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Con-Finement
Comme tout le monde ou presque, je me confine. Mais vraiment et quand je fais les choses, je les fais bien. Je me confine chaque jour davantage, mais avec tout le temps que j’ai devant moi, je réfléchis. Et ça, c’est pas bon ! Je devrais confiner également mon cerveau, mais je n’y arrive pas.
Et plus je penses, plus je me rends compte que les directives gouvernementales de quasiment tous les pays du monde, ont un train de retard. Y’a des trucs qui m’échappent. Genre : la chine confine ses citoyens. Ils annoncent une épidémie mortelle sur leur territoire. Le monde ferme-t-il ses frontières avec la Chine ? Non, on veut pas les froisser, après tout c’est un pays qui compte grave. Alors, on maintient les vols commerciaux comme si de rien était. L’Iran, l’Italie, l’Espagne, et tant d’autres annoncent que l’épidémie est chez eux et qu’elle fait des ravages en plus. On fait quoi nous ? On maintient naturellement les vols avec ces pays. Et on attend pénard que le virus débarque en first class chez nous. Il aurait fallu déployer le tapis rouge à mon sens, avec champagne à l’arrivée !
Bon, le virus est là. OK, la France fait quoi ? Bah elle tergiverse si ou non, le COVID-19 serait aussi mortel qu’ailleurs. Les scientifiques n’étaient pas tous d’accord, faut les comprendre, en Chine, ce sont les chinois qui vivent, pas les français ! Et comme tout le monde le sait, les chinois ne sont pas des humains aussi résistants que les français.
Bon, allez, on est d’accord enfin de compte, après plus de deux semaines de dossiers scientifiques et de rapports d’état, on va faire parler Macron. Après tout, c’est la tête du gouvernement qui sait à peu près tout ou presque.
Faut quand même rentrer de la maille, c’est pas tout ça, faut nourrir les élites que diable !
Alors il vient le 11 mars 2020 devant la caméra et explique que oui, y’a une crise sanitaire, mais gardon notre calme, la France prévaudra. Donc, on maintient le premier tour des élections municipales. Logique, y’a une maladie mortelle qui circule librement, mais faut voter ! On ferme les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités. Les enfants sont tous suspects, qu’on se le dise ! On demande aux entreprises et quand cela est possible, de permettre à leurs employés de travailler à distance. Faut quand même rentrer de la maille, c’est pas tout ça, faut nourrir les élites que diable ! Les transports publics sont maintenus. Personne ne peut être contaminé dans un métro, c’est une vue de l’esprit ça. Mais on invite tous les Français à limiter leurs déplacements au strict nécessaire. Le métro c’est sans risques, mais tout le monde peut être contaminé dans le RER ! Et enfin, envers les plus démunis, les plus fragiles ; la trêve hivernale est reportée de deux mois. Youpi, ne payez pas votre loyer deux mois car vous avez besoin d’argent pour nourrir vos enfants aux déjeuners puisque ils n’ont plus école et faite vous expulser plus tard. Je fais l’impasse sur les aides du gouvernement aux entreprises et a l’accès au chômage partiel, etc.
En gros, voilà les mesures de la phase deux de la crise sanitaire le 11 mars. Quand le même jour, mais vraiment le même jour, le 11 mars donc, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait que l’épidémie due au coronavirus était désormais considérée comme une pandémie ! A la même date toujours et depuis l’apparition du coronavirus Covid-19 en décembre, près de 120 000 cas d’infection avaient été recensés dans 110 pays et territoires, causant la mort d’au moins 4 351 personnes. Et ce chiffre de 120 000 cas ne reflète qu’une fraction du nombre réel de contamination vue que la plupart des pays ne testent désormais que les cas nécessitant une hospitalisation. En fait, quand on est « à ça » de crever quoi.
En cinq jours, pas plus, pas moins, on se rend compte que finalement : on est en guerre !
Mais le 16 mars, le ton change. Macron revient devant la caméra. Il sait toujours mieux que tout le monde ou presque et il doit nous le faire savoir. Alors là, ca rigole moins. En cinq jours, pas plus, pas moins, on se rend compte que finalement : on est en guerre ! Et quand on est en guerre, bah, on lutte ! Du coups, on sort l’artillerie lourde. Le deuxième tour des municipales ? Mais vous êtes fous ou quoi, faut pas aller voter quand un virus mortel circule librement ! Fini les restaurants, magasins, cinémas ou concerts. Terminé d’aller travailler. Qui parle de sortir d’ailleurs, hop, hop, hop, CONFINEMENT ! On respecte le confinement si non, on se prend une prune. Et quand on sort, on s’approche pas à moins d’1m20 de son voisin de trottoir ou plus facile encore, du caddie de son voisin de supermarché. Et oui, en cinq jours, on en apprend des choses. Comme le fait que les italiens, qui sont quand même plus proches que les chinois en termes d’organes, bah les pauvres, tombent comme des mouches. Mais bon, le 16 mars, Macron, qui sait toujours mieux que tout le monde ou vraiment presque, parle de quinze jours.
