Il est de ces rencontres rares, qui redonnent foi en l’humanité.

En marchant sur les chemins de France, d’Est en Ouest entre Arles et St Jean Pied de Port, j’ai fait une rencontre que j’ai éprouvé le besoin de raconter (je raconte peu d’habitude… ).

C’est la rencontre avec Françoise, une « gamine » de 85 ans, qui m’héberge (et me nourrit) chez elle pour une nuit de passage, dans sa maison d’un petit village perdu du Gers, Montesquiou, selon les règles devenues rarissimes du « donativo », c’est à dire que le pèlerin de passage ne donne à son départ que ce qu’il veut (ou peut) donner pour le gite et le couvert ainsi offert.

Et bien sûr, le dîner partagé à deux est l’occasion de discussions privilégiées, de partage de tranches de vie. A ma question « depuis quand et pourquoi hébergez-vous ainsi des inconnus, des pèlerins de passage ?« , Françoise me répond ce qui suit.

En 2016, pour éviter la fermeture d’une classe (ou de l’école ? je ne sais plus) elle et d’autres habitants de la commune décident de créer une association pour accueillir au village des familles de migrants et leurs enfants ! L’association se nomme « un toit pour vivre et échanger« .

Les familles accueillies s’installent au village dans des appartements loués par l’association qui finance le loyer et les charges + un pécule hebdomadaire pour la famille.

Les enfants vont tous à l’école du village qui, du coup, n’a pas fermé de classe et s’est même développée. Les commerces locaux perdurent, un centre de soins et pharmacie se pérennise, et la vie l’emporte.

Beaucoup de nationalités se succèdent : des pays de l’Est, de Tchétchénie, d’Afghanistan, et d’ailleurs…

Globalement, les choses se passent plutôt bien.

Les jeunes enfants apprennent très vite le français et les règles en vigueur. C’est plus difficile pour les grands ados dont les traumatismes vécus pendant leur migration les marquent au fer rouge. Pour les parents, les difficultés sont celles de la recherche d’une autonomie financière quand le travail (légal) vous est interdit, et le désir de garder intact ses racines (et la famille restée sur place).

Et depuis 2016, cette aventure se poursuit . Et c’est ainsi qu’est née l’idée d’accueillir aussi les pèlerins de passage, au domicile de celles et ceux de l’association qui le peuvent et le veulent.

Françoise m’explique qu’avec sa petite retraite, elle ne pourrait guère payer facilement sa part de cotisation à l’association. Alors elle dédie intégralement à cela le « donativo » laissé au petit matin par le pèlerin sur le départ.

La boucle est bouclée.

L’hospitalité des uns permet l’hospitalité des autres. Une chaîne humaine exemplaire comme il en existe beaucoup un peu partout sur le territoire, dans l’anonymat et la discrétion qui permettent souvent une efficacité inversement proportionnelle à la notoriété.

Merci Françoise pour cette rencontre en humanité.

Bonne continuation à votre association.

L’association m’a demandé de compléter mon écrit par ces mots : Pour d’autres membres de l’association, l’accueil des pèlerins est bien antérieur à l’accueil des migrants, mais il nous a semblé tout normal que ce que le pèlerin donne puisse servir à l’accueil des migrants.
D’autre part notre association est déclarée d’intérêt général et tous les dons versés peuvent faire l’objet d’un reçu fiscal si le pèlerin laisse ses coordonnées.Nous acceptons aussi les dons de tout le monde. Il suffit de nous contacter pour qu’on vous envoie un RIB de l’association afin d’effectuer votre don par virement. Notre adresse mail :
untoitpourvivreetechanger@gmail.com


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