Ma mère face à Alzheimer : le lent effacement

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17 années de lutte silencieuse, de l’annonce du diagnostic en 2001 à son dernier souffle en 2018

Pendant longtemps, ma mère ne présentait aucun signe de la maladie d’Alzheimer. À 70 ans, elle avait bien quelques petits trous de mémoire, mais rien d’alarmant. On mettait cela sur le compte de l’âge. Elle était encore vive, indépendante, et parfaitement capable de gérer sa vie quotidienne. Je n’y voyais rien de préoccupant.

Puis, au fil du temps, tout a changé. Elle perdait ses objets, se répétait, peinait à s’organiser. Son comportement devenait parfois brusque, agité. Elle avait du mal à nommer certaines personnes, même proches. Ce n’était plus de simples oublis : quelque chose se dégradait.

Elle-même s’en rendait compte. Parfois, elle exprimait son inquiétude. D’autres fois, elle niait tout, sans doute par peur. Nous étions entrés dans ce qu’on appelle le « déclin cognitif léger », une étape intermédiaire qui peut durer longtemps, mais qui marque le début d’un effacement lent et douloureux.

Les troubles se sont intensifiés avec les années. Elle ne parvenait plus à gérer ses papiers, ni à suivre une conversation. Elle oubliait des événements récents, se perdait dans ses souvenirs. Elle devenait irritable, confuse. Malgré cela, elle reconnaissait encore ses proches et savait s’orienter chez elle.

Mais peu à peu, elle a perdu son autonomie.  Puis tout est devenu plus compliqué. Elle avait besoin d’assistance pour se laver, s’habiller, manger. Elle était souvent agitée, méfiante, parfois agressive ou hallucinée. La vie à domicile devenait presque impossible.

Elle était là, sans l’être vraiment.

L’entrée en institution a été un moment difficile. Mais c’était devenu une nécessité. Le corps à son tour s’est mis à lâcher. Elle ne marchait plus. Ne parlait presque plus. Ne réagissait plus qu’aux gestes simples, parfois par un gémissement ou une grimace. Elle était là, sans l’être vraiment.

Ma mère a vécu 17 ans avec Alzheimer, du 11 septembre 2001 – une date que je n’oublierai jamais – jusqu’au 6 février 2018, deux jours après avoir soufflé ses 87 bougies. Dix-sept années de lutte, de perte progressive, de deuil par étapes.

Ce témoignage, c’est pour elle. Pour toutes les familles qui vivent cela. Pour dire que la maladie d’Alzheimer n’est pas qu’une perte de mémoire : c’est une disparition lente, une longue traversée de l’oubli. Mais malgré tout, l’amour reste. Il tient, il résiste, même quand les mots s’effacent.

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Michel Catoire Fariello9 août 2025

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