Chaque jour, Alain adresse à l’Archipel des Sans-Voix un « billet » et parfois des images pour que nous puissions les publier ici en son nom.

Billet 1 –  lundi 16 juillet : Grenoble > Martigny (CH)

Bonsoir,
Ce soir je dors en Suisse pour plagier un chanteur Breton….

Je suis donc arrivé à Martigny, première étape d’une longue série qui j’espère me feront passer de déséquilibre en déséquilibre. Mais n’est ce pas l’essence même de la marche ? Une forme de marginalité qui pendant ces 45 jours qui m’attendent va me tenir a bonne distance de la société.

Hier j’ai pu vous entretenir brièvement du rituel du sac. Et bien aujourd’hui je me suis perdu dans la géographie « sacadostrienne » J’avais pourtant passé hier un long moment à préparer mon équipement. J’avais pesé, même soupesé ce fichu sac pour évaluer mon niveau de désir, de pertinence et surtout évalué la nécessité de chaque chose. Et bien vous savez quoi ? Je me suis encore une fois planté! Mais le mot « essentiel » n’a pas la même définition selon que l’on est sédentaire, souvent, ou nomade, parfois. Aussi, ce soir sous le cerisier, je crois, j’ai du tout défaire pour mettre le superflus en-dessous et l’essentiel au-dessus. Vous n’imaginez pas combien c’est compliqué de chercher son couteau quand celui-ci est au fond du sac ou que vous prenez une saucée et que vous ne savez plus dans quelle poche vous avez rangé votre vêtement de pluie. Quand vous avez pensé à le prendre …! Bref je n’ai pas retrouvé mes lunettes de vue, mes pansements par contre j’ai pléthore de mouchoirs en papier, mais pas de savon et de sacs en plastique vides. Vive l’écologie !!!!!

Donc ce soir, halte dans un refuge tenu par des Protestants, dans le Valais farouchement catholique c’est un comble, mais je dois vous avouer que j’aime bien la situation.

Pas de photos aujourd’hui var j’ai aussi oublié le chargeur. Mais j’en aurais un demain. Et puis comme je dis souvent « il faut avoir vécu des situations difficiles pour apprécier les belles et bonne choses« .

A demain
Amitiés fraternelles
Alain

Billet 2 – mardi 17 juillet : Martigny > Bourg St Pierre (30 km)

Bonjour
Première étape entièrement pédestre. Le genre de journée qui me fait comprendre que marcher, pour moi, c’est avant tout parcourir et découvrir,  arpenter et fuguer, errer et migrer. En deux mots : être vivant.

Je vous écrit cela peut-être parce que je n’ai croisé au cours de ma déambulation aucun être vivant et que tout mon être s’est concentré à mettre un pied devant l’autre, à éviter de me tordre les pieds sur des chemins que l’on dit avoir été empruntés par des armées …! Soit ceux qui les composaient avaient de petits pieds ou alors il n’y avait pas de fantassins. La tentation de lever les yeux m’a poussé à m’arrêter souvent surtout dans la deuxième partie du voyage après Orsières pour ceux qui ont le courage de me suivre avec un atlas !!!!!

Paysages construits  par la main de l’Homme alternants champs et forêts, torrents souvent dressés mais parfois rageurs. Chemins courants à flanc de montagne mais toujours s’ouvrant sur des impressions naturelles encore plus surréalistes que les précédentes. Les photos suivantes j’espère vous donneront un aperçu.

J’ai dans la tête tellement d’images que je n’arrive plus à les classer.

 

Billet 3 – mercredi 18 juillet : Bourg St Pierre > Col de Grand St Bernard (13 km / Cumul 43)

Bonjour,
Si durant ce voyage il y avait une étape à ne pas oublier de cocher, c’était bien celle là. Et je l’ai faite avec tellement de plaisir et d’enthousiasme que si ce soir je suis dans l’impossibilité de mettre trois pieds devant l’autre, je suis dans l’euphorie totale.

Imaginez, j’ai marché dans les pas des tribus qui sont venues en Italie bien avant Jésus Christ, plus près de nous des soldats de Charlemagne et de Napoléon. J’ai avancé dans des champs de fleurs multicolores qui m’ont renforcé dans mon opinion, à savoir que c’est de la diversité que naît la beauté et les extrémistes de tous bords devraient plus souvent s’inspirer de l’intelligence de Dame Nature pour écrire leurs thèses.

Je me suis emplie de beautés que seul l’oeil Humain peut comprendre. Un chalet de haut-alpage, un chemin qui monte à 2.473 mètres et qui serpente entre ruisseaux et massif de fleurs, le bleu d’un lac, le noir des vaches en libertés qui vous regardent passer … quand elles veulent bien vous laisser passer. Je me suis fait attaquer par 2 d’entre elles …!

Et puis cet hospice que l’on atteint après 5 heures éreintantes ou seul la volonté et les caractères de chacun vous permettent d’y arriver. Et le sourire de l’accueil, vous lave de votre sueur et vous soulage de votre fatigue.
J’ai adoré cette journée, qui merveilleusement m’a rapproché de chacun d’entre vous…..
Prenez bien soin de vous.
Amitiés fraternelles.
Alain

*** Chronique à suivre … pas à pas ***

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