Ion Zion est une mère de famille, célibataire, avec quatre enfants. Elle a beaucoup voyagé et vécu un peu partout. La cité, la Martinique, les favelas. Polyglotte et nourrie de nombreuses cultures, elle aime les gens et a envie de partager. Ion Zion a aussi connu des hauts et beaucoup de bas. Et en ce moment, c’est la galère.

Le dessin, elle l’a appris « comme ça » : « J’ai su dessiner avant de savoir écrire et j’ai toujours communiqué par le dessin ». Pour Ion Zion, le dessin est comme un exutoire, un moyen de « vivre mieux » et de « dire les choses ». « Je ne dessine pas pour rien, chaque dessin est un cheminement ». A travers cette chronique, Ion Zion nous fait découvrir ses univers et ce qu’elle a à dire : « l’autre côté du décor dans les îles françaises, la justice qui est faite pour les riches, une société qui nous tient par la peur …« 

Depuis que nous sommes dans une situation précaire, j’apprends à mes enfants à combattre l’adversité, à chercher au fond d’eux les ressources pour être heureux malgré tout.

C’est ce que j’appelle nos oiseaux du paradis. Je vous explique : je reste persuadée que nous avons tous connu des moments où le bonheur, la plénitude, la liberté , la paix est palpable, ces instants que nous vivons entièrement, ce ne sont plus simplement des mots mais une réalité qui prend corps. Et quand tout va mal ou pas très bien, il faut se raccrocher à ces sensations passées parce que si nous les avons déjà vécues, on peut les revivre encore. Alors je dis à mes enfants de chercher dans leurs souvenirs le premier moment où ils se sont sentis libres, simplement heureux, en harmonie avec le monde, cette alchimie extraordinaire qui fait que ce moment reste gravé dans notre mémoire parmi tous nos autres souvenirs, et de mettre ce polaroid devant les autres……

« Notre Oiseau du Paradis, c’est ce moment de bonheur, de plénitude, de paix, dont il faut se souvenir quand tout va mal … »

Je vais vous conter l’histoire d’un oiseau du paradis :

« Lorsque j’étais enfant, je vivais aux Antilles. Un après-midi d’octobre, en pleine saison des pluies, je regardais la pluie dans le jardin par la baie vitrée, et l’envie de m’y promener me pris. J’étais hypnotisée par le bruit de l’eau, elle tombait si fort qu’on aurait dit une musique d’un autre monde et je regardais mon décor familier se transformer en terrain aquatique. Les grenouilles chantaient en cœur battant la mesure d’une mélodie naturelle. Je sortis donc, mes pieds nus s’enfonçaient dans la terre détrempée, faisait « flic flic » entre mes orteils, le sol était chaud et glissant, je trouvait cela très amusant. J’essayais de regarder le ciel gris calme rempli d’eau mais la pluie chaude était si dense que mes yeux arrivaient à peine à s’entrouvrir. L’eau ruisselait partout sur mon corps, j’étais trempée et simplement heureuse, seule au milieu des grenouilles et des fleurs embuées, presque cassées par cette pluie tropicale. Je regardais autour de moi et tout était vert chlorophylle, vert émeraude, et chaque goutte tambourinait sur ma tête, coulait le long de mon épine dorsale chaude et relaxante.

Je me sentais seule au monde, tel Robinson, seule maître de mon petit jardinet, souriant aux hibiscus, flamboyants et autres bougainvilliers, taches colorées parmi cet océan vert. J’entendis comme très loin loin une voix qui m’est familière. C’est ma mère inquiète qui m’appelait :

– Rentres, tu vas prendre froid!

– Non Maman, je suis Peter Pan et je vais chercher les enfants perdus.

J’entends encore son rire, mon visage radieux d’enfant simplement heureux. Je sors ma langue pour boire cette eau venue du ciel, ferme les yeux, la tête en arrière en écartant les bras : je suis chez moi ! »

OISEAU DU PARADIS ©Ion Zion

ION ZION (à retrouver aussi sur Facebook)

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