Le we des 2 & 3 octobre 2021 s’est tenu à Paris la 4e Université d’Automne des Sans-Voix et ses « Causeries Publiques ». Des moments uniques de rencontres, d’expressions, d’échanges, bref … d’humanité.

Qui pourrait mieux en parler que ceux qui y ont participé ? Ils expriment ici ce qu’ils ont vécu et perçu. Voici le 3e témoignage, d’autres suivront.


Photo Michel C.

Edson (de Nancy) : « Edson tu es où ? » « Ne t’inquiète pas grande sœur j’arrive je suis dans le bus. Voici enfin le grand jour, enfin se jours que j’attends depuis si longtemps oui il faut que je vous raconte… « 

Je savais que les « Causeries Publiques » de l’Archipel des Sans-Voix ont lieu le premier week-end d’octobre. J’en avais déjà parlé à Christian, le président de l’association ADSV et je lui avais fait la demande d’y participer. Je voulais revenir pour revoir certaines personnes mais aussi pour dire j’ai enfin changé et que j’ai avancé. L’année passée, j’étais venu raconter un passage de ma vie. Là je voulais vous dire QUI je suis. Personne ne sait vraiment d’où je viens et ce que j’ai pu traverser tout le long de ma vie.

Je sais que certaines personnes me prennent pour un exemple, mais que d’autres me haïssent. Mais moi j’en ai rien à faire. J’ai besoin de dire à tous ceux qui veulent bien m’écouter qui je suis et d’où je viens. Mais pas seulement. J’ai besoin aussi de me rendre utile et de raconter ma vie. Certains ont besoin d’un psychologue, moi j’ai besoin d’un public, de personnes qui m’écoutnt. 

J’arrive donc à Paris le vendredi, veille des Causeries, à 18h46. Sur le quai de la gare de l’Est je retrouve ma grande sœur Elina Dumont qui était là depuis une bonne demie-heure à m’attendre. J’ai un peu du mal à la retrouver et je me rends compte que je suis passé au moins trois ou quatre fois devant elle. Mais nous nous trouvons enfin au milieu de toute cette foule et nous partons chez elle. Au passage elle m’invite dans un restaurant chinois. Merci ! J’ai pris 15kg en 30minutes. Heureusement le lendemain c’était la tempête. Après nous partons chez elle où nous pouvons prendre le temps de parler et d’échanger, elle me donne de très bon conseils et surtout me dit des choses qui me touchent. Je ne lui dit rien car je suis fatigué mais surtout parce que je la prends comme un modèle pour moi, et que donc je lui dois le respect. Elle m’offre son livre que je vais bien évidement lire. Comme une grande sœur elle me commande un taxi et m’accompagne jusqu’à lui, parle avec le chauffeur en lui demandant de bien me ramener sans problème jusqu’à la porte de l’hôtel. 

Arrivé devant l’hôtel, je ne sais pas quoi faire, j’ai tellement changé. Je me connecte sur le groupe et j’envoie « je suis devant la porte je fais comment ? » Oui, c’est la première fois pour moi que je me retrouve devant une porte et que je ne sais pas quoi faire avec ! Je rentre et je vois certaines têtes que je connais au fond à droite de la pièce. Je m’en fous complètement du mec de l’accueil et je me dirige pour saluer Christian et toute l’équipe des archipéliens déjà présents sur place. Ont me dit que le café et gratuit, chose à ne jamais dire à un anciens sans abris… je ne m’arrête pas de prendre des laits chauds ! Je partage quelques mots avec Claire Labelleverteetbio et je lui demande comment vont ses deux enfants. elle me répond « aujourd’hui c’est Noël pour eux » … ont se comprend. Ont attend des nouvelle de l’aventurier, Christophe Cywinsk. On sait qu’il doit arriver mais ont ne sait pas dans combien de temps. On sait que son train et bien arrivé mais lui, où est-il ? On connait l’humain qu’il est, et je ne m’inquiète pas, j’attends son arrivée par surprise. 

Enfin il est là, on ne se parle pas beaucoup sur les réseaux sociaux, mais on est toujours l’un derrière l’autre, on se soutient et ont se suit mutuellement. Son parcours est plus qu’atypique. C’est un grand fou mais c’est pour ça qu’on l’aime. On se partage quelques mots et on part tous se coucher. 

Le lendemain, on installe la salle et on mange tous ensemble. Tout le monde est là, et tout le monde est motivé. Chacun prend la parole. Je ne vais pas pourvoir tous vous citer mais je sais que vous allez vous reconnaître dans ce que je vais exprimer.


D’abord c’est Christoph qui prend la parole et raconte son histoire et ses rencontres. Toujours aussi choquantes et dure a entendre. On se demande où nous allons finir. 

