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Le jour d’après

Affiche du Film « Le Jour d’Après » sorti en France le 26 mai 2004

Traiter de l’allocution présidentielle du 13 avril dans sa globalité n’est pas ce que je compte faire. En dehors de me donner un mal de ventre terrible, cette intervention ne m’a strictement pas inspiré. Ou si, mais que des inquiétudes. Tant d’incohérences, ça fait quand même peur. Mais dans cette honte verbale, il y a certaines choses à retenir…

Même une pandémie mondiale n’infléchira pas l’exécutif sur le social

Certains mots ont plus de valeur que d’autres. Quand on écoute parler les gens, il est souvent bon de décortiquer leurs termes. Aussi, quand E. Macron aborde le volet de l’aide aux plus fragiles, mes oreilles se dressent comme celles d’un loup aux aguets. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une aide va être donnée à ceux qui peinent à joindre les deux bouts. Certains se diront « cool, enfin on a pris conscience de la difficulté de certains à jongler avec quelques 500 euros pour nourrir leurs enfants et eux-mêmes en cette période ». Ouais, si seulement. Cette aide qui va voir le jour le 15 mai, sera-t-elle versée rétroactivement également pour le mois de mars ? Non, je demande ça car cela me semblerait logique. Les employés ont le droit à du chômage partiel depuis mars, les entreprises sont exemptes de charges depuis le même mois, les indépendants ont une aide de quelques 1500 euros, les efforts gouvernementaux sur l’économie date aussi de ce mois pluvieux, donc, pourquoi pas les plus défavorisés ?!

Ensuite, nous avons le clou du spectacle : Le Président de la République a annoncé ce lundi 13 avril 2020 le début du déconfinement à partir du 11 mai 2020 avec une réouverture progressive des crèches, des écoles, des collèges et des lycées. Quand on regarde de plus prés cette annonce, elle répond à plusieurs facteurs. Déjà, la reprise du travail le 11 mai pour une bonne partie de la population, va poser un problème de garde d’enfants. Ensuite, force est de constater que certains enfants ont totalement décroché. Difficile, pour ne pas dire impossible de faire école à la maison sans préparation et sans outils. A cet effet, le Premier Ministre Edouard Philippe a annoncé le mardi 14 avril 2020 que la reprise se ferait d’abord pour les populations pour qui l’école à la maison est plus difficile. Les élèves en difficultés scolaires et scolarisés dans les quartiers populaires seraient donc les premiers à reprendre les cours physique pour bénéficier d’un soutient plus personnalisé de la part de leurs professeurs. De là, on nous dit aussi que la reprise de l’école répondrait à un manque en repas du midi pour toute une frange de la population et également, pour soulager les enfants en situation de maltraitance.

Alors là, je dit stop à la bêtise. Si je résume le discours gouvernemental, on réouvre l’école pour palier à une fracture connue depuis des lustres sur le manque d’équipement numérique des plus défavorisés. Pour remédier au fait que certains enfants ne trouvent pas d’aide aux devoirs auprès de leurs parents. Ensuite, pour nourrir ceux qui ne peuvent avoir un repas le midi et enfin, pour les extraire de familles maltraitantes.

Dans l’ordre : On a 32 ministres au gouvernement. On a quelque chose comme 577  parlementaires. 326 sénateurs viennent grossir ces chiffres. De là, l’association des maires de France a recensé, en 2018, 35 086 maires. Si chacune de ses personnes rognait 300 euros sur son salaire une fois par an. La totalité des familles défavorisées pourraient être équipées en PC. En plus, sous forme de « don », les donateurs pourraient bénéficier d’une réduction d’impôts. Mais admettons, 300 euros, c’est pas rien quand même pour ces gens. Pourquoi ne pas faire une demande aux sociétés high-tech ou toute autre entreprise qui possèderait des ordinateurs qu’elle compterait jeter à la déchèterie ? Et ce, non car ils ne fonctionnent plus, mais uniquement pour un renouvellement de gamme. Comme quoi, le manque d’équipement informatique, peut très bien trouver une solution solidaire.

