COMMENT RÉCUPÉRER SON ALLOCATION DE SOLIDARITÉ SPÉCIFIQUE (ASS) À PÔLE EMPLOI ? EN FAISANT UNE GRÈVE DE LA FAIM

K. raconte :

Je me prénomme K, j’ai 42 ans et vis à Tourcoing. Je suis titulaire d’une Allocation de solidarité spécifique (ASS) de 500 euros depuis deux ans. En début d’année, par souci d’écologie, j’ai accepté la demande de PÔLE EMPLOI de ne plus recevoir de courriers en papier mais uniquement par Internet dans un « espace personnel » créé pour les échanges avec PÔLE EMPLOI (recherche d’emploi, messages, annonces, demandes…). Je pensais alors que PÔLE EMPLOI m’avertirait de réceptions de messages dans cet espace personnel par SMS ou e-mail pour que j’aille le visiter… mais non ! Avril, mon renouvellement annuel doit être rempli via mon « espace personnel » pour continuer à percevoir l’ASS, mais je ne reçois ni e-mail ni SMS pour me prévenir comme j’aurais pu le penser.

C’est en me rendant à une réunion d’information fin mai à PÔLE EMPLOI que ma conseillère m’envoie un SMS pour me rappeler cette réunion en me demandant d’aller sur mon espace personnel que je découvre que mi-mars, j’ai reçu ledit renouvellement annuel de mon ASS à remplir au maximum pour mi-avril. Étrangement, à la fin de chaque mois, je me réactualise à PÔLE EMPLOI pour leur signifier que je suis toujours à la recherche d’un emploi et pouvoir percevoir le début du mois suivant mes ASS de 500 euros et je ne reçois pas de message me disant que je ne suis plus inscrite à PÔLE EMPLOI pour ne pas avoir rempli mon renouvellement annuel ASS mi-mars ! Et je découvre que je n’ai pas perçu mes ASS de 500 euros par mois deux mois de suite, soit 1 000 euros.

Je trouve alors aussi étrange que je parvienne à utiliser quasi tous les jours ma carte de crédit malgré les 1 000 euros en moins sur mon compte ! Faut dire que je compte chaque centime et gère très bien mon budget mensuel, plus mon plafond de découvert autorisé de 1 000 euros. J’avais presque atteint ce plafond sans le savoir.

Réactive, j’avertis ma conseillère et le versement de mon ASS a repris en juin. Mais impossible de récupérer mes deux mois d’ASS précédentes, Pôle emploi m’assure qu’ils sont définitivement perdus.

Je n’ai eu de cesse de contacter le Directeur d’Agence de Tourcoing dont je dépends pour lui présenter ma situation catastrophique sans cette somme de 1 000 euros que l’on refuse de me verser. Pour une personne comme moi, vivant avec des allocations mensuelles de 500 euros, deux mois d’ASS représentent une somme énorme. Je me bats à coups de recommandés, courriers, e-mails, appels téléphoniques (avec une conseillère odieuse qui donnait l’impression que les ASS que l’on me devait étaient son propre argent), visites physiques… Mais PÔLE EMPLOI campe sur ses positions prétextant la réglementation qui dit « que passé 2 mois de retard, la somme due est perdue ». Or ce dû, j’y ai droit !

J’envisage alors de démarrer une grève de la faim le 30 juillet à 9 h 00 contre PÔLE EMPLOI pour avoir refusé de me verser mes ASS de deux mois. Mais la veille, j’avertis la presse locale de mon opération dans l’espoir que leur présence fasse bouger les choses.

Munie d’une pancarte et de mon sac de couchage, je m’allonge devant le bâtiment de PÔLE EMPLOI et c’est là que des demandeurs d’emploi touchés en me voyant et ayant vite compris ce qui se tramait, me racontent chacun leur situation quasi proche de la mienne où leurs allocations leur ont été retirées avec l’envie tantôt de « commettre un incendie », tantôt de « tuer un élément arrogant de PÔLE EMPLOI » selon leurs dires.

Un des demandeurs d’emploi avec qui j’ai discuté est allé avertir de ma grève de la faim les employés de PÔLE EMPLOI. C’est là que deux responsables descendent au bout de seulement 30 minutes du démarrage de ma grève de la faim pour me demander de monter avec eux dans leur bureau afin de comprendre et régler ma situation, le tout sous les applaudissements de quelques demandeurs d’emploi.

Pendant une demi-heure dans le bureau de ces deux responsables, ces derniers tentent de déclencher l’envoi de mes deux mois d’ASS censés « être perdus ». La peur les tiraillait à l’idée que la presse soit avertie de l’affaire et fasse une pub racoleuse contre eux : en France, en arriver à faire une grève de la faim dans ce genre de situation, ça ne pardonne pas !

Dans l’après-midi, une journaliste de LA VOIX DU NORD souhaite me rencontrer pour comprendre mon ressenti en tant que laissé pour compte de la part de ce système. J’accepte. Fin de l’interview à 16 h 30, prise de photo devant le bâtiment de PÔLE EMPLOI et voilà que nous apercevons l’un des responsables qui m’a reçu dans un bureau, il se fait interpeller par la journaliste qui souhaite écouter son avis sur ce qui s’est produit dans la matinée. Voilà son discours insensé :

« C’est la preuve qu’il faut encore un peu d’humain à l’heure où tout est numérique… Parce que c’est précisément le système informatique qui à l’origine de cette radiation. Personne n’est responsable : ni K.S. ni nous, c’est un processus qui s’enclenche et ne prend pas en compte le cas par cas. »

Ce responsable essaie de défendre l’organisme pour lequel il travaille comme il peut ! J’ai pourtant eu des « HUMAINS » devant moi et au téléphone qui m’ont parlé tel à un animal en me rabaissant plus bas que terre !

Ma conclusion ? PÔLE EMPLOI use de tout ce qu’il peut pour baisser ses chiffres de demandeurs d’emploi et économiser sur des sommes qui nous sont dues afin de répondre aux désirs de chaque nouveau gouvernement. Je suis quasiment à la rue.

Je n’ai pas cherché pas à devenir un symbole de la précarité avec en face de moi le pot de fer qu’est PÔLE EMPLOI, mais je souhaite que les gens sachent que tenter l’extrémité comme la grève de la faim est le seul moyen pour faire bouger les choses.

K.S.

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