Oui, c’est vrai je suis au chômage. Lorsque je me suis retrouvé sans emploi, j’étais vraiment mal. Mon ancien employeur m’a pressé comme un citron, fait bosser comme un forcené. Il m’a fallu des mois pour me remettre de ce gros burn-out. Et depuis que je ne travaille plus, je n’ai plus de crises d’angoisse et j’arrive à respirer correctement.

Alors suis-je fainéant ? Suis-je un parasite ? Je ne pense pas, et je vous dirai pourquoi.
Premièrement, oui, je cherche un travail. Mais je cherche un emploi où je peux aider les gens, mettre mon expérience au profit d’autres personnes. Je ne veux plus travailler pour des grandes multinationales qui considèrent leurs employés comme des outils qu’on peut jeter lorsqu’on ne leur trouve plus aucune utilité. Mais oui, mon absence de diplôme ou mon âge font que je ne reçois même pas une quelconque réponse. Même dans la multitude de salons de l’emploi que j’ai fait, je n’ai jamais pu obtenir un second rendez-vous.

De mon temps libre de « sans emploi », je fais pourtant des tas de choses.
Depuis que je suis sans emploi, j’ai repris plusieurs formations, quand celles-ci ne sont pas refusées par Pôle Emploi par manque de moyens financiers ou parce que cette formation ne se trouve pas dans le même département ou région.

J’ai traversé mon pays en parcourant 3000 km à vélo et une remorque de 50 kilos à travers 22 départements. J’ai déposé des centaines de CV dans 35 grandes villes de France.

Mais je suis « fainéant » ! Je ne suis « pas rentable » … voilà ce que m’a dit une conseillère de Pôle emploi. Mais je suis « fainéant » …!

J’ai fait cinq années de bénévolat, deux ans au Secours Populaire Français et quatre ans au Samu Social de la Croix Rouge Française de Reims, pour peut être décrocher un job et dans un deuxième temps mieux dialoguer avec mes concitoyens, aider les plus démunis, ceux et celles que la société de surconsommation, de stigmatisation, de division et d’individualisme ont laissé sur le bord de la route.

J’écris, je me renseigne sur le monde et tente de faire partager mes découvertes sur les réseaux sociaux. Mais je suis « fainéant »…
Je me suis engagé dans des mouvements citoyens, comme par exemple une année en tant que conseiller de quartier et militant au syndicat CGT des privés d’emploi, pour faire avancer la société. Mais je suis « fainéant »…
Je me bats pour des causes, je vais manifester pour les droits de tout un chacun. Mais je suis « fainéant »…
Je suis disponible pour aider quiconque est dans le besoin, ma porte étant tout bêtement ouverte pour toute personne, ne fut-ce que pour parler. Mais je suis « fainéant »…

Je fais tout cela bénévolement, sans demander une quelconque contrepartie financière. Et je connais beaucoup d’autres personnes qui sont dans le même cas de figure que moi, qui travaillent bénévolement afin d’améliorer la qualité de vie de nos semblables.

Alors dites-moi, qui est-ce qui apporte une plus-value à la société ? Des personnes dans mon cas de figure ? Ou des personnes qui travaillent pour des sociétés dont l’unique finalité est de faire de l’argent, et qui s’affalent dans leur sofa le soir venu en s’abreuvant d’émissions télés plus débiles les unes que les autres ?
Des personnes qui, sous couvert de l’anonymat d’internet, crachent sur des franges de la population (qu’ils soient chômeurs, immigrés, ou autres) sur les forums et réseaux sociaux ? Ces mêmes personnes qui râlent constamment que le monde va mal, mais ne font rien ou ne proposent rien de concret pour améliorer les choses ?
Ou bien suis-je plus parasite qu’une bande de politiciens véreux qui demande à tout le monde de se serrer la ceinture, mais qui vient de s’attribuer des millions d’euros supplémentaires pour financer leurs partis ? Ou bien suis-je moins utile qu’un banquier qui spécule avec votre épargne et qui demande des milliards à l’état parce qu’il a tout perdu ?
Alors, au lieu de vous attaquer aux chômeurs qui seraient responsables de tous les maux, pourquoi ne pas vous attaquer à la source du problème ?

Le début d’un long tunnel.

