Ion Zion est une mère de famille, célibataire, avec quatre enfants. Elle a beaucoup voyagé et vécu un peu partout. La cité, la Martinique, les favelas. Polyglotte et nourrie de nombreuses cultures, elle aime les gens et a envie de partager. Ion Zion a aussi connu des hauts et beaucoup de bas. Et en ce moment, c’est la galère. Le dessin, elle l’a appris « comme ça » : « J’ai su dessiner avant de savoir écrire et j’ai toujours communiqué par le dessin ». Pour Ion Zion, le dessin est comme un exutoire, un moyen de « vivre mieux » et de « dire les choses ». « Je ne dessine pas pour rien, chaque dessin est un cheminement ». A travers cette chronique, Ion Zion nous fait découvrir ses univers et ce qu’elle a à dire : « l’autre côté du décor dans les îles françaises, la justice qui est faite pour les riches, une société qui nous tient par la peur …«
J’ai été fortement imprégnée de la culture caribéenne et sud-américaine.
La Mort fait partie de la vie.
La Mort vit à nos côtés et les morts nous accompagnent, nous guident et nous visitent.
La Mort n’est triste que pour ceux qui restent. Car les morts ont enfin trouvé la libération, la paix et la fin de leurs souffrances.
Nous fêtons la Mort avec des couleurs, de la musique, des danses et des chants.
Ce dessin s’appelle le MERCREDI DES CENDRES.
Dernier jour de Carnaval où nous accompagnons jusqu’à sa dernière demeure, à la tombée de la nuit, pleurons et enterrons le Dieu Vaval, (identifié par une poupée géante de papiers pour l’occasion) en le brûlant dans un immense brasier au bord de la mer. Nous le laissons aller dans un dernier bal d’ivresse après 5 jours de liesse populaire…..
C’est le jour du noir et du blanc, du bon et du mauvais, où les anges et les diables se retrouvent et vivent ensemble ce dernier jour.
Et le lendemain, la vie reprend son cours.
Nous sommes tous perturbés et préoccupés en ces temps de pandémie et de confinement… Nous avons peur pour nos proches, pour nous, et prenons la mesure de notre impuissance face à cette pandémie.
Malgré tout, nous devons rester humains.
Et ce qui nous donne notre dimension humaine c’est notre capacité à pouvoir accompagner nos proches dans la maladie et dans la mort.
On nous prive de notre humanité.
Je ne cherches pas à juger, ni à condamner personne… Les personnels hospitaliers, de maison de retraite font ce qu’ils peuvent avec les moyens précaires mis à leur disposition, déjà pour assurer leurs propres survie.
Mais ce n’est pas suffisant…
« Les malades et les anciens ne doivent pas rester seuls, pour eux, comme pour nous »
Il faut que nous réfléchissions, que nous demandions qu’on nous permette, même face à une crise sanitaire majeure, de pouvoir conserver notre dimension d’humains en nous permettant d’accompagner nos proches, d’être à leur côté.
Les malades et les anciens ne doivent pas être laissés seuls, pour eux comme pour nous.
Le jour d’après, il nous restera des cercueils anonymes rangés dans un ordre épouvantable, une géométrie insupportable. Et nous, face à nos tristesses, notre désarroi, nos remords parce que des êtres qui nous sont chers, auront été laissés sans aucun contact familiale pour leur dernier voyage.
Ce sera notre tribu, notre poids, et rien ne peut, ni pourra effacer ce qui aura été.
Ceci n’est pas acceptable, et aucun argument ne saurait me démontrer qu’on ne puisse pas faire autrement au 21e siècle.
« Dès aujourd’hui, préparons-nous à vivre le jour d’après… »
Nous ne pouvons plus être gérés comme au Moyen-Age face à une épidémie de peste ou de choléra, ce n’est pas digne de nous.
Alors puisque que nos dirigeants se prévalent constamment d’être des êtres supérieurs puisqu’ils nous dirigent, humains puisqu’ils aiment leur peuple : qu’ils nous rendent notre dignité d’humains face à la mort tout comme l’homme de Néanderthal en était déjà capable. Ou alors ce ne sera que le constat que nous n’avons effectivement plus rien d’humain.
Cette réflexion devra être universelle, mondiale et n’a rien de politique, elle est philosophique.
Dès aujourd’hui, préparons-nous à vivre le jour d’après… Et je crains que le plus dur reste à venir…..
ION ZION (à retrouver aussi sur Facebook)
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