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« Violences conjugales »
Alors que le 100ème féminicide vient d’être perpétré, mardi s’ouvre « Le Grenelle des violences conjugales ». Un genre de Grand Débat puisque (hormis le rendez-vous VIP avec les membres du gouvernement en tête de gondole pour dire : « C’est mal, trouvons des solutions pour que les cons à petites bites arrêtent de trucider les femmes ») 91 Grenelles locaux auront lieu un peu partout en France. Et ce pendant trois mois. Le ministère de l’Egalité homme-femme promet déjà des annonces fortes « dès le premier jour »… C’est chouette, attendons mardi puisqu’on voit bien l’inutilité de les divulguer avant ! Et accessoirement de les mettre en œuvre.
Que je suis impatiente.
Durant trois mois donc, va y avoir des annonces (ça en général cela ne coûte rien, on peut en faire à gogo) et on va discuter sec sur les coins de table. Associations, policiers, acteurs de terrain, juristes… tout le monde va se demander comment freiner cette soif compulsive qu’ont certains mâles de vouloir buter leur conjointe ou ex-conjointe. Et aussi se demander comment sortir les femmes du radar de ces caïds. C’est vrai que la question est tellement nouvelle qu’il fallait bien un Grenelle pour la poser !
Il y a quelque temps, on nous avait présenté en grande pompe (funèbre) le téléphone « grand danger ». Un genre de portable attribué par le procureur aux femmes dont on estime que l’espérance de vie risque d’être vite abrégée, du fait de l’obstination continuelle de types à les menacer de mort… Le principe est simple : en cas de danger, madame appuie sur un bouton d’urgence et elle est mise en relation immédiate avec (ne quittez pas, vous avez demandé) la police. Ledit téléphone est aussi géo-localisable, ce qui est drôlement pratique pour retrouver le cadavre de la dame en question. Ben oui. Faut quand même avouer qu’entre l’appel de la future victime et l’arrivée des secours, il est probable que les protagonistes n’ont pas fait un Scrabble. A noter que ce joujou n’est fourni qu’à des femmes dont les ex ont une interdiction judiciaire de les approcher.
Donc si une fille l’a obtenu, c’est qu’elle a fait un bout de chemin devant les tribunaux. C’est loin d’être la majorité des potentielles victimes. Le problème des violences conjugales est qu’elles ne font pas bon ménage avec la lenteur administrative. Ni avec les interrogations de la police ou de la gendarmerie. Quand il existe le moindre risque, c’est à la seconde même qu’il faut proposer des solutions ! Sur un claquement de doigt ! Sauf que pour avoir ces solutions, faut que l’Etat mette du pognon dans les tuyaux. Certaines associations parlent d’un milliard. Pas grand-chose un milliard quand on sait que le coût de ces violences est estimé à 3 milliards par année… La suppression de l’ISF a d’ailleurs fait perdre exactement les mêmes 3 milliards à l’Etat. C’est ballot. D’autant qu’avant les vacances, il manquait encore au gouvernement 3 milliards pour boucler son budget ! Côté fric, je ne suis donc pas certaine que ça passe.
Il y a grosso-modo 220.000 femmes concernées par des violences physiques ou sexuelles au sein de leur home sweet homme. Et il n’existe aucune solution-miracle. Mais la première reste celle du logement. Afin que le taré qui la pourchasse ne soit pas en capacité de sonner à sa porte comme ça lui chante ! Il y a environ 35.000 communes en France. Chacune pourrait avoir à disposition des logements d’urgence. Pour nos 220.000 nanas, cela représente moins de 7 appartements par commune. On pourrait penser aussi aux préfectures. Elles ont bien de l’espace entre deux salons de réception, non ? Et au sein des gendarmeries, y’a pas un petit local dispo dans les immeubles de fonction ? Puis si les appartements ne sont pas occupés, ils peuvent toujours les filer à des migrants ou des SDF qui eux aussi font leur possible pour ne pas mourir… Bon, ok je m’éloigne du sujet. Autre petite idée : Que les employeurs soient dans l’obligation de donner un mois de congé aux femmes exfiltrées (parce que c’est bien le mot). Car le boulot – ou sa perte possible – est aussi un frein. Qu’on puisse scolariser les enfants coincés dans cette vendetta dans une autre école ; sans attendre une demande de dérogation. Et surtout que chaque procédure ne traîne pas ! Faire en sorte que les flics soient dans l’obligation de prendre en charge concrètement – et pas seulement sur le papier – ces femmes au bout du rouleau. Après l’hébergement d’urgence, il faudrait des attributions de logement dans les 15 jours par les HLM. Et pourquoi pas une aide des Allocations familiales pour payer un déménagement ? Au lieu de filer au compte-goutte des téléphones « grand danger », pourquoi ne pas foutre un bracelet électronique à monsieur Ducon ? Le bidule alerterait aussitôt les forces de l’ordre en cas d’approche à moins d’un kilomètre de madame ou ses enfants. J’ajouterais bien une bonne décharge dans les couilles pour l’effet dissuasif… mais j’imagine que ça ne va pas être possible.
Sinon, accessoirement, je le dis et le répète : éduquons nos enfants ! L’école, à l’appui des parents, a aussi son rôle à jouer.
En attendant que les connards élevés comme des brutes meurent tranquillement de vieillesse et que la nouvelle génération les remplace (soit une cinquantaine d’années) il va donc falloir trouver de l’argent pour aider toutes les femmes menacées.
Si le prochain féminicide est une immolation cela attendrira peut-être les donateurs privés si affectés par tout ce qui part en fumée. Pour mémoire, après l’incendie de Notre-Dame, le groupe Pinault a offert 100 millions pour sa reconstruction ; tout comme Total. LVMH lui a versé 200 millions. La fondation Bettencourt a fait de même. L’Amazonie les a aussi émus.
Après une immolation, on imagine donc qu’ils en feraient autant pour la condition de ces femmes.
Parce qu’elles le valent bien.
Non ?
(dessin de Jiho dessins de presse pour Siné Mensuel. Pour des infos supplémentaires suivez les pages Nous Toutes ou Féminicides par compagnons ou ex. A lire aussi le dernier numéro de Siné Madame et de nombreux autres articles dans la presse)
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