En mai 2008, le lendemain de la fête du Travail, je recevais ma lettre de licenciement suite à un arrêt de travail à cause d’un problèmes de santé m’obligeant à être hospitalisé.
Selon la législation du travail, l’employeur avait le droit de me congédier de l’entreprise après trois mois d’absence et sachant que j’étais un employé rarement absent.
S’en est suivi deux années d’intenses recherches d’emplois en déposant dans un premier temps des candidatures spontanées dans les entreprises et commerces de la ville et de la région.
Des recherches régulières et quotidiennes auprès de Pôle Emploi en répondant par courriers et par mails à des candidatures.
Le plus décevant c’est de ne jamais recevoir de réponses et parfois les réponses négatives sous la forme de lettre type.
J’ai réussi à avoir des entretiens, mais pour m’entendre dire par le DRH « trop d’expérience » ou « le poste que vous avez occupé était un poste à responsabilité » ou « trop vieux » etc, etc ….. Et j’en passe.

En 2009, de ma propre initiative, j’entreprends les démarches administratives pour suivre une formation de quatre mois en logistique suivie de stages en entreprises pour obtenir un diplôme de niveau bac en tant qu’ « agent qualifié en logistique ».
Suite à cette formation, je décroche un cdd de cinq mois.
Espoir : sans reproches de l’entreprise qui se déclare contente de mon travail, je pensait obtenir le fameux contrat si rare de nos jours : un CDI. Pas de bol, le fils du patron décide de prendre un de ses amis pour le poste que j’occupais c’est à dire « responsable du magasin de pièces hydrauliques » et « magasinier cariste ».
Plusieurs entretiens auprès d’entreprises telles que Castorama, Ikea, CHU de Reims, ont été validés mais je n’ai pas été retenus. Trop de demandes par rapport aux offres proposées.
Le dernier examen d’entrée à une formation à l’AFPA comme formateur a été réussi … mais ne s’est pas concrétisé car « trop de demandes ».
De même, mes demandes directes auprès de la Croix Rouge Française, du Secours Populaire Français, de l’Armée du Salut … Toutes en vain.

A la demande de Pôle Emploi, j’ai effectué par deux fois les prestations en vu d’un projet professionnel. Le plus décevant ? aucun suivi ensuite par Pôle Emploi.
J’ai aussi subi des refus aussi de Pôle Emploi de financer des formations, comme celle de peintre décorateur, ayant fait cinq années de beaux arts et le métier de dessinateur.
Mais le pire, ce sont les multiples changements de conseillers de Pôle Emploi et l’entretien mensuel … une fois par an ! pour s’entendre dire « Monsieur vous n’êtes pas rentable » ou bien « vous avez autre chose à faire que du bénévolat » et d’autres choses encore !
Dans ces moments là, le combat continu.

Donc condamnés à survivre, condamnés à crever sans rien dire et sans rien faire …

A l’heure ou nous devrions travailler plus et plus longtemps, à 50 ans on est considéré comme des préretraités, des seniors. Donc condamnés à survivre, condamnés à crever sans rien dire et sans rien faire. Et bien je dis NON !

Message type suite à une candidature (encore une à archiver ! c’est la 7568e CANDIDATURES)

Monsieur,

C’est avec grand intérêt que nous avons pris connaissance de votre
candidature au sein de notre société.

Après une étude très attentive de votre dossier, nous sommes au regret de
ne pas pouvoir lui réserver une suite favorable, malgré tout l’intérêt qu’il
présente.

Nous vous souhaitons d’aboutir dans vos recherches et sommes convaincus que vous trouverez un emploi en adéquation avec vos aspirations professionnelles.

Vous remerciant de l’intérêt que vous avez porté à notre société, nous vous prions d’agréer nos cordiales salutations.

Burn-out ?

Je pensais que c’était réservé aux salariés et non à un privé d’emploi. Pourtant je vis à burn out de mon inactivité, de l’exclusion de la société, de l’oubli familial. J’ai été à plusieurs reprises à la limite d’exploser à force d’être confiné dans une situation qui est sans issue et ne me satisfait plus.

7565 candidatures en 7 ans

A force d’être jugé sur cette inactivité, eh oui, c’est possible de faire un burn-out du chômage. La pression sociale m’obligeait à postuler partout, 7565 candidatures en 7 ans, à accepter n’importe quoi parce que «c’est mieux que rien», mais très peu de réponses à mes candidatures. Et je suis fier et sans regrets d’avoir été bénévole pendant 5 ans pour me sentir utile à la société. Cette situation me pesait atrocement.