Ensuite c’est « Eric le Belge », un ancien flics qui a décidé, au lieux de se donner la mort comme certains de ses collègues, de partir de son pays, de partir de chez lui et de vivre à la rue avant de sans sortir à partir de zéro.

Après c’est à mon tour de parler … Je vais juste vous faire un résumeé de ce que j’ai dit : en gros que le systèmes va mal, que la vie et vraiment dure, mais que avec de la volonté et beaucoup de force mentale ont peut tout réaliser. Oui, je suis parti de rien, oui j’ai fait des choses « mal », oui j’ai fais des choses « bien », mais au final je ne suis qu’un humain et tout le monde peux trébucher, tout le monde peut faire des erreurs, tout les monde peut se perdre et tout perdre. Mais tout le monde peut avoir une deuxième, une troisième, une dizaine et des dizaines de chances. Mais surtout je reste persuadé que tout le monde peux changer avec de la volonté.

Après moi, c’est l’invité d’honneur de ces « Causeries » qui prend la parole (Jean Baptiste de Foucauld, fondateur de l’association SNC Solidarités Nouvelles Face au Chômage), je vous avoue j’ai pas tout suivie. Donc parler de ce monsieur va être un peux dur pour moi, mais je le sens motivé et inspiré. 

J’écoute aussi Stéphane que parle de son projet « La table Lutonnaise » à Reims. Son idée est plus que bonne. 
Sans oublier l’autre association de Reims « La maraude citoyenne rémoise ». Je vais partager leur page FB et je vais aller à leur rencontre. Tellement bien leurs histoire. On ne partage pas forcément toutes les idées mais ont parle la même langue et surtout ont partage le même objectif. Je prend bien le temps de les écouter et je me dit « enfin j’entends ce que je répète depuis 2 ans…« .

La dernière personne (Sabrina) prend la parole et nous raconte son parcours. Je suis très touché par ce qu’elle raconte et je me vois en elle, et je dit « toi je vais pas te lâcher et ta fille je vais l’aider avant qu’il ne soit trop tard« . J’avais raison de lui parler. 

Enfin on passe la vidéo des coiffeurs du coeur. Et on mange …
Pour moi, c’est « Ko technique » ! (voir photo jointe)

Le lendemain dimanche, je me réveille à l’hôtel. Je me souviens plus vraiment comment je suis arrivé là la veille. Tout ce que je sais est que l’on a une réunion et que j’ai plein d’idées. Je veux aider plus encore l’association et je veux leur donner ce que je sais le mieux faire. On en parle et on verra.

On rentre ensuite chacun chez soi, mais là ce n’est pas normal. Malgré que certains nous ont demander de laisser cet homme dans un coma sur une bouche du métro, pour eux c’est normal. Nous décidons de ne pas laisser ce monsieur dans cet état et lui apportons les premiers soins. Nous téléphonons aux pompiers et les attendons. Pendant ce temps de nombreuses personnes sont venues à notre rencontre pour nous dire de le laisser et que c’est normal. Je m’énerve contre eux. Un monsieur qui se dit de la mairie va même me dire que c’est normal. Heureusement que cette femme au grand coeur Zahia Nouri était là avec Alex car sinon je pense que mon ancien moi serais ressorti vite fait. J’étais au téléphone avec les pompiers, mais les gens autour de lui étaient de plus en plus nombreux, mais surtout hostiles à notre aide. Je n’avais qu’une envie : en foutre une à l’un et deux à l’autre, entre la femme qui limite filmait tout et critiqueait avec le sourire, et l’homme de la mairie. Non, vous n’auriez pas été là je terminais en garde à vue ou dans l’ambulance. Merci les pompiers d’être intervenus aussi vite.

On prend quand même la direction de la gare, un dernier café pour se dire au revoir et à très vite… On ne se dit pas ADIEU mais toujours Au-revoir. Nous ne nous quittons jamais. 
Je monte dans le train et je retombe dans un long coma. Arrivé à Nancy, le contrôleur me réveille, plus personnes n’était dans le train !

Merci à vous, à très bientôt. Je ne garde de ce week-end que de bonnes choses. Enfin j’ai pu raconter ma vie… Merci de m’avoir permis de le faire. J’ai préféré me faire réveiller par Christian que par le contrôleur, c’était pourtant une charmante femme. Mais maintenant il faut payer pour charger son téléphone dans un train, et mon billet était dans le téléphone … sans batterie. Merde ! Pas de chance.

Edson


Les « Causeurs » 2021

Photo Michel C.

Retrouvez les « Regards Croisés » 1 & 2 ICI

D’autres témoignages à suivre …

Retrouvez les « Regards Croisés » 4 & 5 ICI

Retrouvez les « Regard Croisé » 6 ICI