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« Au revoir président ! »
Le Medef voit partir Pierre Gattaz.
Sérieux, ça fait un coup quand même. Ses petits yeux rieurs, son sourire de requin. Ce beau sourire à cran d’arrêt. Il va me manquer Pierrot… Cinq ans qu’il est à la tête du Mouvement des Entreprises de France. Et pour sûr, comme Jupiter, il était en mouvement !
Rappelez-vous sa promesse du « un million d’emplois », annonce-phare de son début de mandat. Avec ses pin’s jaunes fabriqués en République Tchèque et qui sont devenus collectors (d’ailleurs si vous en trouvez un, je suis preneuse). Ce jaune cocu qui allait si bien avec ses costumes bleu (de roi du) pétrole. Puis, souvenez-vous, quand il a refusé toute contrepartie en échange du Pacte de responsabilité. Ces baisses de cotisations patronales et ces mesures de réduction fiscale pour les entreprises, environ 40 milliards, pour booster les embauches et l’investissement. Un pognon de dingue. Essaie, toi, de garder n’importe quelle aide de l’Etat sans aucune justification. Tu verras si tu l’ouvriras longtemps ta grande gueule…
Pierrot lui, n’a jamais cessé de l’ouvrir. Smic intermédiaire ; suppression de l’ISF (Gattaz peut dire merci au gamin de l’Elysée) ; syndicalistes « terroristes » ; « les dividendes c’est merveilleux, magnifique » ; « Il faut sortir de la convention 158 de l’Organisation internationale du travail qui nous oblige à justifier les motifs du licenciement » ; « Notre modèle social a vécu, il n’est plus adapté» ; « créer un compte pénibilité, c’est ouvrir une boîte de Pandore de façon improvisée » ; « Si les CDD sont surtaxés, vous n’aurez plus aucun patron qui embauchera, ni en CDI, ni en CDD » etc.
Gattaz, c’est l’archétype de la caricature du patron sans état d’âme. Une marionnette de Feu Les Guignols, avec qui il n’y avait nul besoin de grossir le trait. Et qui pourtant, durant cinq ans, a vraiment été à la tête du Medef.
Maintenant j’ai d’autres petites phrases en stock. Comme : « Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualifications pour le faire et ce n’est pas loin de chez eux » ou encore ne rien céder « ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ». Mais aussi : « une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien. » ; « la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler » ou enfin « responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté ».
Ces saillies – vous les aurez reconnues – ne sont pas de Pierre Gattaz mais du mioche jupitérien.
Pas de grande différence me direz-vous.
Sauf que lui, on a encore quatre ans à se le fader.
(dessin du très bon Goubelle – Dessin de presse)
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