Je m’imagine les discussions de couloir à l’Elysée « Top l’allocution de Macron. En quinze jours les mecs, fini le confinement, on est tous guérit. Le Covid-19 ? Son compte est bon ! Il résistera pas à l’air français ! Quoi il a résisté des mois en Chine et ailleurs, oui, c’est bien ce que je dis, ce n’était pas l’air français qu’il respirait le petit Corona ! » Bon, le 24 mars, huit jours plus tard donc, on s’aperçoit penaud que l’air français bah, le Covid-19 s’en accommode très bien. Pire encore, on se rend compte que les chinois et nous, comment dire ? On est fait pareil, on meurt de cette saloperie. Alors, on rajoute normalement quatre semaines de confinement de plus aux deux semaines préalables.
Maintenant, je me dis qu’on est tous sauvé. Bon, j’ai une petite voix dans ma tête qui me dit le contraire, on se prend la tête (c’est le cas de le dire) sur le sujet…
- Moi : Si, on l’est, on est confiné six semaines en tout.
- Ma petite voix : OK, mais sans même savoir qui est porteur ou pas, surtout qu’on est porteur « sain » jusqu’à quatorze jours et qu’il y a deux souches, et on sait pas si on peut attraper les deux souches l’une après l’autre.
- Moi : Ça veut dire que quand on sera « dé-confiné », on reprendra tous nos vies avec la possibilité qu’on soit contaminé et qu’on refile ça aux copains ? Non mais une minute, ça veut dire… Ca veut dire qu’on est absolument pas sauvé si on sait pas qui est malade ou pas !
- Toujours moi : Mais alors, pourquoi on fait pas comme en Allemagne. Pourquoi on teste pas la population dans son ensemble pour confiner ceux qui sont porteurs et endiguer une bonne fois pour toute ce fléau ?
- La petite voix qui me casse les pieds : Ça coute trop cher !
- Moi, qui commence à avoir mal au crane : Mais le gouvernement vient de dégainer 45 milliards pour parer à l’effondrement de l’activité économique, ça couterait plus cher ?
- La voix de l’enfer : Non !
- Moi : Alors pourquoi on le fait pas ?
- La voix qui veut avoir raison sur le coup : Parce qu’on est pas des entreprises !
- Moi, qui réalise que la voix a un raisonnement débile : Mais les entreprises sont faites de quoi ? De travailleurs, de gens ! Donc, s’ils sont malades ou décèdent, ça va couter encore plus cher, c’est un cercle sans fin… Sans parler de l’horreur de tous ces morts.
Et là, la voix qui visiblement veut avoir le dernier mot, me répond la chose suivante : Hey, je suis pas le gouvernement moi ! C’est à eux que tu devrais dire ça ! Bon, merci Shiva, la voix n’a pas mentionné le traitement à l’hydroxychloroquine qui fonctionne plutôt bien mais que la France a décidé de tester des semaines avant de l’administrer. Bah oui, ce médicament donné depuis des années à des militaires ou des personnes se rendant dans des pays risqués donne des effets secondaires. C’est pas jouable en l’état, vaut mieux mourir que d’avoir mal au ventre. Sans rigoler, imaginez que l’Etat se retrouve avec des plaintes pour des crampes intestinales, ce serait une catastrophe. Laisser les gens décéder, c’est plus prudent quand même, ils ne risquent pas d’attaquer pour troubles gastriques !
Quand je vous dit que je dois confiner mon cerveau !
Bon, moi je vais retourner me coucher, oups, pardon, me confiner. Et si j’étais vous, quand le confinement sera levé, gardez quand même vos distances. Récurez-vous les mains cent fois par jour. Si vous avez la chance d’avoir toujours un job quand la vie reprendra faiblement ses droits, ne serrez plus la main, la bise du matin ? Oubliez. Car n’omettez pas de comprendre ; une personne pourra être affectée à son insu deux jours avant la fin du confinement, elle sera contagieuse. Aussi, sans savoir qui est porteur ou pas, confinez vos habitudes.
M. G.
Illustration-titre : ChW – « Chemin en tunnel, obscur, mais qui mène à la Lumière »
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