Les 6 et 7 octobre 2018, nous étions un joli groupe à nous réunir à Paris pour la 1re Université d’Automne des Sans-Voix. Nous avons été accueillis à l’ENS (Ecole Normale Sociale de Paris).
Des quatre coins de France nous nous sommes rapprochés ces deux jours là, bien particuliers pour nous tous. Chacun d’entre nous avions une identité, une personnalité, des expériences, une vie bien personnelle particulière. Les textes qui vont suivre ont été écrits par quelques uns d’entre nous. Forcément les visions divergent, les propos sont différents et c’est bien cela qui est notre RICHESSE !
Commençons par la vision
d’Alain de Grenoble
Il y a des partenaires qui tombent sous le sens. Celles et ceux qui composent « L’Archipel des Sans-Voix » en font partie. D’abord par la nature même de leur projet : donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend pas, ou si peu dans les débats publics; mais aussi et peut-être surtout parce que la plupart d’entre eux sont directement confrontés au quotidien de la pauvreté et de l’exclusion.
Et puis l’origine du projet, à savoir cette « Première Université d’Automne des Sans Voix » n’est pas anodine non plus. Si les membres de l’association éponyme en sont la cheville ouvrière, son histoire est liée à celle de RSA 38. Devenir une association partenaire relève pour nous d’abord de l’évidence et non du principe. C’est le meilleur moyen de nous ouvrir toujours un peu plus à celles et ceux qui vivent la grande précarité et l’incertitude de l’instant ou du lendemain, qu’ils soient nés ici ou ailleurs.
Ces rencontres d’octobre m’ont prouvé, mais j’étais déjà convaincu, que la diversité de paroles, dites et entendues, est la meilleure façon d’écouter et d’appréhender le monde. C’est ce que je retiens en premier de cette journée passée avec les uns(es) et les autres.
Puis cette conscience qui nous relie, à savoir que la grande précarité qui se développe dans notre société pousse nos dirigeants à une stigmatisation infernale pour opposer les gens entre eux selon le principe de diviser pour mieux régner. Continuer à appauvrir la majorité pour enrichir la minorité à laquelle ils appartiennent en rejetant la responsabilité sur un mouvement populiste inéluctable.
Mais je suis le peuple, nous sommes le peuple. C’est ce que j’ai ressenti à travers mes rencontres comme par les mots prononcés, au cours de ces quelques heures partagées.
Aujourd’hui être un « tiers-taisant »(e), c’est à dire le dernier lien entre les personnes abandonnées sur le bord de la route (sourire) c’est aussi être un(e) « résistant »(e) à la soi-disant nécrose des obligations sociales et humaines que des experts financiers veulent amputer
Pour conclure, je suis rentré à la fin de cette journée avec une hargne souriante, un moral renouvelé. Et surtout, une envie folle de prouver à toutes et à tous ces « Tartuffe » qui ont les mots « humanité » et « solidarité » à la bouche que désormais il va falloir compter avec nous, avec moi.
Alain GUEZOU.
Continuons par
Yamina de Paris
De nombreux questionnements portés par une grande espérance d’une société meilleure sont nés à la Première Université d’Automne des Sans Voix et les pistes de réflexion sont nombreuses.
L’espace d’un week-end, j’ai pu m’enrichir de l’apport de l’autre et espère développer mon pouvoir d’agir grâce aux échanges constructifs avec les personnes sans voix, les professionnels du social, les personnes engagées dans l’associatif, les jeunes, les séniors et même les enfants présents à cette première Université d’Automne. On s’est mis à espérer tous ensemble. De belles personnes aux belles énergies ont décidé que c’était possible avec la générosité et la rigueur d’un travail collectif. Porter la voix et rester attentifs aux souffrances que vivent les personnes exclues est, je le crois, un devoir pour chacun d’entre nous car … »Pire que le bruit des bottes il y a le silence des pantoufles » nous rappelle Max Frisch.
Yasmina, Paris.
