Monsieur, pourquoi on a pas le droit d’être homophobe ? Monsieur, pourquoi, aujourd’hui, quand on voit la police on court ? Comment on peut être plus serein ? Y a des pays dans le monde où on peut être condamné à mort, pour viol ? Pourquoi les rappeurs sont plus poursuivis que Zemmour ? L’homophobie, c’est pas comme détester les noirs ou les juifs… Monsieur, pardon, mais j’ai le droit d’être homophobe, non ? Pourquoi Nicolas Canteloup il est pas en prison ? Dénoncer les violences policières, ça rentre dans la liberté d’expression ?

classe de 3ème pleine de mômes. Je suis venu causer liberté d’expression

8h, ce matin, classe de 3ème pleine de mômes. Je suis venu causer liberté d’expression, à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty à l’invitation de l’association Ghett’Up qui accompagne les établissements un peu dépassés sur ces enjeux… Un peu dépassés car avec moins de moyens humains et plus de mômes nécessitant un suivi. Ce matin, au café, le proviseur adjoint me disait que le changement de sociologie du quartier, liée à de grands plans HLM, avait fait passer le collège de 20% de boursiers à plus de 50% de boursiers, en moins de 5 ans…

Pour rendre cet éphémère pérenne, il faut des moyens qui font défaut

Ce genre de changements, énormes, nécessitent à l’évidence plus de moyens pour compenser, notamment en termes d’enseignement des langues (les mômes boursiers passant rarement leurs vacances à l’étranger) en équipements informatiques, et autres. Ils ne les ont pas. Aussi, au quotidien, c’est parfois coton. Pour moi, ce fut tout sucre, parce qu’extérieur au collège et là pour deux heures, je pouvais parler de tout, sans tabou. Parce que je citais La Rumeur, Orelsan et Games of Throne, que je leur parlai des Ouighours comme un nouveau génocide, comme l’Arménie, la Shoah, le Rwanda… Bref, j’étais une parenthèse enjouée, il était évident que tout serait simple et sans heurts, même sur des sujets sensibles. Pour rendre cet éphémère pérenne, il faut des moyens qui font défaut à ces établissements.

L’égalité est le pont qui relie la liberté et la fraternité

Dans ces établissements, il y a trop de système D, de démerdentiel, de petits cailloux mis dans les chaussures de celles et ceux qui doivent enseigner. Dans les hommages à Samuel Paty, plutôt que de hurler « Marseillaise pour tous, vive la liberté de blasphème et autres », un peu d’égalité sans laquelle il n’est pas de liberté possible. « L’égalité est le pont qui relie la liberté et la fraternité » écrivait Robespierre. Si on veut toutes et tous s’étreindre fraternellement, sororalement, qu’on puisse être libre de dire ce que l’on veut, ilexpress faut de l’égalité.

Vincent EDIN