Texte écrit le soir de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, le jeudi 26 septembre 2019

ROUEN

Ce soir, je vis dans une ville qui empeste l’essence, je vis dans une ville qui flambe. L’usine qui fabrique les additifs chimiques à été prise entre les lames d’un feu barbare. Elle a explosé en réduisant le ciel en fumée et en cendres.

Je regarde dehors, cachée derrière mon rideau comme s’il pouvait me protéger de quelque chose et je suis inquiète.
Les nuages ressemblent à l’apocalypse.
Je n’ai pas besoin d’attendre ses cavaliers… les coulées de pétrole qui dégoulinent sur le toboggan de mes gosses… celles qui filent dans nos rigoles et même le long des pétales des roses, me font dire qu’ils sont déjà arrivés.

Tout le monde reste confiné chez lui, les autorités ne s’alarment pas au sujet d’une potentielle toxicité de l’air, pourtant moi je sais. On sait.
Sur les carreaux, la pluie coule noir et gras… que me fait l’air que je suis obligée de respirer ?

J’entends le bébé de ma voisine qui hurle derrière le mur du salon comme il ne l’a jamais fait.
Je crois que la suie va atteindre nos bronches, chaque inspiration me brûle, mon palais me démange et j’entends les étages tousser.

Dans les articles on dit aussi que la Seine pourrait être polluée… c’est une catastrophe ce qui nous arrive, est-ce aussi grave que Tchernobyl ?
Et que dire, que penser de toutes ces usines qui par manque de soins périssent partout en France et qui risquent le même sort que la nôtre…
Le temps s’accélère et forcément les conséquences avec lui. Partant de ce constat simple, qu’avons nous le droit de penser à propos du nucléaire ?

Ce soir je vais me coucher, mais je ne vais pas dormir. Je regarde encore par la fenêtre, le feu est éteint. Mais combien de temps encore va t-on devoir respirer cet air atroce qui s’infiltre partout ?
Je réalise brusquement que ce qui est vraiment précieux dans la vie, on y pense presque pas, voire même jamais. Personne n’a le droit d’abîmer ce précieux vital à tous, pour servir son seul intérêt et son tiroir à billets.

Soyez montrés du doigt vous qui avez laissé tomber en ruine la sécurité et celle des salariés de votre entreprise. Vous devrez répondre de vos actes devant la justice et l’Etat devant le peuple.
Mais à trop vouloir s’échanger les causes de la responsabilité, vous perdez toute crédibilité… vous devenez les médiocres que vous avez toujours moqués.

Ce soir, au moins avez-vous honte ?
au-moins êtes-vous pris par les regrets ?
Je me force à l’espérer… car ce soir ma ville gronde…

Elody
Auteur – Biographe

Sur FB : @A L’Encre De Vos Mots

@AuteurBiographe

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