Après Edson de l’Hôtel de la Rue et la Roue Tourne de Strasbourg, trois autres participants nous livrent leurs impressions.
Claire (de Colmar) : mon regard sur le week end.
L’Archipel des sans-voix est entrée dans ma vie en 2017 après la diffusion d’une émission sur la précarité dans laquelle je témoignais. Depuis lors, je fais partie de cette famille qui me tient à cœur et à mon âme !
Oui, j’y ai rencontré de belles âmes. On a évolué ensemble et appris les uns des autres.
Ce week-end, j’ai rencontré d’autres personnes à Paris. Des Robins des Bois modernes, des gens qui me donnent foi en l’humain.
Rien n’est tout blanc ni noir. Les temps sont troublés, la vie est surprenante mais c’est toujours une immense joie que de retrouver l’école normale sociale dans le 18ème arrondissement où nous sommes bien accueillis.
Merci Christian, déjà, le président de l’association pour sa grande humanité, son engagement envers les gens qui ont envie de s’exprimer !
Merci à tout ceux qui font que cette association existe et vive !
Je ressens juste de la gratitude. D’avoir pu parler, m’exprimer et d’être entendue ! Ça n’a pas de prix.
Claire.
Alain (de Grenoble)
Aujourd’hui, trop souvent la défense des plus démunis, la colère des pauvres et des exclus n’est plus pris en charge nulle part par les forces politiques capables de gouverner, ni surtout par les médias car pas assez « vendeur ». Conséquence directe pour nous qui subissons cet état sociétal au quotidien, on a l’impression que les affaires sociales sont maintenant prises en charges par une élite diplômée, médiatique, trop souvent arrogante qui fait de la modernité son crédo et de la rentabilité son souci. Or la pire des souffrances humaines n’est pas toujours la pauvreté, mais bien souvent l’humiliation, l’offense, le mépris.
la pire des souffrances humaines est … bien souvent l’humiliation, l’offense, le mépris.
Les technocrates, qu’ils soient de gauche, du centre ou de droite, n’ont jamais compris cela. Ce qui veut dire qu’ils n’ont jamais lu “ Humiliés et offensés “ de Dostoïevski ni encore moins cette évidence que Luc et Matthieu exprime si bien dans le Deutéronome : “ L’Homme ne se nourrit pas que de pain ».
A chaque rencontre avec l’Archipel Des Sans Voix en général et à l’occasion de leur Université d’Automne en particulier je rencontre des femmes et des hommes qui ne se lamentent pas, leurs vécus me prouvent que cela ne sert pas à grand-chose mais qui m’interrogent, debout et droit dans les yeux, sur les causes qui ont rendu possible ce qui fait aujourd’hui leur quotidien.
Et les causeries publiques du 03 octobre dernier n’ont pas fait exception à la coutume. L’expression des participants (es) a d’abord fait écho à ce qui fait sens dans mes différentes revendications. A savoir que les élites qui s’expriment à travers une vulgate qui n’évoluent plus, se trouvent coupées du peuple. Au cours de l’après-midi les différentes prises de parole n’ont fait que confirmer que celles et ceux qui décident pour nous sont oublieux des petits et des exclus qui forment le gros des troupes de notre société.
… nous sommes une bombe à retardement.
Nous ne sommes pas encore dans une “convergence des luttes“, mais nos causeries sont le meilleur moyen de prendre conscience que nous sommes une bombe à retardement. Les témoignages que nous avons écoutés et entendus sont autant de “preuves“ que c’est nous faire injure de croire que nous ne raisonnons qu’en termes de pouvoir d’achat. L’erreur fondamentale que nous ne cessons de dénoncer est bien justement que nos dirigeants ramènent tout à des choses quantifiables.
Ces rencontres sont pour moi l’opposé d’une certaine forme de populisme, car ce n’est pas que se plaindre que de dénoncer l’invivable et de vouloir préparer, avec l’ensemble des personnes qui font société, un “ bouclier social “ censé venir en aide à celles et ceux les plus démunis.
… à nous d’être une caisse de résonance …
Gouverner c’est prévoir dit l’adage. Un samedi après-midi d’automne, j’ai compris que contrairement à certaines idées reçues, il y a un attachement extrêmement puissant dans ce pays à la solidarité. Alors à nous d’être une caisse de résonance au décalage entre les situations de vie des différentes classes sociales. Alors oui, il existe une France confortable qui se moque, trop souvent, de la France moche qui fume des clopes, roule au diesel et remplit des caddies. Mais le discours de l’individualisme et du chacun pour soi est avant tout l’apanage du politique. Alors à nous d’être sur le terrain et de sortir de nos salles de réunions.
La preuve, s’il en fallait encore une, ce sont les différents vécus relatés par les uns (es) et les autres.
Merci pour ce temps partagé et à l’année prochaine si les petits cochons ne nous ont pas mangé d’ici là.
Alain.
Pierre-Louis (de Grenoble)
Parler/Causer : comment ?
Comment ADSV fait-il pour trouver ces personnes et ces histoires extraordinaires et si humaines, en même temps ?
Cela me conforte dans mon point de vue : les personnes ont tant d’imagination pour faire deux choses :
1) trouver des solutions
2) trouver une forme personnelle, donc juste sur le fond et efficace dans la forme : elles savent toujours trouver les mots pour le dire.
Je suis à la fois très fier d’en être et étonné de moi-même, d’avoir su, moi aussi, dire l’essentiel de ce qui fait mon engagement et le résultat que je veux obtenir.
Même si la crise sanitaire a perturbé cette rencontre, cela commence à faire une belle matière humaine et sociale.
Merci à l’Ecole Normale Sociale pour son accueil, son soutien et sa proposition de travail en commun : Alain et moi sommes partants, vraiment.
Merci à l’Archipel des Sans Voix.
La prochaine, nous serons plus nombreuses et plus nombreux.
Pierre Louis Serero
RSA 38 Réflexions pour des Solutions d’Avenir.