Vous pouvez aussi retrouver toutes les « Chroniques de Fabienne » directement sur sont blog « Le Journal d’une chômeuse »

Viendez ! C’est gratuit, ce n’est pas contagieux et vous n’êtes même pas obligés d’être inscrit à Pôle Emploi pour me lire.

 

 

Episode 197 du 26/10/2017 : Gagner du temps

Ce n’est pas le tout d’avoir un CDD, encore faut-il prévoir la suite… Le retour chez Pôlo, le retour à la case départ, le retour des angoisses qui – en vérité – ne m’ont jamais vraiment lâchées (bien noter de prendre rendez-vous chez le toubib pour renouveler les anxiolytiques, check !)

Lorsque j’ai ouvert ce blog, j’avais 47 balais. Quand 2018 pointera son pif et que mon contrat aura rendu l’âme, je serai à quelques mois de mes 49 ans. Pas bon du tout ça ! Cinquante ans, c’est le premier pied dans la tombe de l’emploi. La barrière symbolique à ne pas franchir lorsque tu continues de pointer au club pas très fréquentable, mais très fréquenté, de Pôle Emploi.

D’autant que, malgré ce CDD, je pense faire partie du carré VIP de chez Pôlo, celui des chômeurs de longue durée. Puisque lorsque je l’ai signée cette mission, j’avais déjà treize mois de chôm’ dans les pattes. Et contrairement à ce que pense le petit Laurent Wauquiez – dont la sagesse capillaire (toute de gris vêtue) ne compense pas une réflexion immature digne d’un gosse mal élevé – le jour où tu t’inscris, les conseillers de chez Pôlo ne te disent pas : « Vous avez deux ans d’assistance chômage, ne vous pressez pas. Profitez un peu de la vie ! »

Sur le fond, j’aurais bien voulu profiter de la vie durant ces treize mois. Mais – malgré quelques éclaircies salvatrices – c’est plutôt la vie qui a profité de moi. Elle a même un peu abusé ! L’autre jour, mon frangin a partagé sur notre réseau social préféré une phrase de Marcel Achard qui dit : « Le bonheur, c’est la somme de tous le malheurs qu’on n’a pas. » Sur le coup, je me suis dit que je devais avoir un sacré solde débiteur.

Et puis il y a deux jours, j’ai reçu des messages.

Un message d’une inconnue qui suit ce journal. Un message d’une copine. Un message de mon ancienne conseillère à la pépinière d’entreprises. Un message d’une collègue de travail.

Toutes (ah ben oui, y’a que des filles) me filant un seul et même tuyau : une annonce pour un poste à pourvoir, ici, à Nevers. Un CDI qui… correspond à mon profil.

Alors je me suis dit que mon solde en bonheur venait de remonter de quelques points.
Et même si une annonce n’est pas une embauche… c’est toujours ça de gagné.

(Dessin du très bon Goubelle – Dessin de presse)

Episode 198 du 30/10/2017 : T’attends le Père Noël ?

Tout bon chômeur qui se respecte, est inscrit à tout un tas de sites qui ne servent à rien mais lui donnent bonne conscience en matière de recherche d’emploi. Et dans le lot, il y a le formidable « Jobijoba » (oui, je sais, y’a un gars qui a touché de la thune pour inventer ce nom à la con… Mais ne vous moquez pas, lui au moins, il bosse !)

Donc Jobijoba. Lequel site a la bonté de t’envoyer des mails afin de t’aider à trouver – non pas la rédemption – mais le chemin qui mène au boulot. Et en ce moment, si tu l’ignores ami chômeur, c’est la période des recrutements de Noël avec six grandes opportunités à ne pas manquer quand tu cherches (vraiment) un emploi.

Bien sûr il y a des postes de vendeurs mais aussi de préparateurs de commandes (avec le lien pour bosser chez l’esclavagiste, euh pardon non, l’employeur Amazon) ainsi que d’animateurs de loisirs. Je m’arrête deux minutes sur ces animateurs car comme le précise Jobi : « Si vous souhaitez arrondir vos fins de mois sur la fin d’année, pensez-y ». Il est vrai qu’animateur ne sous-entend aucun diplôme, aucune compétence, et que garder les mouflets ça s’improvise…

Bref, je disais quoi ? Ah oui, les emplois de fin d’année ! Le site te signale également des jobs culturels : « Quelques offres d’emploi demandent des comédiens pour des spectacles, si représentatifs en cette période. » Donc, ok, si tu veux te lancer dans le théâtre, ben c’est maintenant. Puis dans un autre genre, Jobi te propose de télécharger une application « Jobbing » qui – d’après le site – est très « tendance pour compléter ses revenus ». Là au moins le deal est très clair : il s’agit de « petits boulots » entre particuliers, un truc à deux balles pour les étudiants.

