En cette soirée de réveillon, nous relayons une publication du jour sur Mediapart, car elle donne la parole à une « Sans-Voix », une de ces 1ère de corvée si indispensables à nos vies quotidiennes et à notre santé.


Chaque nouvel an, Mediapart propose à un(e) citoyen(ne) d’être notre président(e) de la République d’un soir, afin de rappeler que celle-ci nous appartient à toutes et tous. Pour 2021, à l’issue d’une année marquée par la pandémie, nous avons demandé à Yasmina Kettal, infirmière en Seine-Saint-Denis, de porter la voix des soignants et des premiers de corvée.

La République nous appartient, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de croyance, de sexe ou de genre. Chaque année depuis 2010, Mediapart demande donc à un·e citoyen·ne de remplacer et de précéder le président en place dans l’exercice des vœux présidentiels.

Pour 2021, à l’issue d’une année marquée par l’épreuve mondiale de la pandémie et par le cours autoritaire du pouvoir français, nous avons sollicité Yasmina Kettal, infirmière en Seine-Saint-Denis, afin qu’elle porte la voix des soignants et, au-delà, de toutes celles et de tous ceux qui sont en première ligne, ces « premiers de corvée » méprisés par les refrains présidentiels sur les « premiers de cordée ».

Membre du Collectif InterUrgences et syndiquée à Sud Santé, Yasmina Kettal avait raconté en mai dernier à Caroline Coq-Chodorge sur Mediapart le quotidien de l’épidémie dans un de ses points chauds alors qu’elle était infirmière aux urgences à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93). Puis, en octobre, sur son blog d’abonnée à notre journal, elle avait partagé sa lassitude : « Je n’ai pas envie de remettre des gens dans des sacs mortuaires, écrivait-elle. De faire du tri à l’arrache, du travail à l’arrache. » Traversés par une colère retenue, ses vœux sont empreints de gravité et de ténacité : ne pas se raconter d’histoires et, en même temps, faire face, tenir bon, résister, lutter.