Jeudi 6 juillet 2023 : lancement de l’opération « ChaquePasCompte » à l’Assemblée Nationale, sous l’égide de Victor Hugo et des son discours du 9 juillet 1849 demandant à ses confrères députes « d’éradiquer la misère ».

Les Oubliés de la République, un collectif d’associations de terrain créé en 2022, organise et promeut la prise de parole des personnes les plus exclues de notre société (ce qui rejoint à 100% les buts de l’Archipel des Sans-Voix) auprès des responsables politiques.

On a peur de ce qu’on ne connait pas. Hors le monde des décideurs publiques ignore quasiment tout du quotidien d’une personne vivant à la rue ou en situation de précarité. Mais la réciproque est tout aussi vraie.

Il s’agit donc d’organiser la rencontre entre 2 mondes qui se côtoient sans se voir et sans se comprendre, et qui se défient l’un de l’autre. C’est le but du projet #ChaquePasCompte.

L’abbé Pierre avait parfaitement résumé cette nécessité impérative d’apprendre à connaitre l’autre, le non-semblable, le différent, l’étranger : «Les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques. On ne pleure pas devant les chiffres »

Entre les Oubliés et les politiques, #ChaquePasCompte !

Pour permettre aux oubliés de relater leur expérience et faire part de leurs idées et raisonnements de manière directe aux responsables politiques, le collectif a lancé ce jeudi 6 juillet 2023 à l’Assemblée Nationale l’opération #ChaquePasCompte : des responsables politiques s’engagent à effectuer, sur une fréquence et une durée à déterminer, des promenades d’au moins 30 minutes avec le ou la même Oublié.e.

Ce format original porte en lui plusieurs avantages :

  • D’égal à égal, à hauteur d’humain : sortir de son bureau et marcher dans la rue permet de réduire le fossé entre deux mondes qui se parlent et et se connaissent mal.
  • La vertu de la marche : en mouvement, la parole peut venir plus facilement et le cerveau retient davantage les informations reçues
  • Se voir régulièrement : à la manière d’une correspondance, cet échange suivi accorde du temps à l’échange véritable et favorise la création d’un lien ; il permet d’aller plus loin dans la connaissance mutuelle et donne aux oubliés le temps de développer leurs raisonnements

Le Collectif « Les Oubliés de la République » se charge de préparer ces rendez-vous (date, horaire, itinéraire, accompagnement de l’Oublié à la prise de parole, débriefing …). Un tiers membre du collectif se joindra à chacune des promenades.

Les 5 premiers Oubliés volontaires se présentent (2e à partir de la gauche, Ayda Hadizadeh Déléguée Générale des Oubliés de la République)

Le premier binôme de l’opération : Mme charlotte CAUBEL (Secrétaire d’Etât chargée de l’enfance) et Diodio METRO

Gaëtan De ROYER, initiateur et garant de l’esprit du projet #ChaquePasCompte

Témoignage du public : Diane

Chaque pas compte !

Qui saura qu’un moment rare, pour ne pas dire unique, a eu lieu à l’assemblée nationale ce jeudi 6 juillet ?

Qui saura que « les oubliés de la République » ont été reçus avec les honneurs, par des députés volontaires ?

J’espère qu’il y aura un reportage à sur LCP, au moins !

Pour ma part, j’accompagnais les personnes très impliquées dans l’association « l’Archipel Des Sans-Voix », par curiosité pour une initiative qui m’apparaissait un peu « farfelue », un peu « suspecte » politiquement, aussi.

Ce lancement de l’opération « chaque pas compte » fut à la fois simple et impressionnant, positionné avec justesse et sans esprit partisan, au contraire un moment d’humanisme rare.

Simple, parce que Charlotte CAUBEL la Secrétaire d’Etat chargée de l’enfance, les quelques députés et le sénateur présents l’étaient, dans leur manière de parler directement et chaleureusement aux «personnes précaires », dont plusieurs vivent parfois depuis des années dans la rue.

Impressionnant, parce que les prises de parole des personnes concernées ont été claires et percutantes, pour expliquer pourquoi elles souhaitaient proposer aux élus de la République de déambuler avec elles, pour être écoutées et leur faire toucher du doigt à quoi ressemblait leur vie. Pour montrer leur dynamisme aussi, malgré leurs conditions de vie.

Intéressante enfin, la reprise du discours de Victor Hugo en 1849 aux députés de l’époque pour tenter de les intéresser à l’éradication de la grande pauvreté.

J’ai été heureuse que plusieurs élu.es de la République aient répondu présent, à cette perspective de déambulation.

Chapeau à celles et ceux qui ont eu l’idée, l’audace, le dynamisme et l’entregent d’organiser une telle rencontre.

Je pense que le moment en lui-même était déjà un bon pas, qui a compté pour tous ceux qui ont cru à cette initiative et sont venus.

A tous de faire vivre ce beau projet, dont les uns et les autres pourront, je l’espère tirer une belle expérience.

