Une journée pleine d’échanges et de fraternité.
Le samedi 7 octobre, l’association « Archipel des Sans-Voix » a rendu public ce journal en ligne lors d’une journée-événement organisée aux Grands Voisins à Paris 14e. Ce fut l’occasion de réunir tous ceux qui ont contribué à concrétiser l’utopie de ce journal, de raconter l’histoire de l’association, de rappeler nos buts, mais aussi et surtout de partager et de tisser des liens avec et entre les premiers concernés. Une journée pleine de promesses d’avenir.
Dessin offert par Pop&Kankr. Merci à eux.
Regards croisés.
Par Olivier DUCLOS (67 Altenheim)
Après des mois de préparation, est enfin venu le jour du lancement officiel du journal.
Cela a eu lieu chez les Grands Voisins. « Les Grands Voisins, c’est la démonstration qu’en plein centre de Paris, il est possible de faire exister, pendant quelques années, un espace multiple dont l’ambition centrale est le bien commun. »
On ne pouvait trouver un endroit mieux adapté. La matinée a été consacrée à faire connaissance. En effet chacun et chacune venant de toute la France, nous ne nous étions jamais rencontrés. Seul Christian, cheville ouvrière de cette construction utopique, magique et enfin réalisée, faisait le lien entre nous.
Au programme, tour de table où chacun devait se présenter rapidement et échanges informels afin de favoriser une rencontre chaleureuse et sympathique. Mais voilà, les meilleures intentions du monde se heurtent à chaque fois à la réalité, et rien ne se produit comme prévu. L’envie de se dire, de se raconter et de rencontrer les autres était très forte, et « les Sans-Voix » réunis autour d’une table, ça donne mille voix qui s’interpellent, se chevauchent et se rencontrent. De ce détournement de programme est née une ambiance chaleureuse, riche de découvertes des uns et des autres. Ce fut une réussite où les grandes gueules des uns se mirent au diapason des autres. Il y a une caractéristique commune, chez ces Sans-Voix là, c’est qu’ils sont bavards, qu’ils n’ont pas envie de se taire et qu’ils luttent de toutes leurs forces pour se faire entendre. En fait ils ne sont pas du tout sans voix, il manquait un outil pour porter leur voix et c’est là que le journal intervient, c’est sa raison d’être.
Après un repas pris en commun, nous devions l’après-midi, recevoir et discuter avec les personnes intéressées par notre démarche. Peu, sinon très peu, sont venues. On pourrait croire à un échec, mais non, bien au contraire, ce temps a été largement utilisé par les participants qui se sont exprimés, ont dit leur démarche, leurs souhaits et aussi leurs interrogations quant au devenir du journal.
A à mes yeux, un souci partagé : que ce journal ne soit pas une œuvre de charité de plus, mais bien un outil utilisé et maîtrisé par les « Archipeliens » eux-mêmes. Nous étions une bonne cinquantaine, tous issus de milieux différents, porteur d’histoires différentes, mais avec en commun une volonté, un désir fort de ne pas se laisser engloutir dans un silence mortifère. C’est en quelque sorte une forme d’espoir d’un monde plus humain, qui nous anime tous, aussi modeste soit-il, et c’est aussi, je le crois, le moteur de ce journal.
Par Michel C. (51 Reims)
Le samedi 7 octobre 2017, le lancement public du journal de l’association « Archipel des Sans-Voix » fut une journée de rencontres d’hommes et de femmes venus des différents coins de France : Mulhouse , Bordeaux , Nevers , Alès , Colmar , St Denis, Grenoble , Reims , Strasbourg, Paris et Ile de France.
Des regards croisés de personnes ayant voulu porter leur voix sur leur vécu dans la précarité, des conséquences que cela engendre mais aussi pour dénoncer l’urgence de cette situation touchant aussi bien les jeunes, les seniors, les retraités et les handicapés. Chacun et chacune ayant son propre regard, sa propre émotion et sa propre vision sur son vécu et sa situation actuelle. Partageant des points communs, un certain regard sur la précarité avec une sensibilité humaniste.
Nos regards se sont croisés, sans aucunes distinctions, avec respect et courtoisie, souhaitant confronter les différentes précarités.
L’Archipel des Sans-Voix est une association pour porter la voix des Sans-Voix par l’intermédiaire d’un journal, d’un support virtuel ouvert à tous et à toutes pour témoigner, informer, dénoncer, communiquer, aider et étudier des solutions par l’entraide de chacun et chacune.
Ensemble, travaillons sur des projets collectifs, organisons ou participons à des évènements susceptibles de dénoncer l’urgence contre la précarité des seniors, des jeunes, des retraités et des handicapés.
Bâtissons des ponts pour s’unir et non des murs pour nous diviser.
Par Claire HERING (68 Colmar)
Par Alain GUEZOU (38 Grenoble)
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours marché. Mes parents ne possédant pas le permis de conduire, la marche à pied restait le moyen presque unique de se déplacer dans cette région de la vieille Bretagne. Plus tard mes goûts d’adolescent puis de jeune homme m’ont sans cesse amené à porter le sac sur le dos et les grolles aux pieds. Aujourd’hui, je marche pour celles et ceux qui restent assis dans la vie avant de se coucher pour mourir.
Alors quand Christian m’a demandé de m’arrêter, de me poser pour partager avec les autres mes expériences d’homme engagé ; je n’ai pas pu refuser. C’est ainsi qu’un samedi d’octobre 2017 je me suis retrouvé en bonne compagnie. J’ai trouvé des personnages qui au quotidien refusent de perdre leur parler-vrai, sincères et se tenant droits. J’ai fait la connaissance de femmes et d’hommes unis dans la colère contre une société qui se replie sur les précaires que nous sommes. Ah oui, je ne vous l’ai pas dit, je suis un des « sans-dents ».
Mais si j’ai des difficultés pour me nourrir correctement, je n’ai aucun problème pour digérer ce que nos dirigeants veulent me faire avaler. Pour plagier Bourvil, je dirais « Affamé Oui, Résolu non ». Et l’Archipel des Sans-Voix me permet de faire entendre encore un peu plus ma voix. Et j’aime l’idée de placer l’individu au centre de toute démarche comme acteur de sa propre évolution. Comprendre les raisons d’une situation pour encore mieux pouvoir la faire évoluer avec d’autres citoyens.
Et pour porter ma voix, quoi de mieux qu’un média qui soit le reflet de mon vécu mais aussi de mes aspirations. Il va nous permettre non seulement de diffuser largement les expériences des un(es) et des autres mais aussi de nous rencontrer et en facilitant la mise en réseau il favorisera de façon naturelle la formulation et la mise en œuvre de réflexions et d’actions communes.
L’Archipel des Sans-Voix a vu le jour grâce à l’implication d’un petit groupe convaincu de leurs droits mais aussi de la possibilité d’écrire à plusieurs un lendemain plus humain. Je ne peux que vouloir partager avec eux cette envie. C’est pourquoi RSA38 qui est une association iséroise qui rassemble des Allocataires du RSA – les PARSA – rejoint l’association comme petit moteur d’appoint.
L’immobilisme et le conservatisme sont des poisons terribles. La société a une propension extraordinaire à s’habituer à ses propres démons. Il me semble que l’Archipel des Sans-Voix propose une nouvelle voie qu’il reste à explorer bien sûr, à plusieurs, et que si on veut agir sur la pauvreté il est donc impératif d’emprunter des chemins escarpés en ayant le courage de s’écarter des balises habituelles.
Par Fabienne DESSEUX (58 Nevers)
Fabienne Desseux, empêchée de se joindre à nous, nous a adressé un message vidéo.