Je suis un humain tout simplement, qui veut vivre, voir survivre, mais avec dignité et liberté, et sans pour autant être résigné.

Mon combat contre le chômage (des seniors), contre cette précarité est avant tout mon propre combat sur moi-même et pour trouver des solutions radicales.
Mais c’est aussi un combat que je dédie à tous ces hommes, toute ces femmes et tous ces enfants vivant sous le seuil de pauvreté.
Cette « France d’en bas », ce peuple qu’on appelle ou qu’on caricature comme des Sans-Voix, des sans dents, des marginaux, des « cas soss », des parasites, des riens, des fainéants et j’en passe.
J’en ai marre de ces préjugés, de cette stigmatisation du pauvre que l’on peut voir et lire sur tous les supports médiatiques.

En 2018, j’ai participé de mon mieux aux diverses marches pour le climat et me suis investi dans la communication sur toutes ses formes. (dépliants, flammes, page facebook, banderoles, etc…..). Par mes voyages en vélo j’ai pu observer les dégâts faits par l’homme sur la Mère Nature, mais aussi l’importance vitale de respecter l’eau, nécessaire à la vie.

SUIS-JE ÉCOLO ?

On m’a souvent posé la question lors des marches pour le climat « si j’étais un écolo ». Je suis socialo-écolo, en effet pour moi l’écologie doit se faire sans oublier le social.

Nous devons changer selon nos moyens et nos capacités notre façon de vivre, de consommer, de produire, de nous déplacer et surtout devons apprendre à respecter le monde végétal et animal.

Tout au long de ces années, de mes voyages en vélo et de mes engagements bénévoles au niveau social, j’ai su avant tout observer la nature pour mieux la respecter, j’ai su l’écouter pour mieux comprendre et aider mes concitoyens

Je continue de m’informer pour mieux comprendre le monde actuel. En me déplaçant à pieds, à vélo, en transport en commun, en train, en covoiturage, un changement profond transforme dans ma vie .
J’achète local et bio, selon mes moyens financiers. J’ai réduit ma consommation de viande une fois par semaine soit moins de deux kilos par mois.
J’achète des produits de saison.
J’ai bannit l’achat de bouteilles en plastique et les remplace par des gourdes.
Je réduits ma consommation d’eau en prenant des douches avec contrôle du débit de l’eau.
J’achète juste le nécessaire en nourriture pour éviter tout gaspillage.
J’achète des vêtements seulement si nécessaire et après usure.
J’ai bannit les grandes surfaces et je vais chez le commerçant de proximité.
Je récupère des objets au lieu d’acheter n’importe quoi et n’importe quand.
J’entretiens et je répare tout objet électrique (réfrigérateur, petits électro-ménagers).

Je vide mes mails et j’éteins ordinateur, téléphone et tous les appareils non utilisés pour éviter leur mise en veille et la consommation d’énergie inutile.
Je ne jette ni mégots, ni papiers au sol.
J’ai remplacé les produits chimiques par des produits bio tels que le vinaigre, le bicarbonate, etc…

Chacun est libre de ses choix et de ses actes, mais dans ce monde actuel il y a URGENCE écologique, climatique et sociale.
Mettons au fond d’un tiroir nos différences. Il est l’heure de nous unir pour un combat qui concerne toute l’humanité.

Je suis pessimiste non pas de la fin du monde mais de la fin de l’humanité si nous continuons dans la direction actuelle.

Que faîtes vous dans la vie ? «je vis, je fais de mon mieux»

J’ai écrit ce petit résumé de ma vie pour vous permettre de connaître la personne que je suis. J’essaie d’aller toujours de l’avant en restant positif. Quand on me pose la question « Que faîtes vous dans la vie ? » je réponds tout simplement «je vis, je fais de mon mieux» .

Mais avec peu je fais beaucoup et je ne suis peut être pas riche d’argent, mais je suis riche avec le cœur. Au cours de mes expériences, j’ai appris à écouter, à comprendre, à observer, à partager et surtout à aimer.

 Michel Catoire Fariello (Reims)

8 décembre 2019

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