Deux ans après le discours d’Emmanuel Macron « Je ne veux plus (…) avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus », où en est-on ? Le Collectif des associations unies fait le bilan dans @leJDD par la voix de Christophe Robert, Délégué général de la Fondation Abbé Pierre, et Florent Gueguen, Directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (Tribune publiée dans le JDD du 3 Aout 2019)

Tribune du Collectif des associations unies

« Le 27 juillet 2017, Emmanuel Macron annonçait : « Je ne veux plus […] avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus ». Une promesse que nous ne pouvions que soutenir. Deux ans plus tard, cet objectif n’est pas atteint : les situations d’errance de personnes sans abri se durcissent et les créations spontanées de campements et bidonvilles se multiplient dans les grandes villes. A Paris mi-juillet, plus de 1 000 personnes (dont 500 enfants) appellent chaque jour le 115 sans obtenir d’hébergement. Plusieurs squats de la région bordelaise abritant environ 200 personnes viennent d’être évacués, sans proposition d’hébergement. La liste de ces insuffisances et souffrances quotidiennes est longue.

Mme D « La nuit, tu es une proie. Du coup, tu es obligée d’être invisible pour te protéger. »

Parallèlement, cet été, les expulsions locatives sont reparties à la hausse. Et pourtant, la baisse des APL fragilise encore davantage les ménages à bas revenus et le logement reste le premier poste d’économie dans le budget de l’État. Au désespoir des 4 millions de mal-logés s’ajoute l’épuisement des travailleurs sociaux et des ­bénévoles, impuissants devant tant de misère et d’insuffisance des pouvoirs publics.

M. L : « Je suis un réfugié soudanais. J’ai un travail en CDI dans la cantine d’un ministère. Mon salaire ne me permet pas de louer un appartement. La seule solution que j’ai trouvée, c’est de dormir dans une tente Porte de la Chapelle. »

Pourtant, nous sommes ­convaincus que l’objectif visant à ce qu’aucune personne ne soit contrainte de vivre à la rue est atteignable grâce à une mobilisation de tous et dans la durée : Etat, collectivités, bailleurs ­sociaux, associations de solidarité et ­d’insertion…
Pour cela, il faut mieux agir en prévention afin d’éviter que les personnes les plus fragiles ne glissent vers la grande exclusion. Cela passe par une revalorisation des APL, la création d’une garantie universelle des loyers, un moratoire sur les expulsions sans relogement…

Ensuite, il faut garantir un ­accueil inconditionnel à toute personne sans abri en situation de ­détresse. Cela suppose ­notamment la création de 40 000 places d’hébergement dédiées aux demandeurs d’asile ainsi qu’un moratoire sur le plan d’économies que ­subissent les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale.

Ces propositions doivent s’articuler avec une stratégie de production massive de logements à bas loyers. L’accès direct à un logement, avec un accompagnement social adapté si nécessaire, est la meilleure manière de permettre aux personnes de sortir durablement de la rue. La stratégie du Logement d’abord, inscrite dans un plan gouvernemental et soutenue par les associations, fait partie de la solution, à condition d’être plus ambitieuse et mieux financée.

Aujourd’hui, nous demandons aux pouvoirs publics de faire preuve de la plus grande détermination : les centaines de milliers de personnes qui vivent à la rue ou dans des hébergements précaires et les 4 millions de mal-logés ne peuvent plus attendre, ni se satisfaire de simples déclarations. »

Le Collectif des associations unies (pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées), ce sont 36 associations unies.

Advocacy France,
Association des Cités du Secours Catholique,
Association Nationale des Compagnons Bâtisseurs,
Association DALO,

ATD Quart Monde,
Aurore,
Centre d’action sociale protestant (CASP),
Collectif National Droits de l’Homme Romeurope,
Collectif Les Morts de la Rue,
Comité des Sans Logis,
Croix-Rouge française,
Emmaüs Solidarité,
Emmaüs France,
Enfants de Don Quichotte,
Fédération d’aide à la santé mentale Croix Marine,
Fédération des Associations et des Acteurs pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL),
Fédération de l’Entraide Protestante,
Fédération Française des Equipes Saint-Vincent,
Fédération des Acteurs de la Solidarité,
Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT-Gens du voyage),
Fédération Santé Habitat,

Fondation Abbé Pierre,
Fondation de l’Armée du Salut,
France Terre d’Asile,
Habitat et Humanisme,
Jeudi Noir,
Les petits frères des Pauvres,
Ligue des Droits de l’Homme,
Médecins du Monde,
Secours Catholique,
SoliHa – Solidaires pour l’Habitat,
Union Nationale des Amis et des Familles de Malades Psychiques (UNAFAM),
Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO),
Union Nationale des Comités Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (UNCLLAJ),
Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes (UNHAJ),
Union Nationale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux (UNIOPSS).