Le 11 mars 2019 au CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental) à Paris 16e, des Sans-Voix ont pris la parole dans le cadre du Grand Débat National à l’Initiative de la FAS (Fédération des Acteurs de la Solidarité) et ont porté dans le débat public leurs témoignages et les propositions collectées émanant directement des personnes en situation de fragilité.

3 heures de scéance plénière dans l’hémicycle du CESE

Je m’appelle Agathe, j’ai 21 ans je suis SDF et bénévole dans l’association ADSF (aide au développement de la santé des femmes).

Agathe, au CESE le 11 mars 2019

Je vais aborder le sujet de la santé des femmes en grande précarité, c’est-à-dire les femmes françaises et migrantes de tout âge qui n’ont pas d’accès à un logement et n’ont pas ou peu de revenus.
Tout d’abord, on constate une surcharge des Centres d’Hébergement d’Urgences, de Réinsertion Sociale, des foyers et des hôtels sociaux. De plus beaucoup d’entre eux ferment au début du printemps (fin mars). Les femmes avec animaux ne peuvent pas accéder à ces hébergements, alors que beaucoup de femmes à la rue possèdent un animal de compagnie.

Les femmes sans abris et celles qui n’ont pas d’hébergement stable font passer au second plan leur santé car elles sont dans l’urgence. En effet leur besoins primaires (nourriture, douche, aller au WC, endroit en sécurité et au chaud pour dormir) ainsi que leurs problèmes administratifs empiètent sur leur temps libre et les préoccupent. Cela crée de l’angoisse et de l’insécurité qui les affaiblit sur le plan psychologique. La santé étant liée au moral, leurs problèmes de santé s’aggravent sans qu’elles puissent trouver de solutions. De plus, pour pouvoir obtenir une prise en charge par la sécurité sociale, il faut déjà une adresse postale : femmes sans-abris comme hébergées doivent trouver une adresse de domiciliation pour commencer leurs démarches administratives. Cela prend du temps qu’elles n’ont pas !

Ensuite la régularisation auprès de la CPAM est très longue, la santé se détériore d’autant plus durant ce laps de temps et le sentiment d’exclusion s’amplifie. L’accompagnement administratif est souvent difficile et mal géré par les assistants sociaux. Durant cette période l’accès à la santé est payant, facturé. Les PASS des hôpitaux sont surchargés, les médecins et personnels de santé sont incompréhensifs face à la précarité. Il faudrait améliorer les services du PASS des hôpitaux publics ainsi qu’instaurer des permanences gratuites dans les associations de médecins généralistes, gynécologues et psychologues. Que ces consultations soient gratuites et suivies, permettre aux femmes avec un animal d’avoir plus d’accueils de jour pour bénéficier d’un moment de sécurité et d’une écoute. Les services de santé comme les hôpitaux publics ne sont pas adaptés aux sans-abris ; il n’y a pas de bagagerie(s), on ne peut pas garder son animal, le temps d’attente pour avoir un rendez-vous avec un généraliste ou un spécialiste est très long. Fréquemment les hôpitaux étant débordés mettent littéralement dehors les sans-abris. Il faut reconsidérer ces personnes qui sont déjà en difficultés : un meilleur accompagnement vers l’information des droits et un accès gratuit aux soins urgentistes.

L’Etat doit reconsidérer le budget des hôpitaux et avoir plus de personnel pour mieux prendre en charge le public. Les CPAM doivent également prendre en charge plus rapidement les dossiers, et avoir une meilleure coordination entre les différentes CPAM.

Agathe prépare son intervention

Le 20h de France 2 du lundi 11 mars a consacré un sujet de 2 minutes à ce Grand Débat et a interviewé Agathe (de 12’25 » à 14’35 »)