Diane

Témoignage du public : Claire

Jeudi dernier, avec quelques amis de l’Archipel des Sans Voix, je me suis rendue à l’Assemblée Nationale pour une rencontre un peu particulière organisée par « les Oubliés de la République » qui est un collectif qui permet de donner la parole et la voix aux oubliés tels que les SDF, anciens enfants placés, prostitués et leur permettre de donner leur avis dans le débat public et de rencontrer éventuellement des élus, des décideurs politiques…

C’est donc à l’Assemblée Nationale que des responsables d’associations, des SDF, des Sans Voix ont pu rencontrer quelques députés, un sénateur et une secrétaire d’État et échanger.

J’ai assisté à cette présentation des différentes associations qui participent au projet ainsi qu’à l’expression du désir d’implication de certains élus.

Des duos seront créé afin de marcher ensemble, de créer des passerelles et d’échanger.

J’ai trouvé les témoignages touchants et l’idée originale et innovante. Cependant je reste perplexe sur un certain nombre de points, quel est le but global de cette collaboration au-delà de l’aspect philosophique ? Est-ce que cela permettra vraiment un changement profond de la société ?

Comment protéger les uns et les autres d’échanges qui seront parfois très compliqués ?

J’ai été aussi un peu dérangée par l’attitude et l’approche un tantinet bourgeoise « des riches intellectuels qui s’intéressent au pauvre peuple ». Même si je trouve l’idée admirable en l’état, je me demande encore à quelle sauce nous allons être mangé, nous le peuple. Si nous nous impliquons c’est pour que cela n’en reste pas à l’idée philosophique d’une amélioration de nos quotidiens mais bien pour qu’on change la société de l’intérieur !

J’ai eu ce sentiment que sous couvert d’être touchés par la condition des gens, ces élus et les responsables des oubliés se donnent une conscience mais que dans le concret, cela changera peu.

Ceci est mon point de vue et mon ressenti. J’ai actuellement un besoin de concret et je veux cesser de juste parler et débattre. Je ne me sens clairement pas à ma juste place dans ce genre d’exercice et de projet. Je me suis à titre personnel beaucoup attachée à réfléchir la société autrement et à être très active dans des associations alternatives qui me parlent aujourd’hui.

Ce type d’action ne remettra pas en question le fait que les grands de ce monde imposent la.marche à suivre.

C’était cependant très intéressant humainement parlant et je remercie les Oubliés de la République pour leur invitation à participer et de pouvoir entrer à l’Assemblée et merci à l’Archipel des Sans Voix de m’avoir permis d’assister à cet événement !

Claire.

Témoignage du public : Michel

On est plus ou moins tous et toutes des Oubliés de la République.

En effet, un sans-abri est un oublié de la République mais parfois c’est un choix de sa part de vivre ainsi, malgré les efforts par des associations et de leurs bénévoles pour l’aider à sortir de la rue.

Respectons le mot « LIBERTE » envers eux.

On est un Oublié de la République quand on travaille mais faute de logement, une personne vit dans la rue, ou dans une voiture, ou dans un squat.

On est un oublié de la République quand on est privé d’emploi (séniors) malgré plusieurs années de vie professionnelles, on se sent rejeté par la société, inutile, trop vieux, trop cher, trop qualifié pour retrouver un emploi.

On est un oublié de la République quand le bulletin blanc n’est pas pris en compte lors des différentes élections nationales.

Ne pas oublier les personnes âgées, les handicapés se sont pour certains des oubliés de la République.

Ce jeudi 6 juillet 2023 j’ai assisté à l’Assemblée Nationale, au lancement de l’opération #ChaquePasCompte » pour permettre aux personnes les plus exclues de la société de prendre la parole auprès de responsables politiques.

Certes c’est une goutte d’eau, mais qui peut se transformer en un ruisseau, en une rivière, en un torrent.

C’est une bonne initiative que ce projet mais au bout de ce projet, quelles suites et quels changements ? Cela empêchera-t-il les 654 morts de la rue en 2022 ou les 233 morts de la rue depuis le début 2023.

Cela réduira-t-il le nombre de sans- abris dans notre pays soit environ  330 000 personnes.

Depuis plusieurs années on a divisé les français, on les a positionné les uns contre les autres, on a ignoré la souffrance sociale, on a stigmatisé une catégorie de la population, on détruit certains de nos droits sociaux.

Pendant plusieurs années j’ai fait des maraudes avec la Croix Rouge Française à la rencontre des sans-abris et je m’aperçois qu’en 2023 les problèmes que j’ai connu 10 ans auparavant sont toujours les mêmes.

Ma question : que font nos politiques pour éradiquer le sans-abrisme dans notre pays. 

Lors de son premier mandat Monsieur Macron avait promis que plus personne ne dormirait à la rue.

Paroles, paroles …

Et pour finir un grand merci à tous et toutes les bénévoles de notre pays.

Michel