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 » Bon ben, c’est le bordel ! « 

 

Non mais si, franchement, là c’est le bordel.

Macron aura réussi ce qu’aucun président avant lui, aucun gouvernement – et même aucun syndicat ! – n’aura réussi ces 30 dernières années : faire naître la convergence des luttes. Quand il va devoir ajouter cette compétence-là, sur son CV, en dessous de « banquier d’affaires chez Rothschild », ça va être carrément disruptif.

Ce mouvement spontané fait comme quand l’évier est bouché et que d’un coup il déborde. A la fois, y’a de très bonnes raisons pour que le bouchon saute et dans le même temps, y’a de la merde qui se répand un peu partout. Alors maintenant que la nouvelle moquette de l’Elysée à 300.000 euros est toute dégueulassée, va bien falloir sortir de l’ornière.

Les Gilets Jaunes – mouvement protéiforme et incontrôlable – incarnent la colère brouillonne et justifiée d’une France qui ne trouve plus les mots. Les voilà partis, bille en tête, contre la violence – latente et pernicieuse – que les institutions nous font subir depuis des décennies. « Qu’ils viennent me chercher » avait provoqué Jupiter. Ben voilà, on y est… ils sont venus.

Samedi, les casseurs professionnels ont pris la main sur la rue, sur les chaînes de télé. Selon le ministère de l’Intérieur, il y aurait eu 1.500 connards sur-organisés et entraînés dans le secteur des Champs-Élysées. Ce n’est pas beaucoup. Mais ils ont allumé le feu plus sûrement que Johnny Halliday. Résultat : les médias ont ouvert non-stop leurs antennes, déprogrammant le film du dimanche soir pour partager un petit jaune. Et comme pour l’évier bouché, y’avait de tout dans les tuyaux. Mais on ne peut pas dire que l’insurrection annoncée soit passée sous silence. Même si elle ressemble à un dialogue de sourds. Sur un plateau, une députée « En marche » avoue ne pas savoir à combien s’élève le smic. Cette société civile hors-sol continue d’étaler son incompétence. Mais du coup, cette élue reçoit des menaces de mort. Des Gilets Jaunes en reçoivent aussi. Tout comme les journalistes. Y’a de envies de meurtre à tous les étages. Tout ceci est violent. Aussi violent que la casse sociale.

Edouard Philippe a annoncé des mesures d’apaisement. C’est mignon. Un moratoire sur les taxes… L’intelligence politique, c’est de toujours avoir un coup d’avance. Là, on peut dire qu’à l’Elysée, les gars sont carrément en jet lag. Ils sont bien En Marche arrière mais pas suffisamment. Cela aurait peut-être calmé le jeu il y a 15 jours… plus maintenant.

Car c’est autre chose qui bouillonne. Le désir impérieux d’un changement radical de société, avant d’en crever. Mettre à bas l’ultralibéralisme et permettre aux gens de vivre normalement. Juste ce qu’il faut. Un miracle de Noël en somme. Si vous voulez mon avis, le combat contre le réchauffement climatique a plus de chance d’aboutir avant que ça n’effleure le cerveau globalisé des startupeurs jupitériens.

Je crains que samedi prochain, lors de la nouvelle manif, le tuyau ne cesse de refluer et que la violence n’absorbe tout. Puis que les Gilets Jaunes soient définitivement débordés par leur extrême-droite. Soral, Dieudonné, portent déjà fièrement le gilet.

C’est de cette manière – parce que la rue n’en pouvait plus de hurler dans le vide – que dans d’autres pays européens se sont installés, par les urnes, des gouvernements populistes.

Les lycéens, les étudiants et maintenant les agriculteurs, veulent à leur tour casser le marché de dupes imposé par ceux qui nous dirigent.

Qui nous dirigent droit dans le mur, d’une façon ou d’une autre.

(chouette illustration de Soulcié)

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