Cette tribune est relayée ici par Maelle et Isabelle, membres de la liste « Cause Commune » et engagées de longue date de l’Archipel des Sans-Voix

Une tribune du candidat Loïc Minery, tête de liste « cause commune » pour les municipales 2020 de Mulhouse

Municipales 2020 à Mulhouse : un triple défi écologique, social, démocratique et une indispensable transformation.

Dans un peu plus de 6 mois se tiendra un scrutin phare de la vie publique de notre pays. A Mulhouse, l’élection municipale de mars prochain doit, et c’est un préalable, renouveler à la fois le personnel politique aux affaires, les pratiques en cours et le contenu doctrinal. Parler de contenu apparaît d’ailleurs comme exagéré, compte-tenu des atermoiements, des virages à 360° et autres reculades qui ont émaillé le dernier mandat rottnerien. Désormais, promettre le changement, tout le monde peut le faire. En revanche, remettre à plat la vision qui préside à la gouvernance de la cité du Bollwerk selon des logiques inédites, peu osent s’y risquer. C’est que faire de la défense de l’environnement, en articulant lutte contre le changement climatique, protection du vivant et construction d’un grand plan de résilience territoriale, une cause urgente et ardente, ne peut tolérer les petits pas ou le verdissement malhonnête des discours. Protéger nos terres, notre eau, préserver notre air c’est répondre précisément à la crise sanitaire que nous subissons et reconquérir une qualité de vie hélas bien entamée.

Un autre impératif permettra de rapidement sélectionner les projets les plus valables : le devoir d’humanité et de solidarité. Les défis sociaux sont immenses dans notre ville. Trop de fractures, déjà béantes, se creusent encore. Redonner du pouvoir de vivre à ceux qui ont trop peu, refuser la précarité et le mal-logement, impliquer toutes et tous dans un projet de partage et d’équité, ce sont certes des grands mots mais que nous érigerons en principes cardinaux de notre action, au-delà des simples incantations.

La démocratie, tout le monde en remet une louche mais les faits sont têtus. Comment accepter qu’à deux reprises les Mulhousien.ne.s aient été spolié.e.s de leur choix. Pour construire une légitimité, on ne désigne pas un maire en conclave, on élit une personnalité et son équipe au suffrage universel direct, point barre. Pour vivifier la démocratie locale et la rendre active, on doit accepter et encourager les propositions citoyennes, pas les orienter ou les financer au rabais. En résumé c’est une cohérence qu’il s’agit de cultiver et non d’invoquer, ce sont une vision et un contenu lucides qui sont à intégrer.

Ville et agglomération, finie la récréation !

La ville n’est pas une île. Elle est le noyau central et bouillonnant d’une agglomération hétéroclite. Il est impensable de décider contre 38 autres ou folie de vouloir vassaliser des communes périphériques. L’intercommunalité n’allait pas de soi mais elle est là. Emaillée de crises incompréhensibles au commun des mortels, son histoire laborieuse nous oblige à lui dessiner un futur désirable. Outre l’épineuse question de la fiscalité locale, son projet de « territoire résilient » et sa capacité à « faire société » seront les clés de sa réussite à moyen/long terme. Mais là encore, à l’instar de la ville centre, le personnel politique aux manettes semble dépassé. Obnubilés par une rigueur budgétaire paralysante, répétant à l’envie se battre pour l’attractivité économique du territoire sans se questionner sur la pertinence des activités accueillies, et ayant tout récemment cédé aux sirènes du macronisme, le vaisseau intercommunal et ses principaux décideurs s’éparpillent. Pourtant l’heure est grave. Faute de volonté politique partagée, les surfaces commerciales comme les lotissements ne cessent d’avancer et d’avaler les terres fertiles. Faute d’inspiration et de culture écologique, les déplacements restent scandaleusement carbonés et les transports collectifs sous-calibrés. Faute de courage, et à rebours des pressions citoyennes, trop d’élus pratiquent une gestion à la petite semaine, se contentant de satisfaire les intérêts trop particuliers de leurs administrés.

Parlons politique(s)

L’agglomération mulhousienne n’est pas qu’un archipel isolé. Nos vies sont aussi traversées par des préoccupations qui dépassent le cadre de notre territoire vécu. Les marches pour le climat en sont le parfait exemple, appelant par-delà les contingences administratives une action déterminée et en actes pour refuser l’inéluctabilité des crises climatiques, sanitaires ou encore liées à l’extractivisme et à l’érosion de la biodiversité. Nos contemporains ont conscience des répercussions qu’ont nos modes de vie sur les plus vulnérables, dans le monde rural au Niger, dans les provinces pauvres de Chine, dans la capitale du Bangladesh, Dacca. D’aucuns savent que ce modèle génère des déplacements contraints, qu’une loi inique, sobrement appelée « asile et immigration » et votée à l’unisson par nos parlementaires alsaciens, tente de refouler. Pour, Bruno Fuchs et Olivier Becht, députés charmés par les atours modernes de la macronie. Ne l’oublions pas, ne les oublions pas.

