Avec nous

Depuis 2014, j’échange avec un groupe de citoyennes et de citoyens réunis dans une association nommée Nous aussi. C’est une association nationale qui a des déclinaisons dans la plupart des départements de France. Dans le Doubs, cette association a des antennes à Besançon et son agglomération, dans le pays de Montbéliard, à Morteau…

L’une des conditions pour être membre de cette association est d’être soi-même handicapé intellectuel. Cette condition se justifie aux yeux des initiateurs pour s’assurer que ce sont bien les personnes handicapées elles-mêmes qui prennent leurs décisions qui les concernent et non d’autres (parents, institutions, etc.), aussi bien intentionnés soient-ils.

Le groupe de Besançon, que j’avais rencontré quand j’étais députée, parle politique, organise des soirées restaurant ou karaoké, des journées pour parler de leur sexualité, des discussions sur l’opportunité d’aller au salon de l’érotisme, des revendications des gilets jaunes ou des paysans, de la place des personnes migrantes dans la ville… Ils ont également une chorale et ont sorti un disque.

En période électorale, il prépare des rencontres avec les candidat-e-s, afin de dire leurs attentes, de poser des questions. Ils réalisent ensuite des documents d’informations accessibles (textes moins longs, vocabulaire courant) à l’intention des personnes handicapées intellectuelles afin que celles-ci puissent remplir leurs devoirs citoyens en étant informées. La plupart travaillent, certains ont des enfants.

Pour faire tout cela, ils sont accompagnés d’un animateur, Romaric. Je dis bien « accompagnés ». Romaric sait les écouter, les encourager, il ne fait pas à leur place, il se moque parfois d’eux, gentiment, et ils le lui rendent bien.

Depuis plusieurs mois, ils réfléchissent à cette condition d’être handicapé intellectuel pour être membre de leur association. Plusieurs raisons à cela. Déjà, la limite entre qui serait handicapé et qui ne le serait pas est floue, mouvante, dépend des façons d’évaluer, des cultures, des moments dans la vie. Ensuite, ils réfléchissent, travaillent, échangent, s’amusent avec plein de personnes non considérées comme « handicapées » et ils trouveraient « normal » qu’elles aussi soient membres de leur association.

Enfin, ce qu’ils veulent c’est appartenir à la cité à égalité avec les autres, pas être à part. Alors ils se sont dit que, pour cela il serait mieux que leur association à eux aussi soit ouverte. Conséquents, ils ont créé une nouvelle association, dont ils ont choisi le nom – qui doit être confirmé – cette semaine, Avec nous. Façon d’inviter à les rejoindre. Je suis très fière de participer à ces réflexions avec eux et de pouvoir être membre de leur association.

J’écris régulièrement dans le journal l’Humanité (tous les mardis) une chronique qui choisit de parler plutôt de celles et de ceux dont on parle peu, qui s’expriment peu… Je vis à Besançon, dans le Doubs, dans l’est de la France. J’enseigne dans un collège avec beaucoup d’élèves en grandes difficultés, dans une prison (une maison d’arrêt) et j’échange régulièrement avec un groupe de personnes dites « handicapées intellectuelles », je suis également en contact régulier avec des personnes migrantes ou des associations qui les accompagnent. C’est de mes rencontres avec eux dont je parle, mais je ne prétends pas m’exprimer à leur place. Je suis heureuse de les partager avec les lecteurs de ce journal. Barbara ROMAGNAN

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