Ion Zion est une mère de famille, célibataire, avec quatre enfants. Elle a beaucoup voyagé et vécu un peu partout. La cité, la Martinique, les favelas. Polyglotte et nourrie de nombreuses cultures, elle aime les gens et a envie de partager. Ion Zion a aussi connu des hauts et beaucoup de bas. Et en ce moment, c’est la galère.
Le dessin, elle l’a appris « comme ça » : « J’ai su dessiner avant de savoir écrire et j’ai toujours communiqué par le dessin ». Pour Ion Zion, le dessin est comme un exutoire, un moyen de « vivre mieux » et de « dire les choses ». « Je ne dessine pas pour rien, chaque dessin est un cheminement ». A travers cette chronique, Ion Zion nous fait découvrir ses univers et ce qu’elle a à dire : « l’autre côté du décor dans les îles françaises, la justice qui est faite pour les riches, une société qui nous tient par la peur …«
Ma vie m’a amenée à voyager et à travailler en dehors de la France métropolitaine… C’est un très bon exercice. D’abord parce qu’il faut être capable de s’adapter à une nouvelle langue, une autre culture, un manière de vivre différente. Et chacune de ces expériences mises bout à bout avec le temps m’ont permis d’avoir une vision certainement différente que si j’étais restée dans mon village.
J’ai dessiné l’Oracle parce que je crois en l’Universel, je crois au mystère, à l’inexplicable, au magique….je sais que je ne sais rien même si j’en sais plus que certains, mais bien moins que beaucoup. Je n’ai aucune certitude… et une des choses qui m’a toujours intéressée, c’est le Temps… La notion de Temps mixée avec les routes, les décisions que prennent les gens qui influent sur leur vie dans le Temps sans qu’ils en aient conscience au moment où ils agissent ou pas ….
« J’ai dessiné l’Oracle car je crois en l’Universel, je crois au mystère, à la magie … »
Je vous explique :
Quand j’étais petite, j’ai été élevée par mes grands-parents. Mon grand-père était ingénieur astrophysicien et je passais beaucoup de temps avec lui à parler des étoiles, des planètes, de l’univers… Je trouvais ça extraordinaire. Il me dit un jour :
« Sais-tu ce que ton cerveau ne peut pas se représenter ? »… Cette simple question me demanda un effort de réflexion intense, mais je trouvais cette question magique, une colle… et après quelques minutes, je lui dis très fière : « Le Temps qui passe »
Mon grand-père rit : « Oui, mais encore… Pourquoi ton cerveau ne peut pas se représenter le Temps qui passe ? »
C’était le drame avec mes grands-parents, il y avait toujours des questions derrière les questions. C’était terrible… Je réfléchis encore intensément plusieurs minutes…
« Parce que le Temps est comme l’eau : on ne peut pas le tenir dans la main mais, en plus, on ne le voit pas… alors on ne sait pas à quoi il ressemble, ce n’est qu’après que je vois maintenant et pourtant maintenant c’est déjà passé le temps que je finisse de dire le mot ».
« L’Univers est illimité, tout comme le Temps »
« Oui, certes, ma petite fille. Dans la vie, sois toujours curieuse et demande-toi toujours pourquoi les choses sont, se font ou ne sont pas et ne se font pas… Tout est logique, tout s’explique et ce qu’on ne s’explique pas aujourd’hui, demain, dans 10 ans, 100 ans, on l’expliquera. Tu as presque bien répondu, la réponse est l’Univers parce qu’il est illimité. Tout comme le Temps : le cerveau ne peut pas se représenter ce qui est sans limite, l’Homme se rassure en mettant des débuts et des fins. Par exemple, les frontières : on t’apprend que ce sont des lignes imaginaires. Et pourtant, depuis la nuit des temps, les hommes se font la guerre pour modifier des lignes imaginaires, n’est-ce pas absurde ? »
Alors j’ai voulu dessiner le Temps qui passe et qui sait tout. J’ai écrit comme si le Temps nous parlait puisqu’il connaît hier, maintenant et demain et que le Temps est bon malgré tout dans l’absolu. Il nous prévient et nous protège et nous permet de relativiser. Comme écrivait Charles Baudelaire dans l’Horloge, un de mes poèmes favoris :
« Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C’est la loi. »
Avec ce dessin vient aussi un poème :
J’ai vu des pays où les arbres sont gris
J’ai vu des pays où les gens sont si petits
J’ai vu des gens sans amour ni peine
J’ai vu des gens sans amour remplis de haine
J’ai vu des arc-en-ciel dans des favelas
J’ai vu des enfants jouer des maracas
J’ai vu les rires des pêcheurs de perle
J’ai vu l’Amour ne jamais se perdre
Vois-tu, je ne crois que ce que je vois
Que la Vie trouve toujours sa voie
Alors si tu ne le vois pas
Tant pis pour toi!
ION ZION (à retrouver aussi sur Facebook)
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