Michel Catoire entreprendra en avril 2018 au départ de Reims un tour de France de plus de 6 mois en vélo et remorque lui donnant une totale autonomie. Vous pourrez le suivre dans cette chronique qui sera son « livre de bord » pendant tout son périple. En attendant son départ, il nous livre son état d’esprit et ses préparatifs.

 

Le Voyageur.
« Le vrai voyageur ne sait pas où il va. » « Rester, c’est exister. Voyager, c’est vivre. »

RESUME DE 7 ANS DE CHÔMAGE.

Dans mon cas et dans ma situation actuelle, si je reste ici sans rien faire, c’est une descente aux enfers assurée, une morte lente.
En effet, je fais parti et j’en suis fier de la France d’en bas, de certaines caricatures que l’on fait sur des êtres humains, c’est à dire je suis peut être dans les statistiques des riens, des fainéants, des sans voix, des sans dents, des sans travail, des assistés, des cassos et j’en passe.

Mais Messieurs et Mesdames les politiques, Monsieur le Président, sachez que malgré tout, je resterai un homme digne et non à genoux, un homme pauvre mais riche dans le cœur, un homme indigné par toutes ses injustices mais pas pour autant résigné, enfin un homme libre dans mes pensées et mes choix présents et futurs.

Je dois pour ma vie, ma survie, bouger, lutter contre l’isolement, la déprime, ce mal qui me ronge qui est l’inactivité, se sentir inutile dans une société qui vous délaisse lorsque vous êtes privé d’emploi.

Expliquez moi quand on a 50 ans, pourquoi on est considéré comme des séniors, comme des vieux pour des administrations et des employeurs?
J’ai entendu par certains employeurs que j’étais trop qualifié ou que je coûtais trop cher pour eux.
N’oublions pas les jeunes, trop diplômés, pas assez d’expériences professionnelles, voir des critères discriminatoires et les handicapés trop peu dans le monde du travail.

On demande aux français de travailler plus et plus longtemps, où est le partage du travail, quand des retraités avec de faibles revenus obligés de retravailler pour survivre, ou bien de fouiller dans les poubelles et quand c’est le cas on juge ces personnes de vol.

Tant qui n’aura pas de partage du travail et des richesses, cette société ne pourra pas continuer ainsi j’en ai bien peur.
De plus en plus de précarité pour un nombre minime de riches de plus en plus riches.

Je suis un homme dont l’âge pour moi n’a aucune importance, car je veux rester jeune dans mon esprit et mes pensées.
Mais dans notre société, passer un demi-siècle de vécu et d’expériences humaines et professionnelles, on est catalogué comme des séniors pour certaines administration et employeurs.

Qui suis-je?

Un homme de trente ans d’expérience de la vie dans la société, professionnellement, avec mes qualités, mes défauts et mes erreurs, mais c’est humain.
Je vis depuis huit longues années de privation de travail, de formations souvent refusées par manque de financement, des prestations avec aucuns suivis par la suite, des dizaines de conseillers, un tous les six mois, une convocation une fois par mois, par an et même une fois en deux ans .

Des initiatives pour prouver mes recherches, tout en essayant de garder le cap, le moral, le mental j’en ai fait peut être pas assez ou mal effectuées. Et pourtant suivi par un coach pendant deux mois et des entretiens avec une psychologue et malgré tout le NEANT.

Ce fléau qu’on appelle le chômage existant depuis plus de 40 ans, vous use, vous ronge jour après jour. A la longue, nous perdons la volonté, l’estime de soi mais le plus grave, nous perdons la santé. En France 10 000 à 14 000 personnes meurent suite au chômage, par suicide, cancer, maladie cardiovasculaire et oui quand on est chômeur, un salarié à la recherche d’un travail pas de suivi médical et psychologique.

Ce fléau m’a fait perdre une vie de famille, de couple. Parlons en de la famille, pourtant je suis d’origine italienne, et pour des italiens la famille c’est sacrée. Je l’ai perdue, malgré quelques essais de renouer avec celle-ci, ma propre famille m’a laissé tomber. Les amis, ceux que je croyais de vrais amis(ies), ceux et celles que j’ai écoutés, compris et aidés, sans regrets, ni remords et que l’ingratitude prend le dessus, ils ou elles m’ont laissé choir.
C’est leur choix et je respecte.

Malgré cette longue période sans activités …

de 2010 à 2012, j’étais bénévole au Secours Populaire Français, afin d’aider, d’informer, d’écouter, de conseiller des sans abris hommes et femmes de tout âge.
Personnellement je ne fais aucunes distinctions d’origines, de couleur de peau ou de religion.
C’était un camion de rue du lundi au vendredi tous les après midi, nous distribuons des collations chaudes, des viennoiseries, de la soupe, boissons chaudes ainsi des couvertures, vêtements, parfois des livres.

De 2010 à 2014, j’ai également fait du bénévolat à la Croix Rouge Française en tant que maraudeur certains soirs de 20h à minuit pour aller à l’encontre des sans abris et trouver une solution d’hébergement en étant coordonné par le centre du 115.
Nous distribuons des couvertures, vêtements chauds, boissons chaudes et quand nous avions par l’intermédiaire de la Banque Alimentaire des fruits, viennoiseries et sandwiches.
Ce bénévolat m’a appris d’être humain, impartial, neutre, indépendant, tout en restant volontaire, uni et surtout RESPECTUEUX DE L’AUTRE.

En 2010, avant ce bénévolat, de juin à août, avec détermination, mental et un peu de rage, je décidais d’entreprendre un Tour de France, non pas en tant que vacancier, mais en tant que chercheur d’emploi et pour dire non à la défaite ou à la négation qui nous envahie l’esprit et nos pensées jour après jour .

C’est donc avec un vieux vélo et une remorque de fabrication artisanale ( photo 3 et 4), que j’entrepris ce projet un peu fou de parcourir le pays en effectuant 3000 km, malgré le temps, les côtes, les soucis mécaniques et le tout sans sponsors, ni suivi médical.
J’ai traverser 22 départements et plusieurs villes et villages de France tels que Laon, Amiens, Le Havre, Caen, Rennes, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Agen, Toulouse, Castres, Béziers, Montpellier, Nîmes, Avignon, Orange, Valence, Vienne, Lyon, Mâcon, Dijon etc…

Ce long trajet à la rencontre d’hommes et de femmes formidables, à qui je renouvelle mes plus sincères remerciements pour avoir pris des CV, pour m’avoir écouté et surtout pour m’avoir offert gîte et couvert une nuit, voir plusieurs jours. De bon souvenirs inoubliables car malgré l’individualisme dans ce pays, nous y trouvons encore de la générosité et du COEUR.

Donc 3000 km pour y rencontrer de potentiels employeurs en leur déposant un CV, tout comme certains élus. Un total de 2000 CV déposés en mains propres, avec cahier pour y poser cachet et signature.

A ce jour j’ai envoyé ou déposé 7568 candidatures par tous les moyens et selon des offres sites internet, intérim, Pôle emploi, et journaux. Candidatures spontanées par mail ou en mains propres.

 

L’an dernier, j’étais reparti, tardivement et une remorque pas conçue pour ce type de voyage, au bout de 800 km, j’ai préféré difficilement renoncer au parcours initial, mais ce n’est que partie remise pour 2018.

Cette chronique sera là pour vous exposer le déroulement de ce nouveau projet tout au long de l’année 2018, le but de ce long périple et son évolution.
Sans aucun sponsor, ni aides financières, ni suivi médical.

16/09/2017