Je l’ai vu un matin, s’approcher du vieux banc,
Un brin déguenillé et le pas titubant,
Un mégot presque éteint accroché a ses lèvres,
Et les yeux transparents comme embués de fièvre.
Il semble hésiter juste avant de s’assoir,
Comme s’il comparait le banc et le trottoir,
Puis il choisit le luxe du siège en hauteur
Pour achever sa bière et reposer son cœur .
Il ne la plus quitté jusqu’au grand froid .
Décembre est arrivé nous annonçant Noël ,
Apportant avec lui son gris manteau de gel,
Et l’homme de la rue souffrant de la froidure
Serrait contre lui sa vieille couverture.
Les passants affairés à préparer les fêtes
En oublient la main du mendiant faisant quête.
Le pauvre malheureux pour unique chaleur,
Trouva sur une grille un filet de vapeur.
Il élu domicile en cet endroit béni,
Comme un oiseau sauvage il y construit son nid.
En guise de brindille il choisit des cartons,
Et s’enroula dedans jusqu’au menton.
Puis il ne bougea plus, ni la nuit ni le jour,
Et sans faire aucun bruit s’endormit pour toujours .
Ce matin sur le sol il ne restait de lui
Qu’un morceau de carton détrempé par la pluie.
Nous ne l’avons pas vu s’éteindre peu a peu,
Alors qu’il mourrait la juste sous nos yeux.
*
Je dédicace ce poème a tous nos amis(es) de la rue, morts de la rue.
de Abderrahmane Abdelatif (Nantes)

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