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Coucher des mots sur le papier… Ouais, ces derniers temps, je serais plus encline à coucher le papier sur les mots. Quoi de plus normal ? J’ai tant écrit. J’ai pendant cinq ans de ma vie bataillé pour faire valoir certaines idées, pour tenter avec mes modestes moyens de faire bouger les choses. Ainsi, j’ai rédigé à Sarkozy, Hollande ou encore, Macron. J’ai contacté des politiques, des associations et des syndicats pour leur offrir aussi bien mon aide gracieuse que mes points de vu.

J’ai interpellé ces gens quant à la situation des plus précaires. J’ai tenu une rubrique sur LinkedIn autant de temps où j’avais plus d’un million de lecteurs. Je traitais des mêmes questions et aussi, j’alertais quant à la démagogie environnante. Je n’ai jamais eu gain de cause. J’ai eu des réponses laconiques de certains ou pas de réponse du tout, des autres.

Le silence fut une sorte de moteur quant à mon acharnement. Mais force est de constater que cinq ans plus tard, rien n’a changé. Au contraire, l’état des choses se dégrade. Et en cette période de grandes restrictions, j’ai pris une fois de plus la plume pour demander pourquoi tout le monde avait le droit à une aide du gouvernement, sauf ceux qui perçoivent le RSA ou l’ASS ?!  J’ai ainsi plaidé la cause de millions de gens pour que ces derniers puissent bénéficier d’une aide extraordinaire de quelque centaines d’euros par mois. Et ce, pour nourrir leurs enfants en cette période ou les écoles sont fermées. Pour leur offrir un peu de répit dans ce temps si trouble.

Comme toujours, la réponse fut un silence rugissant. 

Le silence est un compagnon que je côtoie depuis longtemps. A vrai dire, il est concomitant avec le début de ma bataille pour ceux qui en avaient besoin. Tout a débuté en 2015 ou j’ai fait une rencontre qui aura modifié ma vie à tout jamais. Autant le dire franchement, j’ai aimé comme en aucun cas je n’avais aimé auparavant. Et comme je n’aimerai jamais plus.

Le bonheur exquis de cette sensation était pleinement partagé. Ce qui dans un monde plus simple, plus honnête, aurait dû donner naissance à une histoire dont on aurait pu tirer des contes et des sonnets. Mais à la place, cette histoire se clôtura par un vaste silence. Pour autant, je n’ai jamais oublié cet homme. J’ai pensé à lui chaque jour de chaque mois de chaque année. Persuadée que par un miracle extraordinaire, il me reviendrait. Et il revint quarante-huit mois après notre première rencontre. Quatre ans plus tard, mon souhait le plus cher s’était enfin exhaussé.

Il revint assez de temps pour mieux disparaitre à nouveau. Suffisamment de temps, pour me plonger une fois de plus dans ce silence qu’il m’impose depuis une demie-décennie. Mais vous savez quoi ? Même quand il refit ce qu’il avait déjà fait, j’ai gardé espoir. Un espoir démesuré quant à une promesse que je portais en moi. Je lui disait Always car ce mot signifiait toute l’ampleur de mon sentiment. Cela n’avait pas de date de péremption ou d’obsolescence. Cela ne réclamait rien de lui. Cela était plus fort que tout ce qui existe ou existera. Cela était même plus fort que ma personne ou ma propre résolution.

Quand il disparut à nouveau en 2019, j’ai écrit à cet homme. Au départ dans l’incompréhension répétée quant à sa volatilisation. Ensuite, je me suis remise en question. Je me suis posée mille interrogations sur le pourquoi de ce silence. Enfin, j’ai compris sans avoir de confirmations ou d’infirmations, que toute cette histoire était plus profonde que je ne le pensais. Plus complexe qu’il n’y paraissait. J’ai dû lui écrire l’équivalent du bottin. Et comme seule réponse, même quand je ne lui écrivait non plus pour moi mais uniquement pour lui, j’ai eu le droit a du néant à ne plus savoir quoi en faire.

Ainsi, j’ai dû me résoudre à lui dire un Adieu tardif mais définitif et sans équivoques. J’ai dû être pragmatique. Je ne pouvais plus attendre en vain. Je ne pouvais plus m’imaginer qu’un jour, il reviendrait à nouveau. Je ne voulais plus y croire. Je ne voulais plus revivre cela en boucle. Je n’avais plus aucune raison d’y croire. Je voulais reprendre ma vie en main et vivre. Quand paradoxalement, chaque fibre de mon être me disait que j’avais tort de ne plus m’accrocher à mes rêves. Quand au fond de moi, je savais que vivre ne serait pas vraiment vivre sans lui. Alors j’ai écrit des « oublies moi éternellement » et d’autres mots suffisamment durs pour être sure qu’un jour prochain, il ne me refasse pas ce qu’il m’avait déjà fait à deux reprises. Mais écrire Adieu à quelqu’un est stérile. Se persuader qu’on ne veut plus espérer est absurde. Imaginer qu’un simple mail puisse résoudre une opposition entre l’esprit et le cœur, est désolant. Car au fond, le cœur ne peut se raisonner, le cœur bat pour celui qui le fait battre. Il n’a aucune idée du temps qui passe et même s’il souffre, car le manque est terrible, il persiste dans ce qui jadis, le rendait heureux.