Mais la plus intéressante des six grandes opportunités « à ne pas manquer » pour Jobijoba est – je vous le donne en mille – le boulot de… Père Noël. Tadam ! Avec, là encore, un lien pour trouver la liste des entreprises et des magasins qui cherchent un maniaque à barbe blanche et en manteau rouge. La page est tout à fait détaillée, je t’explique : on y apprend, par exemple, que le salaire moyen brut (par an) d’un gentil Papa Noël est de 33.250 euros. Bon ok, tu bosses dix jours dans l’année mais c’est super bien payé ! Par contre, attention cette fois, l’opportunité demande un certain nombre de compétences, inscrites comme suit : Photo, animation, disponible, BAFA et… bonbons.

Alors si t’as une qualif’ bonbons, que tu veux faire le guignol à Paname (parce que c’est majoritairement la capitale qui recrute) faut plus hésiter une seconde !
Y’a des postes à pourvoir et ce n’est pas Macron qui va te piquer celui-ci… puisqu’il l’a dit lui-même : « Je ne suis pas le Père Noël ».

(dessin de Chimulus Dessinateur qui nous manque)

 

Episode 199 du 2/11/2017 :      « Ô La Belle Vie… »

J’envie les gens qui voient les choses de manière tranchée.

Blanc, noir. Entre les deux, point de salut. Un peu comme ces ados supérieurement intelligents qui donnent des leçons à leurs parents en jugeant de manière péremptoire leurs décisions.
Ou comme Emmanuel Macron qui estime que la population française est faite, soit de winners, soit de feignants. Mais sans doute que Manu est un grand enfant. Un ado poussé en graine qui ne s’est pas encore frotté à la vraie vie.

Une vraie vie où les choses sont rarement toutes blanches ou toutes noires… hormis la robe de mariée et l’avis de décès.

Voyez, il y a quelques jours, j’ai partagé avec vous la découverte d’une annonce ici à Nevers qui correspond à mon profil. La deuxième en un an. Un CDI à plein temps plutôt prenant. Sur le coup, mon côté maniaque a sauté en l’air ; puis mon côté lucide m’a demandé de me la calmer un peu et de réfléchir cinq minutes.

Parce qu’il s’en est passé des choses depuis mon licenciement économique…

Depuis juillet 2016, j’ai postulé à une quinzaine d’annonces, ciblant le spectre le plus large de mes compétences. Ce qui ne fait – certes – pas des masses de candidatures (quinze) mais Nevers n’est pas Paname ! J’ai répondu à des postes à la Milo, à la BGE, chez Aides, à la MSA, à la médiathèque et même à la CAF. J’ai reçu quelques refus. Mais la majorité ne m’a même pas répondu. Depuis juillet 2016, j’ai été convoquée à un seul entretien. Je n’ai pas été retenue. Ils avaient néanmoins gardé mon cv et c’est là que se déroule aujourd’hui mon CDD. Depuis juillet 2016 aussi, j’ai bossé une fois pour Pascale Clark. Puis j’ai écrit un livre. Mais tout ceci, c’est le blanc ou le noir.

La vie, quant à elle, te réserve d’autres nuances.

Depuis décembre dernier, mon mari est en longue maladie. Et comme c’est un mec (et que les mecs sont bornés) il n’a pas décidé de guérir. Pas de bol. Surtout pour lui.

Après un an de recherches et de diagnostics, un de mes fils vient de se voir attribuer une pension d’enfant handicapé pour une incapacité de plus de 50 %. Et comme c’est un môme (et que les mômes sont capricieux) il n’a pas décidé de revenir dans la norme. Pas de bol. Surtout pour lui.

Sauf que moi – même si c’est eux qui en prennent plein la gueule – je dois faire avec. Et faire avec, cela veut dire que je ne suis plus vraiment en mesure d’assumer un plein temps disons, trop prenant. Qu’il n’est donc pas très utile de postuler. Et qu’à l’avenir, je devrais plutôt orienter mes recherches vers un temps partiel, une formation ou une activité indépendante.

Alors faut que je demande au petit Manu si cela fait de moi une feignante… Si cela veut dire que je ne me bouge pas assez le cul pour trouver du boulot. Si je suis vraiment de mauvaise volonté. Alors, hein ?
Ou si, comme ces ados supérieurement intelligents qui donnent des leçons aux adultes, Jupiter ne mériterait pas une bonne paire de gifles.

Histoire de lui apprendre la vie. La vraie.

(dessin du chouette Babouse)