Il s’appelle Fayçal JELIL. Sur son compte X (ex-Twitter) il se présente comme « Archiviste des vies décentes ». Il y publie de courts portraits de personnes rencontrées au hasard de ses activités pour les mettre en lumière, les sortir de l’invisibilité. En cela il rejoint totalement les buts de l’Archipel des Sans-Voix. Des portraits de parcours de vie, jamais rectilignes, souvent inspirants, toujours plein d’humanité. Il a souhaité rejoindre l’Archipel pour y être relayé.
Avner, 45 ans.
Après son lycée, Avner réalise une école militaire pour devenir officier. Mais très rapidement, il se réoriente dans les métiers du marketing. Conscient que la maîtrise de l’anglais est importante dans le domaine, il décide de se rendre en Angleterre durant une année pour l’apprentissage de la langue. Arrivé sur place, pour financer son quotidien, il travaille dans la restauration en tant que plongeur, puis traiteur. Ces expériences lui permettent de renforcer son projet professionnel et de renouer avec la tradition familiale : travailler dans la restauration. Avner entreprend alors un cursus de formation pour devenir cuisiner. Pour ce faire, direction Paris : il reprend les chemins de la formation et s’inscrit à l’école Cordon Bleu de Paris car la France est le meilleur pays pour apprendre le métier de cuisiner. Dorénavant diplômé et cuisinier professionnel, il travaille dans de grands restaurants, développe une activité de chef cuisinier à domicile dans le monde puis devient consultant aussi. Lors de cette expérience, Avner fait la rencontre d’un restaurateur qui souhaite vendre son affaire. Il décide alors de racheter l’entreprise. Depuis 5 ans, il est à la tête d’un très bel établissement composé de 8 salariés.
Avner est un amoureux de la France. Il croit beaucoup en notre pays et à ses opportunités. Selon lui, les discours médiatiques et politiques, en France, ne mettent pas assez en valeur les bienfaits de notre pays. Et, ces critiques permanentes ont une incidence sur le moral des Français. Il me prenait pour exemple l’école « ici, l’école gratuite, pour tous, permet à quiconque d’étudier et de choisir son métier. »
Conseil : il n’y a pas d’ascenseur social en France mais il y a un escalier social fondé sur le travail et l’effort. Persévérez et ne lâchez rien. Le travail finit par payer même si la tâche est difficile.
Philippe, 67 ans.
Grâce à une professeur de français, Philippe s’intéresse très tôt à la lecture. Au lycée, il s’oriente vers un bac littéraire. Diplôme obtenu, il décide d’arrêter ses études et s’engage à l’armée. A son retour dans la société civile, il réalise un stage de découverte dans des fonctions administratives dans une entreprise. À l’issue de cette expérience, il est embauché en CDI. Malheureusement, 4 ans plus tard, son employeur cesse son activité à cause de la concurrence asiatique. Se retrouvant sur le marché du travail, Philippe trouve un emploi de manutentionnaire dans la logistique. Passer d’un bureau à un atelier de production n’est pas une difficulté car Philippe se crée lui même les bonnes conditions de travail : développer les interactions sociales avec ses collègues. Âge d’une quarantaine d’années, il connaît sa deuxième fermeture d’entreprise. Philippe met deux ans pour retrouver un emploi. À l’époque, l’âge était déjà un facteur discriminant « on me disait déjà que j’étais trop vieux. » Mais Philippe ne se résigne pas : il finit pas trouver un poste d’employé polyvalent à la Poste, et il y restera jusqu’à sa retraite.
Dans toutes ces expériences professionnelles, Philippe s’est toujours créé ses propres conditions pour aimer son travail grâce notamment au développement de ses interactions sociales (ambiance avec ses équipes, relation avec ses collègues, rendre service…)
Bonne continuation Philippe. Un type très sympathique et ouvert. Merci d’avoir surveiller mon vélo.
C’est cela que j’essaye de montrer : l’effort, le travail et l’engagement de mes concitoyens.
Conseil : peu importe son travail, il faut essayer d’aimer son travail, et prendre ses bons côtés.
Ghelsyem, 32 ans
De nationalité tibétaine, il est arrivé en France il y a 7 ans. À son arrivée, il a effectué une demande d’asile qui a été acceptée par les services de l’État. Il a bénéficié de cours de langue française et s’est formé au métier de laborantin dans l’agro-alimentaire. Aujourd’hui, il est en CDI : son travail consiste à effectuer des prélèvements alimentaires chez les restaurateurs, puis les analyser dans le cadre de leur plan de maîtrise sanitaire (HACCP).
La France ? « Ici, on m’a beaucoup aidé : la préfecture, les associations, les Français…J’ai été soigné aussi. Maintenant, je vis normalement.«
Toujours le même triptyque pour une bonne intégration des immigrés : l’apprentissage de la langue ; la formation ; le travail.
Conseil : pour avancer dans la vie, il faut prendre des risques. Il ne faut pas avoir peur.
Auteur : Fayçal JELIL, archiviste des vies décentes
(Retrouvez les autres portraits réalisés par Fayçal, avec l’onglet en bas de page « PLUS DE L’AUTEUR »)
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