Pour les parents qui ne peuvent aider leurs enfants dans les devoirs. A la place de réouvrir les écoles en masse, ou semi-masse, pourquoi ne pas prendre ceux qui décrochent en groupes de cinq élèves dans une grande classe et ce, pour deux heures de cours par jours ? Ce serait quand même plus sécuritaire aussi bien pour les enfants qui rentrent chez eux après que pour le personnel pédagogique. Les repas, vaste débat. Comment imaginer réouvrir les cantines avec le port éventuel d’un masque ?  Ne serait-il pas plus judicieux que toutes les familles en difficultés puissent bénéficier le temps de, de l’aide alimentaire. Ou d’un panier repas donné a chaque enfant par différentes associations ou via la cantine scolaire ? Ensuite nous avons la raison qui frise l’insulte intellectuelle : réouvrir l’école pour sortir le temps de la scolarité des enfants en situation de maltraitance. Donc, sortir un enfant quelques heures et le renvoyer dans une vie de coups et/ou de brimades psychologiques est acceptable ? Ne pas se soucier d’eux en période de vacances scolaires est normal ? A quand une prise en charge de ces enfants qui souvent sont détruits à vie ?! Quelques heures de répit change leurs existences ? De qui se moque-t-on ?

En fait, on réouvre l’école pour une seule raison ; permettre aux français de retourner travailler pour limiter la casse économique. Point à la ligne !

De la chair à canon

Dans l’allocution de Macron le 13 mai, il dit solennellement, que nous, les français anonymes, ceux qui ne sont pas sur le front du soin ou du travail obligatoire en cette période, sommes la troisième ligne. Nous respectons le confinement, nous sauvons des vies. Ouais, mais demain, on sera en première ligne. Ce qui jadis, à la guerre se nommait : la chair a canon. Pourquoi ?

Si vous avez la chance de vivre en ile de France, et si le 11 mai vous devrez reprendre le chemin du bureau, vous allez très probablement prendre les transports en commun. Tous les jours, en temps normal 5 millions de Franciliens voyagent dans les transports en commun. Admettons que chacun aura un masque. Mais quid des mains ? De la carte Navigo qui tombe, des gens qui n’en porteront pas pour diverses raisons ou qui le porteront mal, des portiques qui ripent les vêtements, des barres de maintien, des boutons pour l’ouverture des portes, de la proximité entre les uns et les autres. Quid des yeux ? Muqueuse qui est une porte ouverte au virus au même titre que la bouche et le nez.

Une fois arrivé au bureau. Qui pourra mettre des bureaux à distance sanitaire ? Les très grandes entreprises. Mais que deviennent les machines à café, l’imprimante, les postes techniques collectifs, les toilettes, la livraison des repas dans des matériaux en carton et/ou plastiques, connus et reconnus comme vecteurs d’infection de quelques heures à quelques jours ? Que deviennent les salles de réunions, dès que Macron passe en réunion dans une salle à l’Elysée, tout est désinfecté. Bref, comment imaginer avoir des gestes barrières sécuritaires et une distanciation sociale dans un environnement clos et exiguë ?

De plus, et plus alarmant encore. L’hypothèse d’une contagion du coronavirus par l’air se précise. Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement prône le maintien d’une distance sociale d’un mètre. Or selon une étude réalisée dans la province chinoise du Wuhan, berceau de la pandémie, et publiée vendredi 11 avril 2020 par les Centres américains de prévention et de contrôle des maladies (CDC), le virus pourrait voyager jusqu’à quatre mètres d’un malade ! Donc, la, on fait comment ?

Ca vous dit d’avoir encore plus peur ? Le 3 avril, Anthony Fauci, expert mondialement reconnu des maladies infectieuses, et principal conseil de la Maison Blanche sur le Covid-19, a estimé que « le virus peut en réalité se transmettre quand les gens ne font que parler, plutôt que seulement lorsqu’ils éternuent ou toussent ». De son coté, le gouvernement français temporise cette déclaration en indiquant que certes, le virus peut s’attraper lors d’une « discussion », mais il estime que le virus ne peut pas circuler dans l’air. Nous voilà rassuré surtout que la parole n’est pas générée et propagée par l’air. Absolument pas !