Récemment encore je lui ai écrit pour lui faire savoir que j’avais contracté le coronavirus. En effet, j’ai eu la forme la plus bégnine des deux souches. J’ai passé dix jours au fond de mon lit avec une fièvre carabinée. J’étais dans un piteux état. J’ai probablement contracté ce maudit truc à Roissy ou j’ai accepté une mission pour la Croix Rouge de cordon sanitaire des vols en provenance de Chine. J’ai fait cela pour retarder ce qui me semblait être inévitable. Puisque à mon sens, on aurait dû fermer les frontières avec la Chine des que les autorités chinoises ont commencées a confiner leurs ressortissants. Mais bon, ce qui est fait, est fait.

Pourquoi lui ai-je écrit que j’étais porteuse du COVID-19 ?! Je ne lui ai certainement pas écrit pour qu’il se dise « oh la pauvre, je vais lui pondre un mot quand même ». Non, absolument pas. Je lui ai écrit pour lui dire, que s’il m’arrivait malheur, je voulais croire de tout mon cœur à son bonheur futur. Car mon amour pour lui n’a pas été de ceux qui sont égoïstes ou narcissiques. Non, c’était un sentiment avant tout autre chose dirigé dans une seule direction : son bonheur indéfectible. Mais même devant cela, il resta muet. Quand pourtant mon intuition me dit et je ne sais vraiment pas pourquoi, qu’il aurait voulu me dire tant de choses. Mais il ne l’a pas fait. Cette décision lui appartient.

Je vais maintenant vous livrer « Roman Ephémère ». J’étais persuadée de l’avoir effacé de tout endroit, mais ce roman est récalcitrant, il était sur un disque dur que je viens de retrouver a force de faire le ménage, confinement oblige… C’est le récit fidèle de ma rencontre avec cet homme en 2015. Cette nouvelle fut publiée sur Amazon en 2016. Ce n’est pas du Proust ou du Zola. C’est une histoire alambiquée avec des mots élémentaires. Si elle doit enseigner une seule et unique chose, c’est que l’espoir est une composante essentielle de la vie. Cette histoire pourra paraitre puérile ou même infantile. Mais elle symbolise d’après moi le Fatum. Certes, je crois plus que tout au destin, mais je crois tout aussi fort que nous sommes les artisans de nos vies. Et sans s’accrocher à nos rêves, il ne peut y avoir de « happy end ».

Et n’est-ce pas ce que nous désirons tous, une fin heureuse ? Alors, oui, ce n’est pas facile, les embuches nous font souvent trébucher. Mais il faut encore y croire. Lutter pour une vie meilleure, ne pas se laisser écraser par des dogmatismes et des règles qui ne sont pas le reflet de ce que nous sommes. Il faut trouver en soi la force et le courage de dépasser nos peurs et nos doutes. Il faut être fidèle à nos convictions profondes tout en ne jamais se laisser vaincre par des devoirs qui nous bouffent de l’intérieur. Car si je suis sure de quelque chose, c’est qu’on peut ajuster sa vie intelligemment en vivant nos rêves et nos obligations.

Mon histoire avec Ryan se termine sans jamais avoir commencé, mais au fond, peu importe. Étant donné que j’ai levé un doute sur une question primordiale : existe-il un sentiment plus fort que l’amour ? Je peux répondre à cela, oui, sans sourciller. Cela a répondu aussi à une autre interrogation : rêver est-il vain ? Et là aussi, je suis catégorique ; rêver est l’essence même de nos âmes.

Alors rêvez plus fort que jamais. Rêvez à des jours meilleurs. Rêvez que votre vie se bonifie, qu’elle prenne le chemin que vous lui tracez. Ne perdez jamais espoir.

Et prenez soin de vous et de votre famille.

M. G.

Le texte de ce « Roman Ephémère » sera publié en libre accès sur ce site dans les jours à venir, fragmenté en plusieurs chapitres pour en faciliter le lecture. A suivre donc …

Illustration-titre : ChW – « Chemin en tunnel, obscur, mais qui mène à la Lumière »

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