Alain Guezou, président co-fondateur de l’association RSA38 (Recherche pour des Solution d’Avenir en Isère) rechausse ses sandales de marche et remet son sac sur le dos en ce mois d’Août 2020, pour rejoindre Paris à pied, au départ de Grenoble. Sa démarche se veut militante pour sensibiliser au sort des plus démunis et aux incohérences kafkaïennes auxquelles ils sont soumis tous les jours. RSA38 et l’Archipel des Sans-Voix agissent de concert pour porter ces voix trop inaudibles et impliquer davantage les populations aidées dans les décisions et mises en oeuvre des politiques sociales.
Alain partage sur ce journal ce que sa pérégrination lui inspire, au gré de ses humeurs et des moyens de communication disponibles. Ses principales étapes sont Grenoble (départ) – Cluny – Vezelay – Auxerre – Sens – Paris (arrivée)
- Réflexions au retour … (Vendredi 28 août 2020)
Bonjour à Toutes et à Tous,
Voilà, je suis rentré depuis quelques jours. J’ai pris un peu de temps non seulement pour récupérer physiquement (et oui l’âge se fait sentir) mais aussi et surtout pour reprendre pied avec la réalité du quotidien.
Marcher a toujours été pour moi le meilleur moyen de tendre à la gourmandise de l’instant, de vivre pleinement et peut-être surtout de ne plus se sentir contraint par les autres qui ne cessent de vouloir me dicter ma conduite. A mon humble niveau, marcher pour moi ressemble à une épopée du courage qui me contraint à me plonger au plus profond de moi-même et au-delà de mon endurance physique à retrouver le sens de la ténacité que nous avons toutes et tous en nous.
Le quotidien, pour ne pas dire la vie, est bien différente quand on est à pied. Je me suis plusieurs fois surpris à sourire, tout seul, devant la réalité de l’instant présent quand la sensation de liberté, de progression dans l’inconnu sont si exaltantes qu’elles me font mettre un pied devant l’autre juste pour en tirer un simple plaisir. Admettre sa lenteur comme facteur de bonheur et, à mesure que le temps passe, voir autre chose que le paysage qui s’offre à mes yeux.
Vous l’aurez compris, j’ai adoré cette “cheminade“ qui s’est décomposée en trois chapitres dont je vous ferais un petit compte rendu en autant de partie sur les jours qui viennent afin que nous partagions cette petite parenthèse, joyeuse et heureuse.
Parenthèse qui comme d’habitude m’a permis de me rendre disponible, d’être réceptif à toutes les surprises que le chemin a pu me réserver, m’offrir. Trop occupé à anticiper d’éviter les avalanches d’ennuis divers et variés que j’essaye de maîtriser de mon mieux, j’ai oublié combien le quotidien c’est aussi sourire, chantonner, siroter… Aimer ce n’est pas encore pour moi. Sourires.
Pour accompagner ce premier billet, je vous ai joint aussi la copie de la lettre que j’avais envoyé à monsieur le Ministre des Solidarités et de la Santé à laquelle il n’a même pas daigné me faire réponse. C’est bien la preuve, si encore cela était nécessaire, que les travailleurs pauvres ne sont pas la priorité du gouvernement. Mais cela l’a-t-il été pour un des gouvernements du passé ? Et principalement pour ceux se qualifiant de gauche …
Mais à force de nous mettre de côté, de ne jamais nous considérer comme une force vive de notre pays mais juste comme un boulet, de déconsidérer la valeur et le sens des mots, nos responsables politiques ont créé une fantasmagorie et surtout entretenu cette hydre qu’ils ne peuvent plus maîtriser.
Les quelques mois à venir vont revêtir une dimension sociale qui va largement dépasser les catégories sociales et ayons bien conscience que ce que l’on a appelé “la crise des Gilets Jaunes “ n’était rien, à coté de ce qui arrive, de ce qui nous attend.
Alors je compte sur chacun d’entre vous comme vous pouvez compter sur moi pour être acteur des changements qui se préparent et qui iront dans le sens de plus d’égalité et non de charité, que si et seulement si, nous marquons de notre sceau le quotidien de demain.
Vous voyez, marcher aide à réfléchir…
Bene Valete.
Alain