On déconfine même si…

On reprend le chemin du travail, même si d’aveu de Président, nous devons nous attendre à vivre avec le virus des mois. Puisque on a appris des pays qui ont été les premiers touchés. La preuve, certains pays d’Asie qui pensaient avoir endigué l’épidémie sur leur sol, rebasculent dans la fermeture de leurs économies. En effet, des pays asiatiques sont déjà confrontés depuis la mi-mars à une résurgence de cas, notamment à Hong Kong. Mais quasiment toute l’Asie connait une deuxième vague. Ainsi, avec 97 nouveaux cas importés en Chine, des patients guéris du virus qui retombent malades en Corée et une deuxième vague épidémique à Singapour, le continent asiatique semble ne pas en avoir terminé avec le virus. Mais nous, en France, en à peine deux mois de confinement, on ne craint rien de tout cela.

Pour infos, on parle d’un vaccin au mieux, deuxième semestre 2021. C’est pas pour tout de suite.

On a appris qu’ouvrir l’espace aérien européen, n’est pas dangereux. Surtout que quoi, le seuil du million de malades du Covid-19 est officiellement franchi en Europe, soit un peu plus de la moitié du total mondial. Ce chiffre n’est pas à ce point la dramatique après tout ! Ce n’est donc pas grave, prendre l’avion pour venir ou partir de France est approuvable voir, recommandé pour relancer l’économie européenne.

En fait, on déconfine pour tenter de redresser la barre de l’économie. Et ce, au risque des vies. Mais y’a un léger petit soucis dans ce raisonnement. L’économie mondiale devrait se contracter de 3 % cette année en raison de la chute de l’activité provoquée par la pandémie de coronavirus, a déclaré mardi 14 avril le Fonds monétaire international. C’est un choc sans précédent depuis la « Grande Dépression » des années 1930. En France, le gouvernement prévoit un recul de 8 % du produit intérieur brut (PIB) pour 2020 en raison de l’arrêt de l’économie pendant deux mois de confinement et du marasme économique qui suivra. Car il ne faut pas rêver, et pour une fois, le gouvernement est lucide. La crise économique engendrée par l’épidémie de Covid-19 va durer « des années », a estimé mercredi 15 mai, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, auditionné par la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Et il a surement raison.

D’où la nécessité de renvoyer les travailleurs, travailler. Car cette crise qui « ne ressemble à aucune autre » pourrait aussi entraîner une récession bien plus sévère si les mesures de confinement ne sont pas levées d’ici la fin juin et si l’activité économique ne reprenait pas au second semestre, a prévenu le FMI. Et c’est largement suffisant pour que les gouvernements européens, fassent un arbitrage entre la manne et la masse. 

Puisque le pire dans cette histoire, est la suite et le retour à la normal ou presque de la vie en France. Sans distanciation et confinement, et selon des modélisations confidentielles fournies au gouvernement mi-mars, dont le journal Le Monde a eu connaissance le 15 mars dernier, l’épidémie de Covid-19 pourrait provoquer en France, en l’absence de toute mesure de prévention ou d’endiguement, de 300 000 à 500 000 morts. Certes, ceci est une hypothèse sévère, mais le risque est bien réel.

Pour se donner bonne conscience, on mise sur la phase dite de plateau. On écoute rien et on apprend strictement rien de l’expérience des pays qui ont eu à se battre contre le Covid avant nous. C’est peut-être pour cela que l’OMS avertit gravement que le timide ralentissement de la progression du virus en Europe et aux Etats-Unis ne doit pas provoquer de relâchement incontrôlé. Soulignant que le virus est dix fois plus mortel que la grippe H1N1 apparue en mars 2009. « Le risque de réintroduction et de résurgence de Covid-19 va continuer », a averti le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que la maladie constituerait une menace jusqu’à « la mise au point et la distribution d’un vaccin sûr et efficace ».

Moi, je n’ai plus rien à dire face à cela !

Maria (IdF)

Illustration-titre : ChW – « Chemin en tunnel, obscur, mais qui mène à la Lumière »

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