Dans le Puy-de-Dôme la semaine passée, une jeune fille de 15ans retrouvée morte dans une chambre d’hôtel. Elle n’aurait jamais dû se trouver là puisqu’elle dépendait de l’Aide Sociale à l’Enfance.

A Strasbourg, la même semaine, une femme est morte de froid dans une rue avec sur elle son avis d’expulsion. Elle n’aurait jamais dû se trouver là puisque la loi stipule que l’on ne peut être expulsé en France sans une solution de relogement.

Et nous pourrions continuer à énumérer ainsi des situations qui, malheureusement, sont autant de sinistres rappels à notre engagement respectif. Nous n’avons pas fini d’entendre, certaines nuits, l’essieu cassé de la charrette de l’Ankou retentir dans nos rêves.

Bien sûr que notre rôle principal en tant que présidents associatifs est de dénoncer à tour de voix que la situation, loin de s’améliorer comme nos « dirigeants » tentent de le faire croire au français, s’aggrave jour après jour. Malheureusement celles et ceux qui sont élus pour défendre AUSSI le pauvre et l’opprimé manient, par lâcheté, plus facilement la communication que l’action. Nos mots sont, alors, dilués et nos colères deviennent stériles.

du caddy de la misère à la besace du chagrin

Celles et ceux-là même qui nous appellent les invisibles pour se donner une bonne conscience morale sont celles et ceux-là même qui nous chargent de souffrance et de colère en nous dispensant quelques oboles pour que nous gardions le silence. Nous sommes passés du caddy de la misère à la besace du chagrin. Et cette dernière est la plus lourde.

Alors cesser de chiffrer à tort et à travers les sans-abris, les Sans-Domicile-Fixes, les sans-ceci, les sans-cela pour nous faire rentrer dans vos cases informatiques. Vous nous épuisez à perdre du temps et de l’énergie à justifier des résultats financiers qui vous sont si importants, au détriment de résultats sur le terrain de la pauvreté autrement plus signifiants pour nos collectifs, mais tellement plus difficiles à mesurer car agissant sur le long terme. Ces derniers seraient pourtant autant de bénéfices sociaux dont notre société pourrait être fière.

Les cimetières de la misère sont pleins. Et l’épitaphe qui figure le plus souvent est malheureusement : “ Sans toit, je suis mort “. Et nous n’évoquons ici ni la santé, ni l’alimentation ni le logement, ni…, ni…, ni…

L’Archipel des Sans Voix et RSA 38 ne sont que deux petites associations sans beaucoup de moyens et qui pourtant existent pour rappeler à qui de droit que l’application de la loi ne peut pas être bafouée par celles et ceux-là même qui les votent. Comptez sur nous pour être le petit caillou dans votre chaussure bien cirée qui vous empêchera de vous endormir sur votre confort et vous rappeler, ainsi, que notre avenir (et notre quotidien) dépend en grande partie de vos décisions.

Christian Wodli                                                                                             Alain Guézou

Citoyen Enragé                                                                                             Citoyen Enragé


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