Lettre ouverte
À l’attention du Président de la République, du Ministre de l’Intérieur, et de la Défenseure des Droits
Paris, le 24 juillet 2025
Monsieur le Président Emmanuel Macron
Monsieur le 1er ministre François Bayrou
Madame la Defenseure des droits Claire Hedon
Je vous écris au nom de celles et ceux qu’on n’entend jamais. Celles et ceux qui dorment sous des ponts, sur des cartons, dans des halls d’immeubles ou des abris de fortune. Ceux que la société regarde à peine, mais que certains s’autorisent à frapper, humilier, chasser, comme s’ils n’étaient plus des êtres humains. Je vous écris au nom des sans-abri violentés en silence.
Oui, aujourd’hui en France, on peut vivre dans la rue et être harcelé, brutalisé, déplacé de force. Non pas seulement par des individus isolés ou désespérés, mais par des agents de sécurité privée, parfois mandatés par des entreprises, des bailleurs ou des municipalités. Oui, parfois même, par des membres des forces de l’ordre censés protéger tous les citoyens , même ceux qui n’ont plus de toit.
Des témoignages s’accumulent. Des matelas détruits. Des tentes lacérées. Des coups donnés en pleine nuit. Des injures, des menaces, des intimidations. Des interventions « musclées » pour faire « le ménage » dans une gare ou sous un porche, comme si la misère était un délit, comme si les plus pauvres de ce pays étaient une pollution à faire disparaître.
Il ne s’agit pas de cas isolés, mais d’un système toléré, parfois même organisé. Des sociétés privées se substituent à l’État dans la gestion de l’espace public et appliquent une logique d’exclusion brutale, loin de toute considération humaine. Et quand les forces de l’ordre s’en mêlent, dans certaines villes, les sans-abri deviennent la cible d’une répression administrative déguisée : arrêtés anti-mendicité, confiscation des effets personnels, contrôles répétés et humiliants.
Où est la République dans ces violences ? Où est la fraternité ? Où est le respect de la dignité humaine ?
Aucun homme, aucune femme ne devrait être battu ou harcelé parce qu’il n’a pas d’adresse. Aucun policier ne devrait obéir à des ordres visant à traquer la misère. Aucun agent de sécurité ne devrait être payé pour faire le sale travail de l’invisibilisation sociale.
Nous réclamons :
- Une enquête indépendante sur les violences commises par des agents de sécurité ou des forces de l’ordre à l’encontre des personnes sans-abri.
- La fin des arrêtés municipaux anti-pauvres et des pratiques d’intimidation dans l’espace public.
- Un contrôle renforcé des sociétés de sécurité, avec des sanctions en cas de comportements abusifs ou violents.
- Une véritable politique d’accueil, d’écoute et de logement, qui ne traite plus les sans-abri comme un problème à déplacer mais comme des citoyens à accompagner.
Il est temps d’en finir avec cette violence sociale tolérée, parfois encouragée, toujours honteuse.
Il est temps que l’État regarde ses enfants les plus fragiles avec respect et non avec mépris.
Pour celles et ceux qu’on fait taire,
Pour celles et ceux qu’on frappe dans l’ombre,
Je vous écris .
Une voix parmi tant d’autres, mais qu’il est urgent d’écouter.
Patrice Nice,
Journaliste indépendant , Fondateur de l’écho du bitume (Média alternatif sur X dédié au sans abrisme)


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