L’antenne Lyonnaise de la Fondation Abbé Pierre a recueilli le témoignage de 9 personnes qui ont connu le monde de la rue. Aïcha, Danièle, Marie-Ange, Aurélien, Fabien, Kévin, Monsieur Muteba, Thomas et Yannick ont partagé leur vécu pour faire entendre la réalité et “alimenter la compréhension sensible de l’expérience de l’absence de domicile”.
Extrait :
… Aurélien, 40 ans, a dormi dehors pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, il a trouvé un studio en résidence sociale et décroché un emploi de travailleur pair qui lui permet de valoriser son expérience de la rue :
« Concrètement tu vas faire une domiciliation dans une association et quand tu te domicilies, ils t’imposent un travailleur social. Pourquoi pas, si la personne est compétente. Sauf que moi j’en ai vu des travailleurs sociaux et celle que l’association (qui m’a domicilié) m’a attribué était ultra débutante. À chaque entretien elle disait « je ne sais pas, je vais demander à mes collègues ». Là où j’ai pété les plombs, c’est que je devais la voir et que j’ai appris qu’elle était en vacances. Alors j’ai demandé un entretien pour changer de référent social. Il y a dix ans en arrière, j’aurais tout cassé dans la structure, mais là j’ai fait les choses dans les règles. Je suis arrivé à l’accueil, je suis tombé sur une gamine de 20 ans en service civique qui me dit que « c’est pas possible ». Je lui ai demandé de faire passer le message.
C’est la cheffe d’équipe qui m’a reçu mais ils m’ont bien fait poireauter deux heures. Bon j’ai patienté, j’ai joué le jeu mais je savais que j’allais me faire envoyer chier. J’ai expliqué que je voulais changer de référent social, que je le demandais pour moi, pas contre elle. On m’a fait comprendre que ce n’était pas possible, que j’étais injuste envers elle. J’ai répondu qu’elle était inexpérimentée. Par la suite, j’ai reçu un courrier comme quoi ma demande était refusée. Quand ma référente est rentrée de vacances, je lui ai dit ce qui n’allait pas et je lui ai dit qu’on arrêtait là, qu’elle pouvait m’oublier et que je viendrai juste chercher mon courrier. Depuis je n’ai pas droit à un sourire ni rien. »
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