« Un phénomène pas nouveau mais qui semble s’accentuer ». Qu’en termes galantes ces réalités insupportables sont dites. Dans le détail, l’article montre un massacre social : « en 2021 près de 17 000 adultes vivant en centre d’hébergement avaient un emploi déclaré (à 7 % en CDI), contre 4 000 en 2016 – des chiffres qui n’incluent pas les adultes hébergés dans des hôtels, dont le nombre a explosé sur la période ».

Plus loin, on lit : « en 2023, la Mission locale de Paris a accompagné 1 255 jeunes de 16 à 25 ans qui, malgré un emploi (à 75 % en CDI ou en CDD de plus de six mois), étaient à la rue ou hébergés de façon très précaire. « Ils avaient pourtant des emplois plus stables que les jeunes de même profil qu’on accompagnait en 2019 ».

Ces faits sont révoltants. En 1945, quand on rédigeait le programme du CNR, on pensait ajouter un risque logement à côté de la maladie, perte d’emploi, accident et vieillesse. On avait conscience que le logement induit tout le reste dans une vie digne : les personnes à la rue ont une espérance de vie de vingt ans inférieure, se font agresser, les enfants ne peuvent étudier, etc etc… Qu’un pays aussi riche que le nôtre compte autant de personnes à la rue est un scandale. Que des travailleurs soient sans toit sur leur tête une honte sans nom. Et le problème n’est pas le montant du SMIC, mais celui des loyers.

Au SMIC avec 200 euros de loyer, on vit dignement, avec 600 on est étranglé. Dans les métropoles, 600 euros, c’est un mini studio. Difficile d’y vivre, impossible d’y loger sa famille… On devrait avoir un plan Marshall du logement social d’un côté et des attaques fiscales très fortes de l’autre pour faire baisser les loyers privés et mattraquer la multi propriété pour la rendre inintéressante économiquement. Car avec 3,5% des propriétaires qui comptent 50% des logements en location, soit un ratio de 1 à 17, on comprend bien que les familles à la rue, l’incapacité croissante à se loger n’est pas lié à quelques chenus qui cherchent un petit bas de laine pour leurs vacances, mais à des rapaces qui achètent des immeubles par centaines. Et le problème vient d’en haut. Dans « Paris n’est plus une fête », Hacène Belmessous montre comment Xavier Niel, Bernard Arnault et quelques autres oligarques ont mis des milliards dans la pierre parisienne, faisant flamber les prix qui, par capillarité, font augmenter les prix pour monsieur et madame tout le monde qui, peu à peu, ne peuvent plus accéder aux logements de la capitale…

A Paris, c’est paroxystique, mais l’article de citer Nancy et Bordeaux, et on ne compte plus les enquêtes sur l’impossibilité de se loger dans les villes côtières, balnéaires, à la montagne, partout une augmentation insane qui expulse les travailleurs. On devrait tout faire pour faire dégonfler le prix de la pierre et on discute du sexe des anges sur la légitimité de la niche fiscale Airbnb….

Vincent EDIN


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