Ion Zion est une mère de famille, célibataire, avec quatre enfants. Elle a beaucoup voyagé et vécu un peu partout. La cité, la Martinique, les favelas. Polyglotte et nourrie de nombreuses cultures, elle aime les gens et a envie de partager. Ion Zion a aussi connu des hauts et beaucoup de bas. Et en ce moment, c’est la galère. Le dessin, elle l’a appris « comme ça » : « J’ai su dessiner avant de savoir écrire et j’ai toujours communiqué par le dessin ». Pour Ion Zion, le dessin est comme un exutoire, un moyen de « vivre mieux » et de « dire les choses ». « Je ne dessine pas pour rien, chaque dessin est un cheminement ». A travers cette chronique, Ion Zion nous fait découvrir ses univers et ce qu’elle a à dire : « l’autre côté du décor dans les îles françaises, la justice qui est faite pour les riches, une société qui nous tient par la peur …«
Ce dessin s’appelle HUGO, c’est le nom de mon fils aîné. C’est lui et moi, il a 4 ans et moi 28 . Je l’ai réalisé avec mes crayons de couleurs comme une écolière. Ce dessin est un souvenir … Le souvenir de mon fils aîné qu’on m’as pris pendant cinq longues années, et j’ai survécu avec ce souvenir : celui de son poids d’enfant endormi, heureux, sur mon corps et moi qui quitte la fête pour regarder la lune et simplement sentir son odeur se mêler à celui des fleurs à la tombée de la nuit tropicale … Ce souvenir m’a permis de survivre et de me battre pour le récupérer… Et j’ai réussi, alors aujourd’hui quand on veux me faire peur, je n’ai plus peur parce que j’ai ce souvenir. Parce que jour là, j’ai prié sous un rayon de Lune pleine.
En ces temps que l’on veux nous faire croire difficiles,
En ces temps où nous nous trouvons seuls face à l’épidémie
Cet adversaire invisible qui menace tout ce qui nous est le plus cher.
Je voudrais adresser cette simple prière :
Ô je reconnais, je n’ai jamais prié aucun Dieu.
Aujourd’hui je ne prie pas Dieu, mais ce qui est au-dessus de moi.
Parce que je crois dans la force de l’Humain, de l’Amour, et de l’Univers
Alors je prie… Je prie pour que chaque mère puisse sentir la chaleur de son enfant, de son petit-enfant, des siens, encore demain
Quand il ne nous reste plus rien qu’on se rend compte que simplement pouvoir sentir l’odeur de ceux qu’on aime, pouvoir les toucher, les voir, capter l’étincelle de leur regard ou d’un sourire à peine esquisser, la cascade d’un rire, nous était tellement précieux.
Parce que le plus douloureux dans la perte d’un être aimé est qu’un jour on ne se souvient plus. Ni de son rire, ni de ses yeux, ni du son de sa voix, ni de la caresse de sa main sur notre visage.
Alors comme vous aimez, vous comme moi, prions pour que les mères sentent toujours le poids de l’enfant endormi sur leur épaule un beau soir en regardant la lune, moment paisible et tellement plein.
« Je prie sous un rayon de Lune, j’ai sorti mes ailes d’Ange-gardien »
Aujourd’hui, je regarde mes enfants devenus grands et je me rappelle ces moments. Et ce n’est qu’aujourd’hui que j’en prends la force et la plénitude.
Une peste est là, alors je reste chez moi, je regarde mes enfants rire et jouer et je remercie les anges de m’avoir si bien dotée.
Alors je prie pour que toutes les mères vivent ainsi, même cloîtrées mais en paix.
Et je prie sous un rayon de lune, j’ai sorti mes ailes d’ange-gardien de son placard … Il le fallait bien, le Temps est venu.
Je prie sous un rayon de lune pour ma mère, mon père, mes fils, ma fille, mes cousins, ma famille, mon sang, ma tribu, mes amis, les humains.
Soyez sages et humbles, disciplinés et responsables,
La vie n’a pas de prix.
« Soyons heureux simplement de voir les soleil se lever et d’entendre les enfants crier »
Et demain, soyez heureux simplement de voir le soleil se lever, une fleur éclore, les enfants crier dans les cours d’écoles…..ça me manque déjà,
Je vis entre une maternelle, une école primaire et un centre de loisir, et demain ne plus entendre les enfants me manquera, ma musique quotidienne se sera tu à cause d’un virus…
Je prie pour que cette musique de l’enfance revienne aiguë, cacophonique, discordante, assez forte pour faire s’envoler les oiseaux dans les arbres.
Je veux du rouge à la place du bleu, des ronds quand on pense aux carrés, encore voir des bulles de savon accrocher les nuages, des barbapapas et des chevaux de bois, des pirates et des princesse, des trèfles à quatre feuilles et des plumes d’anges…
Je prie sous un rayon de Lune.
ION ZION (à retrouver aussi sur Facebook)
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