Aujourd’hui je me livre. Parce que je sens que c’est le moment et parce que par écrit cela m’est plus facile.

Depuis enfant, je me sens à part. Un être différent des autres, comme branchée sur d’autres canaux ou façons de voir la vie.

Aucune des vérités de la société dans laquelle je vis n’est absolument vraie. C’est comme si, je n’avais aucune des clés des portes que j’ouvre.

Enfant j’aimais rêver,  imaginer, jouer dans la nature, créer, préparer des mixtures,  faire du vélo.

Adulte… je suis toujours cette humaine là.

Mais, entre temps, il a fallu faire mes preuves, étudier alors que les examens et les notes ne me parlent absolument pas, je ne comprends pas la notion de sélection sur un temps ou une épreuve donnée. Je n’ai pas d’avis tranché sur les choses car je passe ma vie à douter et à réfléchir. Alors faire des choix vous imaginez ? Et à 18 ans…

Ce que j’ai toujours su c’est que j’aime plus que tout l’être humain (même si je le fuis souvent), la nature, la créativité, la spiritualité. Je ne me sentais bien que dans la solitude ou avec des êtres humains choisis.

Je ne suis pas une adepte des lieux de fête, des restaurants, tout ceci me vide. Je me fatigue très vite et je suis de santé fragile. Je me sens très forte et fragile à la fois. C’est comme si je n’arrivais pas à être qui je suis vraiment à cause des masques sociaux qu’on nous colle. Je n’ai par exemple aucune notion (et c’est réel) de l’argent et de la réussite sociale et financière. Je ne saurai pas gérer si d’un coup j’étais millionnaire. Cela me semble totalement irréel. Et pourtant je réalise bien que l’argent est un système de troc et une énergie mais je n’arrive pas à investir du positif dans cette notion car elle est excluante pour une majeure partie des êtres humains de cette planète.

Je me sens souvent posée à côté des autres tout en ressentant  fortement qui ils sont,  comment ils sont câblés. Alors je m’adapte. Souvent je me tais même si je suis très bavarde, j’observe et je ressens. Les injustices me minent.

Je ne sais pas toujours réagir de façon juste, trouver les bons mots, car je pense que rien n’est assez précis pour exprimer ce que je ressens et vis. J’ai l’impression que je suis insaisissable, étrange, je me ressens ainsi.

J’ai parfois des difficultés à vivre avec les autres car d’une sensibilité extrême qui peut parfois me saisir si fort que j’en tombe malade. Si je connais la précarité c’est aussi à cause de cela. De ma façon de vivre les choses, les codes sociaux, les droits et les devoirs, l’autorité, etc.

Je voudrais me faire une petite place dans cette société avec ce que je suis.

J’ai du mal, si vous saviez… Toute cette violence m’effraye même si je côtoie énormément de belles personnes aujourd’hui et que j’ai compris pourquoi je souffrais. Je sais que je suis un être qui peut apporter sa petite part. Mais je bataille tellement pour me sentir légitime.

J’ai consulté des coach, des psy, etc. Mais j’ai toujours cette sensation que mon être profond sera toujours cette petite fille à côté d’un ruisseau, les mains dans la terre, sans cette pression folle de devoir réussir sa vie, la gagner, faire des projets etc. Car tout ça je ne sais pas le faire. Je ne sais juste que ressentir, donner de l’amour fort, me connecter à Dieu, mes guides, les anges, les animaux.

J’admire les humains organisés,  structurés, meneurs de projets. Je ne veux et ne suis qu’une femme simple. Et cette simplicité me ramène à l’humilité.

Je suis heureuse malgré tout, car j’ai cette capacité de vivre à fond l’instant présent comme un enfant, quitte à me déconnecter de tout le reste. Si je suis en train de manger un carreau de chocolat très goûteux, j’oublie que j’ai peut être un rendez-vous important une heure après.

Alors réfléchissions ensemble : non, la précarité n’est pas l’apanage de gens paresseux ou qui manquent de volonté.

Nous sommes des millions dans mon cas, plein d’envies, de projets, mais qui sommes très sensibles et peut être plus imperméables aux codes. Pensez-y lorsque vous croiserez une personne au RSA ou dans la rue ! Imaginez que bien souvent elle n’a pas pu trouver sa place car elle ne peut se résoudre à suivre la « bien-pensance » collective et n’oubliez jamais l’enfant que vous avez été, c’est lui qui a raison !

A celles et ceux qui me lisent et à qui, peut-être, j’ai paru mystérieuse, lointaine, étrange, sachez que je vous demande pardon. Je suis juste parfois perdue dans les circonvolutions de mon cerveau ou des méandres de mon âme.

Merci de m’avoir lue !

Clair’ette (68 – Colmar)

Illustration créée par Michel CATOIRE
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