Christophe Cywinski habitait Sarrebourg, en Moselle. Il a tout abandonné pour un défi qu’il s’est lancé : partir en vélo avec pour seuls viatiques son chien et tous ses « biens » dans sa remorque, pour faire un Tour de France destiné à mettre en avant les associations. Il appelle ça le VDIS : le Voyage à Durée Indéterminée Solidaire. Il a « lâché les amarres » le 22 août 2020. Cette chronique lui est dédiée pour qu’il puisse y partager avec le plus grand nombre ce qu’il a envie. Vous pouvez aussi le suivre sur sa page Facebook : Les roues du coeur
13 octobre 2020
L’aventure continue au gré de la route en vélo avec mon toutou et des rencontres de ❤.
Les dernières semaines ont été très dures. Orage et pluie non-stop avec beaucoup de vent. On se rend vite compte comment la rue peut tuer si on n’est pas équipé en conséquence (vêtements, réchaud, nourriture) ou aidé pour s’en sortir. Pour ceux qui ne font que commenter bien au chaud, je vous invite à venir quelques jours avec moi pour comprendre ce que peuvent endurer les SDF (sans domicile et sans toits).
Le froid, les tempêtes, l’humidité et l’impossibilité d’être au sec, les pieds constamment douloureux faute de pouvoir se poser au chaud et se soigner correctement. Les structures fermées et les demandes incessantes de documents et justificatifs alors qu’il est devenu impossible de trouver un endroit avec un PC et une imprimante.
La crise sanitaire actuelle va bientôt éradiquer complètement le problème du sans-abrisme faute de mettre en place des moyens adaptés pour protéger les plus pauvres. J’ai moi-même vécu la situation où, en demandant simplement avec le sourire de pouvoir remplir une bouteille d’eau, on nous claque la porte au nez en disant « désolé, Covid, impossible… ! » et cela plusieurs fois.
Le froid est arrivé et il tue. Et très vite. N’hésitez pas au minimum à proposer des sacs de couchages, couvertures, bonnets et gants, un repas chaud. Ayant traversé la Haute Saône avant d’arriver en Cote d’Or, j’ai pu apprécier les magnifiques paysages, les vieilles pierres, l’histoire de cette région mais aussi la générosité des gens du cru.
Un superbe WE chez des quarantenaires d’un petit village de 34 habitants au milieu d’une ferme, des arbres fruitiers, des animaux et de la bonne humeur. Un couple de ❤ qui aide les autres à chaque fois qu’il le peut, tout en préservant et respectant la nature. Une autonomie alimentaire presque complète et avec peu de moyens.
Il existe tellement de possibilités de loger et de nourrir les plus pauvres que l’on se demande si réellement la société souhaite le faire. Mère nature nous a fourni en poires, en pommes, en noix et noisettes, en champignons, les agriculteurs de ❤ en tomates, en salades, saucissons, jus de raisin et de pommes. Un généreux boulanger nous a fourni en pain et nous a appris avec humilité à pétrir la pâte dans son fournil.
Je croise tellement de bâtiment en état mais abandonnés qu’il est insensé de laisser tant de monde dans la rue. Visite des châteaux et églises au passage. L’histoire de France est riche, il y a tant de choses à découvrir. Je découvre une mentalité différente en Haute Saône. Des personnes respectueuses de la nature et de l’histoire de leurs villages. Des personnes avec qui il est très facile de partager et discuter. Elles aiment mettre en avant les produits de leurs terres. Simples, honnêtes, travailleuses et généreuses. Je fais maintenant un break d’une journée en Cote d’Or à une cinquantaine de km pour reposer ma vieille carcasse 😁.
Yess, un dépanneur vient de s’arrêter pour discuter et nous invite à partager un repas. J’adore cette région. Bises du ❤.
Christophe Cywinski
depuis son « Voyage à Durée Indéterminée Solidaire »