Vous pouvez retrouver toutes les « Chroniques de Fabienne » directement sur son blog « Le Journal d’une chômeuse »
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La start-up nation a encore frappé ! Pourtant, on pensait que le gamin de l’Elysée avait fait son introspection. Que le garnement avait compris la leçon ! Rappelez-vous …
… il y a quelques jours, notre disruptif président s’exprimant à Genève pour le 100ème anniversaire de l’Organisation Internationale du Travail, reconnaissait – suite au conflit avec les Gilets Jaunes – « une erreur fondamentale » avant d’ajouter : « nous avons peut-être parfois construit des bonnes réponses trop loin de nos concitoyens ».
Alors pour le côté lointain, je confirme qu’on est sur un fossé large d’une année-lumière. Quant aux « bonnes réponses » …
Du coup, on s’imaginait que concernant la crise des Urgences dans les hôpitaux, Agnès Buzyn allait construire des réponses ad-hoc mais proches, cette fois, des concitoyens. Parce que – faut lui accorder ça – c’est une nana qui a le sens du Service public. Par exemple, comme l’expliquait le Canard Enchaîné, elle avait fait en 2018 « un chantage à la démission » afin que son mari soit renouvelé à la tête de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Evidemment illico, Libé a parlé de « conflit d’intérêt » … Rhô, c’était abusé ! Je suis certaine que l’intention était juste d’assurer la continuité des services. Idem quand, vers 2011, Dame Agnès a été rémunérée par des labos privés tout en gardant ses fonctions dans divers organismes publics. Nul ne doute que c’était pour « faire du lien ».
Soit ! Après des années où les Urgences avouent leur état d’urgence, où les personnels hospitaliers hurlent de désespoir enchaînés à des conditions de travail inadmissibles, Dame Agnès vient d’annoncer le déblocage d’une enveloppe de … 70 millions d’euros.
Yeees … Youpi ! Enfin des équipes en renfort, des lits, des matériels et des moyens à gogo !
Eh non.
Ben non.
Déjà parce que 70 millions c’est que dalle. Peau de chagrin … A titre de comparaison, la fraude fiscale des multinationales coûtent 14 milliards (par an) à la France.
Et surtout, parce que 55 millions – sur ces fameux 70 – seront consacrés à la revalorisation d’une prime pour une moyenne de… 100 euros net pour 30.000 salariés concernés. Il reste aussi 15 petits millions pour « renforcer les effectifs paramédicaux durant la période estivale et maintenir ainsi un maximum de lits ouverts ».
Du coup, j’ai du mal à comprendre comment cette coquette somme va aider les hôpitaux et alléger les équipes en burn-out ! Les soignants vivront-ils mieux le fait de bosser 60 heures par semaine… avec 100 balles de plus dans la blouse ? Garderont-ils le sourire quand on les agressera ou qu’on leur crachera dessus ? Seront-ils enfin plus détendus en regardant mourir les patients dans les couloirs, faute de lits ?
L’Agnès, faudrait qu’elle intègre la requête : on ne lui demandait pas de renforcer les effectifs l’été ou d’éviter la fermeture de lits… mais de renforcer les effectifs toute l’année. Et pas seulement les paramédicaux. Il faut ouvrir de nouveaux lits ; pas éviter que les déjà existants ferment !
Une fois de plus – une fois de trop – la réponse gouvernementale est à mille lieues de la demande des concitoyens et des salariés. De ceux qui connaissent le terrain et le subissent au quotidien.
Et comme d’habitude, la réponse d’en-haut tombe à côté de la plaque.
Toujours en avril, le jeune Manu avait dit regretter d’avoir « donné le sentiment d’être dur, parfois injuste ».
Ben Manu… on n’est pas rendus.
(Dessin de Charb qui n’a pas pris une ride. Enfin je parle du dessin. Quoique Charb non plus finalement ☹️ )
(et pour connaître la réalité des soignants, suivez Sabrina Aurora )
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