fécondes) pourrait se joindre à l’agréable (un parc arboré pour les balades, une visite de château , un diner au resto, des temps libres pour se relier,… ). Le soutien de la Fondation Abbé Pierre nous a permis de concrétiser cela. Merci à elle.

Que dire qui n’est pas déjà exprimé par les autres « regards croisés » déjà publiés ?

Peut-être ceci : l’Archipel des Sans-Voix est un regroupement de personnes qui ne renoncent pas à « faire société commune » malgré des parcours de vie très différents et des profils on ne peut plus variés. Cette communauté fait sienne et met en pratique la formule d’Antoine de St Exupéry dans « Pilote de guerre » :  « SI TU DIFFERES DE MOI MON FRERE, LOIN DE ME LESER, TU M’ENRICHIS ». En cela, l’Archipel Des Sans-Voix ressemble souvent à une cour des miracles …

12 membres actifs de l’association ont donc choisi de consacrer 3 journées entières d’un we prolongé du 15 août, pour voyager et échanger avec d’autres, non semblables, et apporter leur pierre à la construction de cet édifice commun qu’est l’Archipel Des Sans-Voix.

Cet évènement a été organisé à plusieurs mains (et cerveaux) et cela fera école pour l’avenir. Il s’est déroulé avec la participation active de tous, après un partage des tâches et des rôles librement défini par le groupe lui-même et consenti par chacun. Aucune fausse note

Les sujets à aborder ont été collectés depuis l’annonce du séminaire, puis mis au vote avant la rencontre pour gagner du temps utile. Il était clair que tous les sujets proposés ne pouvaient pas être traités dans le temps imparti, mais ce travail de recension est déjà utile en lui-même.

5 thématiques prioritaires ont donc été validées, choisies et traitées tantôt avec tout le groupe, tantôt en sous-groupe. Les animateurs(trices) de débats se sont relayés naturellement. Les échanges ont été toujours bienveillants, non dénués de confrontations et d’oppositions, mais la recherche du consensus (qui diffère de l’unanimité par ce qu’il ne requiert pas l’approbation de tous, mais s’interdit toute objection absolue) a été la règle spontanément admise.

Ce séminaire est donc une magnifique pierre angulaire de l’édifice de l’Archipel. Il trace un chemin, dont les bifurcations se révèleront en avançant. Mais avec une telle équipe, le cap sera toujours maintenu.

Je suis heureux de présider un tel groupement humain, si pleinement humain, tant dans les forces et fragilités individuelles qu’il regroupe, que dans le collectif qu’il forme ainsi.

Ce séminaire se poursuivra le dimanche 8 octobre prochain, pour la 2e Journées des Universités d’automne des Sans-Voix.

A suivre donc … rejoignez-nous y.

Christian

EXTRAIT INTRODUCTIF du compte-rendu de ce séminaire

Remue-méninges estival au sein de l’Archipel Des Sans-Voix

C’est donc à Pierrefonds, situé dans l’Oise à l’orée est de la forêt de Compiègne que se sont donné rendez-vous du 11 au 13 août 2023, 12 personnes qui combattent, sans relâche, la pauvreté mais aussi trop souvent la subissent. Venant des 4 coins de l’hexagone ces femmes et ces hommes, sous l’égide du collectif l’Archipel des Sans Voix, ont évoqué leur quotidien, ont parlé de leurs galères, ont échangé sur leurs craintes, ont crié leurs colères, ont fait des projets ensemble…. Et Dieu que cela fait du bien !!!

Il nous faut rappeler que ce séminaire est soutenu financièrement par la Fondation Abbé Pierre, ce qui nous permet de le vivre dans des conditions sympathiques et productives.

Héroïnes et Héros contemporains dont l’isolement lié à leurs parcours respectifs ne les empêche surtout pas de se retrouver pour développer leur regard citoyen sur le fonctionnement de la société française. Dès leur arrivée s’est créé un véritable échange bienveillant sur leurs représentations. Ils se veulent des porte-voix, lanceurs d’alerte permanents, transgressifs par définition et qu’à la fin de ces quelques jours passés ensemble, émergent des idées mais aussi et peut-être surtout une parole différente où l’ordre des choses est inversé pour expliquer, donc comprendre, autrement les rouages de la pauvreté.

Ce qui est frappant à travers les témoignages des uns (es) et des autres, c’est ce solide appétit à la vie car c’est bien la bonne humeur et les rires qui ont largement ponctués ces quelques jours. Mais jamais n’a été mis de côté la raison première de notre présence dans ce lieu, à savoir, la nécessité de recherche d’idées originales et surtout créatives, pour dénoncer les raisons, les injustices et les mécanismes de la pauvreté, par la mise en commun de nos propositions et projets.

Nos combats sont multiples. Le logement, la santé, l’alimentaire, le travail, et j’en passe. Mais ils ont tous un point commun : notre volonté de vivre économiquement et d’exister socialement de nos activités respectives.

Aujourd’hui, nous nous épuisons face à une administration française kafkaïenne, frileuse à accorder un droit, voire même à le faire respecter. Nous avons beau vouloir rester « droit comme un balai », de monter au front avec la régularité d’une horloge et de vouloir rester bien sous tous rapports ; il nous est toujours opposé des arguties et autres obstacles administratifs qui nous maintiennent, volontairement, dans une impasse. Et les exemples ne manquent pas.

C’est pourquoi le vendredi en fin de journée après que tout le monde soit arrivé, que la teneur de ce qui nous attend soit définie et que les diverses tâches du “qui fait quoi“ pour faciliter notre bref “vivre ensemble “ soient distribuées, nous avons pu établir le planning des ateliers avec l’intitulé et les participants (es) volontaires de chacun.

Pour en savoir +, télécharger ICI le Compte-Rendu complet

Découvrez ICI les 4 premiers « regards croisés » et les images du séminaire