A un autre niveau, le raidissement des valeurs est illustré par les votes du conseil départemental, avec le fameux RSA contre bénévolat. La moitié des « bénéficiaires » sont mulhousiens. Et donc soupçonnés de ne pas vouloir travailler ; résultat des courses, 5 conseillers départementaux également élus mulhousiens (vive le cumul !), tous pour. Ne l’oublions jamais, ne les oublions jamais.

La liste est potentiellement très longue. Des députés favorables au CETA, à la 5G, à l’affaiblissement des normes environnementales, au démantèlement du logement social, au recul des protections pour les plus défavorisés… Une famille politique aux manettes de la ville, les Républicains, qui a si mollement protesté suite à la dérive droitière de Laurent Wauquiez et surtout à l’issue d’un résultat calamiteux lors des dernières européennes. Parions que si leur score avait été ne serait-ce que doublé, leur approbation de la ligne du désormais ancien patron aurait été presque unanime… En substance, un condensé idéologique où se bousculent obsession sécuritaire, conception « Manif pour tous » de la famille, refus de « l’assistanat ». Bref, de quoi pulvériser ce qui reste de vivre-ensemble dans notre ville. Il y a des moments où l’exigence de clarté impose de pointer du doigt le danger que nos décideurs, par leur appartenance partisane, font peser sur la concorde municipale.

Vous l’aurez compris, relier l’actualité globale et les décisions politiques nationales à l’action communale, permet de mieux saisir l’aridité du projet municipal tendance Lutz/Rottner. A un positionnement hors-sol et à une vision trop marketing du destin de notre ville, nous privilégierons la constance et l’épaisseur des convictions, au service d’une ville qui nourrit, où la solidarité et le lien priment sur l’entregent.

Ce qui nous anime

D’une certaine façon, Mulhouse, ville autrefois « aux cent cheminées » et même « Manchester français », pourrait se targuer d’incarner une « Capitale du monde », à la croisée des chemins douloureux ou plus heureux, mais riche et fière de sa mosaïque culturelle ; par son histoire et son présent tumultueux, presque à la rencontre des mondes rhénan et méditerranéen, la qualifier de « Marseille de l’Alsace » serait à peine exagéré. Sa position doublement frontalière constitue une autre ouverture sur des mondes à la fois si proches et si lointains. Nos amis de Freiburg-im-Breisgau nous ont montré le chemin, par la mise en place, tambour battant, d’une politique écologique des transports et de l’habitat. Une audace bien plus inspirante que l’armada banques – assurances – Big Pharma de la richissime métropole bâloise. L’axe de coopération Freiburg-Mulhouse mérite d’être renforcé ; nous nous y attèlerons en nous appuyant sur une liaison ferroviaire consolidée et un territoire post-nucléaire à se réapproprier. La chose sera d’autant plus aisée que le Gemeindrat ou conseil municipal de la ville est dominé par des amis écologistes et que nous avons déjà développé des habitudes de travail communes.

De même, nous assumerons des prises de positions fermes sur des enjeux mondiaux : nous nous décréterons Zone Hors Traités de libre-échange, nous condamnerons le sort réservé aux palestiniens, emprisonnés à ciel ouvert, nous rejoindrons les villes en transition… . Pour le bien-être collectif, nous refuserons la 5G ou l’installation sans consentement populaire des compteurs dits intelligents. Nous pourrions expérimenter le dispositif « 0 chômeur de longue durée », ainsi que le « revenu minimum social garanti ». Nous mettrons sur pied un plan d’action pour la résilience et l’autonomie alimentaire du territoire. 

La jeunesse, autre grande cause de la mandature, doit pouvoir s’émanciper et trouver à s’employer sur le territoire mulhousien. L’offre culturelle, les possibilités de se déplacer et l’accompagnement éducatif devront être étoffés et garantis. L’implication citoyenne de cette jeunesse est un autre combat que nous porterons.

Saisir l’opportunité

Il n’est pas nécessaire de développer davantage ces quelques grands axes de notre campagne. Ils suffisent à prouver que nous aurons à cœur de construire bien différemment et avec détermination. Et pour y parvenir nous mettrons tout en œuvre. Rarement les écologistes et les différentes composantes de la gauche ne s’étaient élancés réunis dès la campagne de 1er tour. Europe Ecologie – Les Verts, Générations.s, le Parti Communiste, Alternatives & Autogestion, des citoyens insoumis, des citoyens non encartés, notre rassemblement est pluriel et ambitionne de changer de paradigme. Jamais la ville n’a eu d’écologiste à sa tête. A la molle alternance depuis un demi-siècle entre social-démocratie et droite, il est temps de répondre par l’irruption d’une génération nouvelle et de tourner ensemble la page d’une ville-tremplin pour carriéristes. Mulhouse mérite bien mieux. La vie ne doit plus être qu’une question de survie.

Ne nous regardez pas, rejoignez-nous !

Loïc MINERYTête de liste du rassemblement des écologistes, de la gauche et des citoyens

contact@mu2020.eu