07/07/2017

Mardi, j’ai fait un aller-et-retour à Dijon pour causer CDD avec mon futur éphémère patron. Tout s’est bien passé. Un vrai bonheur de replonger dans l’univers du travail, surtout journalistique.

Pour ce faire, j’ai pris le train. Car pour ceux qui ne connaissent pas, entre Nevers et la capitale de la moutarde, il y a 200 kilomètres. Pas si loin me direz-vous… Sauf qu’en voiture, il faut compter au moins trois heures pour atteindre sa destination. Joies et plaisirs du vert pays des eaux vives…

Donc la gare. Ce lieu qui me situe dans la catégorie « rien » de la nomenclature Jupitérienne. Mais en dehors des rien et de ceux qui ont réussi, il faut ajouter le sous-menu de ceux en devenir. Lors de mon voyage-express, j’ai croisé un petit groupe de ces nouvelles graines, en l’occurrence des jeunes que j’imagine être en première. Ils étaient une douzaine, sac au dos et tentes posées à la « va comme j’te pousse » dans les wagons. Pourtant, malgré l’intention évidente d’aller ouvrir les toiles pour une soirée au clair de lune, ils étaient tous sapés comme des milords. Sur leur 31. Les postures étaient altières, la peau déjà légèrement bronzée. Les filles rivalisant de séduction, les garçons faisant saillir les biceps à la moindre occasion. Tous étaient joyeusement bruyants. Les rires fusaient, ils avaient pris possession des lieux au milieu des autres voyageurs qui, eux, pour l’essentiel revenaient du boulot. Ce train pouvant être comparé à un TER en région parisienne.

Soit. Ils ont 17 ou 18 ans et fêtent leur bac de français avec ostentation. J’en ai presque 48 et je ne donne plus de leçons à personne depuis longtemps. Pour eux, l’avenir semble une formalité. De mon côté, me voilà aux anges simplement parce que je sais ce que va être mon quotidien durant cinq petits mois. Le temps de mon furtif CDD. Eux ne doutent pas, ne doutent de rien. Eux, ne se doutent pas… C’est ce que je ressens en tout cas. Je me rappelle moi au même âge. C’était sûr et certain, le monde allait me dérouler un tapis rouge !

Tant mieux pour eux. Car même s’ils ont largement dépassé l’âge de croire au Père noël, il faut leur laisser ce droit de rêver encore un peu. Même si leur regard posé sur les autres passagers, si vieux déjà, comparés à leur verdeur, n’était guère magnanime. Même si beaucoup – comme j’étais moi-même il y a trente ans de cela – s’autorisent à juger, durement et rapidement, les adultes fatigués… ces rien que nous sommes devenus pour avoir peu trop morflés.

Laissons-les profiter encore.
Ils auront toujours le temps de se heurter à la vie.

(dessin du chouette Deligne pour Urtikan.net)