Vous pouvez retrouver toutes les « Chroniques de Fabienne » directement sur son blog « Le Journal d’une chômeuse »

Viendez ! C’est gratuit, ce n’est pas contagieux et vous n’êtes même pas obligés d’être inscrit à Pôle Emploi pour me lire.

ADSV.fr > Un regard lucide et décalé, toujours d’une rare pertinence sur le quotidien de tant d’entre nous. A lire pour s’informer, se détendre, rire (parfois jaune), et réfléchir.

« Sujet d’actualité : les droits d’auteur! « 

Si j’ai ouvert cette page (le blog « Journal d’une chômeuse), c’est parce qu’un jour j’ai chu inopinément (et de manière indépendante de ma volonté) au chômage. Désolée, c’est comme ça. J’ai la chronique nombriliste. Si j’étais fan de pêche à la mouche, aujourd’hui je parlerais hameçons et appâts.

Du coup… non.

Et comme de par hasard, je me retrouve à être éditée dans les semaines qui viennent. Ça non plus, je ne l’ai pas cherché. Cela dit, c’est une meilleure nouvelle que d’être abonnée chez Pôlo, c’est certain, l’ami qui-ne-vous-veut-pas-que-du-bien.

Sauf que comme d’habitude, et même si je suis ravie d’atterrir en librairie, je ne peux résister à l’envie de vous exposer l’envers du décor. Je suis ainsi, j’ai la gueule ouverte en permanence. Ce n’est pas de l’ingratitude, c’est de l’information. Qui est mon métier à la base. C’est aussi, faut l’avouer, un peu mon (sale) caractère. Donc, comme il ne suffit pas de traverser la rue pour dénicher un job, être élue pour voir ses mots imprimés sur papier, n’est pas forcément la panacée.

Ainsi mon livre sort le mois prochain. « Un poche » tout dodu de plus de 400 pages, vendu 7 euros. Les 230 billets d’humeur qui y sont rassemblés ont été écrits durant plus de 18 mois. OK. Je ne me suis pas foulée pour ce livre me direz-vous, c’est une compilation des premières chroniques diffusées ici même, gratuitement. Pas faux. Mais faut pas croire que l’inspiration vient sur commande. Ecrire autant de textes, de phrases, de mots, de lettres, est un vrai boulot.

Soit. Le sujet dont je veux vous parler, au-delà des livres en évidence chez les libraires, c’est de pognon de dingue, de flouze, de picaillon, de pépètes. Soyons concrets : l’auteur est rémunéré en « droits d’auteur ». Un pourcentage fixe du prix de son ouvrage. Moi par exemple il est de 6%. C’est un peu moins que la moyenne nationale. Une moyenne déjà plus que moyenne pour les auteurs qui auraient l’ambition de vouloir vivre de leur travail. En fait, si je n’obtiens que 6%, c’est parce que la moitié des chroniques que vous y trouverez a été éditée une première fois. Seulement à 200 exemplaires, c’est vrai, mais de fait il ne s’agit plus d’inédits. En conséquence les droits sont plus faibles. Ensuite – parce qu’il y a évidemment une suite – j’étais encore sous contrat avec mon précédent éditeur. Et comme le veut la loi, si je change de crèmerie, celui-ci a droit à un pourcentage issu de mon pourcentage. En l’occurrence 1,5% de mes 6%.

Partager avec celui qui m’a donné ma chance, ne me gène aucunement. Bien au contraire. Il a cru en mon travail et c’est une belle marque de confiance. D’autant que c’est moi qui romps le contrat qui nous liait. Seulement voilà, si les auteurs percevaient 15 ou 20% du prix de leur livre, ce serait quand même moins sensible. De manière générale, si les auteurs touchaient 15 ou 20 % du prix d’un opus écrit avec leurs petites mains, un ouvrage destiné parfois à remplir leur estomac, ce serait quand même un chouia plus équitable. D’ailleurs, comme vous êtes bons en maths, vous avez calculé que dans mon cas précis, il me restera au final 4,5% de droits. Si je vends les 2.000 exemplaires du tirage annoncé – et ce serait un miracle, j’ai quand même le nombril réaliste – je toucherais 630 euros. Ce qui représente 0,315 centimes par bouquin.

Je ne crache pas dans la soupe (claire) du monde de l’édition. J’explique. En France, le débat fait rage depuis quelque temps entre auteurs, libraires, éditeurs, diffuseurs, imprimeurs. Mon exemple n’en est qu’un parmi des milliers d’autres… d’autres réalités. Mais aucune, sauf à s’appeler Musso ou Houellebecq, n’est à la hauteur des auteurs.

Au fait, et c’est important, quand on parle de « droits d’auteur » on ne cause pas en net mais en brut.

A la louche chaque vente me rapportera donc 0,26 centimes. Pour me payer ma coupe de cheveux trimestrielle il faudra que vous, lecteurs potentiels, achetiez 138 de mes bouquins pour une somme totale de plus de 960 euros.

Je ne crache pas dans la soupe mais quand même… y’a un cheveu dedans.


(dessin d’Antoine Chereau sur un plateau)


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