Christophe Cywinski habitait Sarrebourg, en Moselle. Il a tout abandonné pour un défi qu’il s’est lancé : partir en vélo avec pour seuls viatiques son chien et tous ses « biens » dans sa remorque, pour faire un Tour de France destiné à mettre en avant les associations. Il appelle ça le VDIS : le Voyage à Durée Indéterminée Solidaire. Il a « lâché les amarres » le 22 août 2020. Cette chronique lui est dédiée pour qu’il puisse y partager avec le plus grand nombre ce qu’il a envie. Vous pouvez aussi le suivre sur sa page Facebook : Les roues du coeur
15 novembre 2020
Dernières nouvelles de mon périple à vélo avec mon toutou de combat
Arrivée sur Mâcon et confiné dans la forêt. Un ville de 35 000 habitants où malheureusement 40 commerces ont fermés pendant le premier confinement. Je suis obligé de m’arrêter 2 semaines pour régler des soucis administratifs… Eh oui, on a juste « oublié » de me payer mon grandiose RSA depuis 3 mois. Les choses sont en cours de règlement.
Mais comment survivre avec rien en période de Covid ?
Les restos du cœur ? 50 mètres de queue, dépannage par la fenêtre et rupture de stock. Un panier par semaine de quoi tenir 3 jours max. Vêtements hiver, 3° le matin…
Le Secours Populaire et les vêtements de la Croix Rouge ? fermés.
La mairie ? RDV dans 10 jours pour une domiciliation administrative.
Un point d’eau ? Tout est fermé y compris les fontaines publiques.
Le 115 ? Bonjour, vous avez un chien, impossible démerdez vous.
encore quelques mois et il n’y en aura plus du tout de SDF
Le plan zéro SDF fonctionne très bien, encore quelques mois et il n’y en aura plus du tout de SDF. Le vent, le froid, la pluie, la faim, l’insécurité ? On les vit tous les jours. Personne dans les rues, contrôle des FO…yo…cc, je me confine ou ? Pas de soucis, je suis à moins de 1 km de mon vélo-tente-domicile.
Par chance un accueil de jour pour SDF et immigrés existe à Macon. C’est quoi ce truc là ? Une structure où on peut prendre un petit-déjeuner à partir de 9h00, déjeuner à 11h30 ou 12h30, laver son linge et prendre une douche, pour 1 euro. Génial. Pour le fréquenter certains jours, je vous assure que c’est dur, car qui fréquente cette structure ? 50% sont des personnes (hommes et femmes) hébergés en centre de réinsertion (1 chambre individuelle, 1 douche et repas le soir). 50 % les SDF qui sont à la rue ou dans des squats (souvent des bâtiments abandonnés). Pour être clair, 80 % de personnes qui ont une addiction (drogue et alcool) et 20 % d’ accidentés de la vie. En période de confinement c’est une horreur, les responsables pètent des câbles. Bagarres courantes, deal de drogue, alcool dès 9h00… des choses courantes. Je me suis moi même interposé entre 5 gars qui en massacraient un autre et j’ai fait appeler les flics avant qu’ils le tuent. La loi de la rue…
On laisse crever les SDF et c’est voulu et organiser, j’assume mes propos.
2 gamins de 30 ans ont été verbalisés de 200 euros et expulsés d’un hangar abandonné pour… retourner vivre en centre ville sous un porche. C’était il y a quelques jours. Un ancien routier a été hospitalisé en urgence pour problèmes pulmonaires : dégages dans la rue et retournes vivre dans ta voiture quand tu sortiras. Moi-même j’ai été contrôlé en pleine forêt par la gendarmerie… ! Question aux gendarmes : « vous avez une solution pour moi ? » Réponse des gendarmes : « Désolé, vous avez un chien, pas d’hébergement« .
Malgré ces soucis rencontrés tous les jours, je souhaite mettre en avant une formidable solidarité entre SDF, les réseaux sociaux, l’association Archipel des Sans-Voix et toutes les petites mains de l’ombre qui font 10 fois mieux que tous les gros culs du caritatif et administrations. C’est grâce à vous que j’arrive à donner un rayon de soleil à ceux et celles qui galèrent, grâce à vous que je trouve mon courage de donner un coup de pouce. L’aide ce n’est pas « je te file 20 balles », mais c’est être présent quand on est seul et abandonné. Un matelas de camping, un réchaud, des crayons pour dessiner, un sac de couchage, un ticket resto pour manger, une douche et surtout un grand sourire et tendre la main.
Merci à vous tous pour les oubliés de la vie.
Nul n’est à l’abri de se retrouver sans abris.
Bises du .
Christophe Cywinski
depuis mon V.D.I.S. (« Voyage à Durée Indéterminée Solidaire »)