GRANDEUR ET REUSSITE …
Lettre ouverte au « Président de la République »

Cher « Monsieur le Président »

Vos mots récents et forts maladroits devant toute une assemblée de jeunes entrepreneurs, auront une nouvelle fois fait polémique. D’aucuns disent qu’il faut les resituer dans leur contexte, d’autres les justifient à renforts de commentaire explicatifs …
Mais soyons honnêtes : les mots que vous avez prononcés avec tant de naturel , sont d’abord et surtout le reflet d’une mentalité dont il serait grand temps de réaliser l’ineptie et l’obscénité.

La réussite, selon vous, est donc tout, et le reste n’est rien. Réussir est impératif pour exister et pouvoir se targuer d’une certaine « grandeur ».

Le problème, c’est que la réussite telle que vous la concevez, « Monsieur le Président », n’a justement rien à voir avec la grandeur (que vous poursuivez par ailleurs ardemment).
La réussite telle que vous la concevez est reliée à l’argent, à la production exponentielle de richesses matérielles, production qui se fait toujours au détriment des « riens » et sans lesquels, au passage, « ceux qui réussissent » ne réussiraient rien.
La réussite telle que vous la concevez, est le pur produit d’une mentalité à laquelle s’accrochent avec hargne des individus qui pensent en animaux : les meilleurs règnent, les autres servent, chacun est génétiquement à sa place. Les quelques phrases venues « adoucir » vos propos n’en changent pas le fond, lui-même amplement illustré par vos actes.

La grandeur, « Monsieur le Président », vise justement à s’extraire de ce mode de fonctionnement brutal, exempt d’intelligence humaine.
La grandeur, c’est s’employer à créer une société juste, équilibrée, dan slaquelle la réussite ne serait pas le résultat de procédés tels que l’esclavagisme, le passe-droit, le vol, le mensonge, l’usurpation, l’égoïsme, l’égotisme, le domination par les moyens les plus retors …
La grandeur, c’est bâtir une société qui adosse sa réussite aux valeurs humaines, et qui puise sa définition dans l’accomplissement d’une mission bien plus haute, bien plus rayonnante, bien plus vaste que celle que vous adulez.

Votre raisonnement est le produit d’une mentalité qui fait dégringoler l’homme de l’échelle du progrès. Une mentalité qui fait « lites », des individus coupés de leur propre humanité, ancrés dans le calcul mental, obsédés par la possession et le pouvoir sur autrui.

Je ne conspue pas la réussite, « Monsieur le Président ». Chacun de nous souhaite réussir quelque chose, même les riens. Mais voyez-vous, la masse des Français qui ne sont rien à vos yeux, est gorgée d’âmes et d’esprits grandioses, à la mentalité exemplaire, remplis de valeurs qu’ils pratiquent au quotidien et à contre-courant, dans une société où tout est fait pour maintenir le règne animal à l’état de « civilisation ». En fait, il y a plus de grandeur dans chacun de ces riens, que dans tous vos champions réunis.

Ma sage grand-mère, qui n’était rien, a vécu toute sa vie avec rien, et qui est morte avec rien, disait toujours : « tu verras jamais un coffre-fort courir après un corbillard ».

Prenez donc garde, « Monsieur le Président », au trésor le plus précieux que constitue finalement votre seul véritable bien, ce petit rien qui se trouve en chacun de nous , et qui reste le seule capable de nous faire devenir grands. Hâtez-vous de retrouver ce bien, « Monsieur le Président », car vous pourriez bien finir très pauvre, et très rien.

Stéphanie ATEN
le 5 juillet 2017
Retrouvez la sur sa page FB