Des personnes de toute la France nous ont rejoint. Voici le regard de
Michel de Reims
Ce que je peux dire de ces deux jours, ravi d’avoir retrouvé des amis (ies) et d’avoir fait connaissance de personnes exceptionnelles, le tout dans un dialogue convivial, une ambiance amicale et chaleureuse.
On a pu chacun à sa façon, se présenter, communiquer ses idées, ses points de vue et ensemble trouver des actions futures mais aussi chercher des moyens pour l’organisation de l’association.
J’ai pu faire connaissance d’un « gland marcheur » grenoblois et d’une « fleur épanouie » alsacienne avec une volonté et un mental irréprochable malgré leur vécu et leur combat d’actualité.
Après les rencontres, le dialogue, l’écoute et le partage et l’amitié, il faut agir pour la vie de l’association tout en restant unis et solidaires.
Michel, Reims.
Continuons ce beau voyage avec
Maëlle de Mulhouse
Par hasard à Paris le week-end de la première Université d’Automne des Sans-Voix dont j’avais entendu parler plusieurs fois tout au long de mon année mulhousienne et alsacienne, j’ai franchi la porte du 2 rue de Torcy ce samedi matin, sans trop avoir réfléchi à ce que je pensais y trouver ni ce que je venais y chercher …
Juste poussée par mon intuition que quelque chose d’intéressant allait se passer là !
Verdict : une sacrée tempête sous mon petit crâne ! J’ai rencontré des gens franchement sincères et spontanés, qui font que les échanges que l’on vit là vous percutent. Des gens viscéralement déterminés à ne pas rester coincés dans leur bulle, qu’elle soit plutôt confortable ou pas du tout. Et tous convaincus que tout seuls, pas d’issue…
Mais aussi 100000 d’histoires, de sensibilités, d’idées, de compétences et d’expressions d’engagements différentes, parfois contradictoires ou concurrentes, du moins en apparence … mais pourtant bien toujours avec la même idée de tisser ce fameux lien qui rend la vie meilleure : concurrente au sens qu’elles courent au même objectif !
Comment faire alors pour ne pas se transformer en Pénélope (on parle bien de celle d’Ulysse !) qui détisse la nuit ce qu’elle a tissé le jour ?
Je suis repartie avec un très bon « doggy bag » des « Tables de Cana » mais aussi certainement avec une bonne partie de la réponse, continuer à aller écouter les autres ! Et rester convaincue qu’après chaque nouvelle rencontre, le tissage refait sur le métier devrait être un peu plus solide.
Maëlle, Mulhouse.
Nous voici à Bourges avec
Jean Marc
Le 7 et le 8 octobre ont été un moment de partage, et de découvertes. Je vais essayer de témoigner autour de moi ce que j’ai ressenti comme chaleur humaine. La vie en elle même est un moment précaire pour que nous en vivions chaque jour la présence infime qu’elle nous apporte à chacune et à chacun… j’appelle ça la plénitude harmonique !
Jean Marc, Bourges.
Et nous terminerons ces regards croisés avec
Isabelle de Mulhouse
A vous tous, MERCI du fond du cœur. d’avoir préparé et organisé ces 2 journées d’une 1re Université des Sans-Voix. J’ai adoré tous vos regards, sourires et échanges. Enfin, je pouvais vous dire « Salut et Merci l’ami ! ». Notre France est belle, et nous retrouver au moins 2 fois dans l’année pour nous encourager, nous soulager, nous relier entre nous et avec les tous : c’est cela notre Archipel.
Soyez tous et toutes remerciés de vos actions et gestes quotidiens. Nous sommes tous des Colibris du bonheur. Je ne suis sûre de rien, mais ça je le sais.
Vous êtes tous des petites lumières, flammes vivantes de cette société qui manque tellement d’humilité et de bonheur.
Ne changez rien, partageons davantage. Et vive nos futures Universités des Sans-Voix que je nous souhaite parvenir à réunir un jour des milliers, ou des millions … de gens heureux.
Gros gros Schmoutz (« bises » en alsacien dans le texte)
Isabelle, Mulhouse
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