Descendre, ensemble, jusqu’à n’entendre plus que le bruit de nos pas dans des
cendres déjà froide depuis longtemps.
Dans ce tunnel obscure dont les parois sont froides et humides, gorgée d’eau et
si froide que l’on n’ose à peine poser nos mains dessus, car elles glissent.
Nous nous tenons la main en pensant que nos cœurs se réchauffent
mutuellement.
Il fait froid et noir, tout est obscur. Les sons de nos respirations et le frottement
de nos pas font échos contre les parois bruts de ce tunnel.
Bien sur que nous avons peur, peur d’avancer surtout dans cet inconnu obscure
froid humide presque glacial, mais surtout c’est cette angoisses qui ne nous
quitte pas.
Nous ne savons pas pourquoi nous sommes la. Il y a une heure encore nous
dormions blotti comme des marmottes et la comme dans un rêve ou un
cauchemar, nous ne savons pas encore vers quoi ou qui nous allons.
Très loin plus en avant, nous pouvons deviner un orifice, une sortie, d’où
pénètre la lumière, ou une lumière, naturelle ou artificielle..
Nous avons cette peur qui ne nous quitte pas, et qui nous fait avancer à petit
pas. Nous communiquons très peu avec des chuchotements, nous réagissons,
comme si nous étions dans un lieu hanté habité par des entités fantomatiques
mortes ou vivantes.
Alors nous faisons le moins de bruit possible pour ne pas les éveiller et passer
ainsi sans bruit.
Chaque mètre est gagné tous nos sens sont en éveilles, prêt à faire n’importe
quoi en cas de danger et de survis.
Nos petits pas de chat, sans bruit, sont mesurés
Puis cette question qui revient sans cesse, pourquoi sommes-nous-la dans cet
inconnu ?
Pourquoi ce n’est pas comme tous les matins, normal au chaud chez nous ?
Qui nous a mis ici dans cet endroit complètement inconnu, nous dormons peut
être encore, nous sommes peut être encore dans un rêves ou un cauchemar, la
suite le dira.
Sans trop chercher à communiquer nous avançons, les mains moites bien
serrées. Puis sans vouloir effrayer l’autre, au fond de nous, nous pensons et si c’était ça
la fin ?
J’entends battre le cœur de mon amie, le mien est comme déjà éteint mais je
ne dis rien. Mon amie, toute petite, fragile et frêle ne compte que sur moi du
coup je fais comme mine de rien.
Je garde la tête haute et je la tire un peu avec la main, comme pour
l’encourager à continuer d’avancer.
Des sueurs froides font couler de mon front des gouttes de sueurs que je n’ose
essuyer pour ne pas dévoiler à mon amie que moi aussi je suis dans l’effroi.
J’évite ainsi de faire paniquer encore plus ma compagne. Elle compte sur moi je
ne peux pas fléchir, je suis un homme et un homme digne de ce nom ne
montre pas ses peurs.
Nous avons de plus en plus froid, nos vêtements sont très humide et ne
retiennent plus la chaleur.
Nos craintes augmentent, c’est terrible d’avancer vers un inconnu, sans
précisions sur la destination et ce que nous allons découvrir.
Nous pouvons plus reculer, quand je tourne la tête pour regarder en arrière, le
froid et le noir sont si épais, qu’ils nous obligent à avancer vers cette lumière, la
bas plus loin. Il est très difficile d’évaluer les distances.
Le passé ne nous veut plus, le présent sans bouger sera notre chute et notre
mort donc il ne nous reste que cette lumière, cette putain de lumière qui est
émise par je ne sais quoi ou je ne sais qui.
Tout est imprévu, nous ne savons rien, la seule chose dont nous sommes sur
c’est que nous sommes la tous les deux liés par une destiné que nous ne
connaissons pas.
Alors face à notre faiblesse, nous avons en commun la prière. Mais pas la prière
dogmatique classique devant une idole ou symbolisme, non une prière
silencieuse gardée en tête, et nous invoquons, l’esprit d’amour de la nature car
elle seule sait ou nous nous rendons.
Ces prières nous rassurent un peu et nous encouragent et nous espérons ainsi,
traverser ce tunnel taillé avec des pics par des carriers. Ce n’est pas de la roche,
ces parois, ce n’est pas un minérale, c’est un carbone, c’est du charbon. Nous
sommes dans une galerie de mine de charbon, de la houille, j’avais un doute
mais la j’en suis sur, une odeur m’a indiqué cette information.
Nous approchons de cette lumière, cet orifice ouvert à la clarté, tout devient de
plus en plus humide et enfin nous apercevons de la vie. Non pas des animaux
ou des insectes, non, juste des végétaux enracinés sur les parois verticales de
ce tunnel.
Nous commençons à envisager une libération, les végétaux la lumière, l’eau de
source tout nous indique que nous sommes arrivé au bout. Cependant nous ne
crions pas victoire, nous restons très prudents car derrière ces rideaux de
végétaux et humides, dans cette lumière, il y a quoi exactement ?
Nous sommes la, sans savoir pourquoi sans savoir ou aller et encore moins vers
quoi. Est-ce du bon ou est ce du mauvais, c’est pourquoi notre peur reste
présente en nous.
Sur les parois noires de ce tunnel, la lumière de cette sortie fait clignoter des
reflets du charbon brut, une sorte de bleu noir.
Nous approchons de cette lumière craintifs, nos pas s’enfonce dans une sorte
boue glissante, nous n’avons plus le choix il faut sortir, quitter ce monde
obscure ou la vie est impossible.
Nos sons se répercutent encore dans ce tunnel, mais des bruits de sources
d’eau se font entendre, et coulent sur les parois et le rideau végétal.
Avec nos bras nous écartons ce voile de cellulose, comme des lierres et des
plantes rampantes, comme des végétations exotiques ou de la jungle
équatoriale.
Il nous faut dominer nos peurs, rester maitre de notre être et ne pas céder à
une quelconque émotion.
Au fond de moi je me dis « heureusement je ne suis pas seul » et il est sur que
mon amie pense la même chose, peut être plus fort encore.
Aucun de nous deux ne peux imaginer ce que nous allons trouver maintenant,
quelle est ce monde inconnu et donc nouveau ?
Puis enfin le voile vert passé, nous nous trouvons sur un piton rocheux, avec
une vu imprenable sur des vallées à perte de vu, des arbres gigantesques, tout
respire et transpire la vie. En bas de ce piton, coulent un torrent ou la vie doit
foisonner avec des centaines de poissons. Nous ne voyons aucun danger.
Alors nous nous asseyons, nous nous embrassons, puis on se met à rire et tout
notre stress, nos peurs nos angoissent disparaissent, et nous nous allongeons,
dans l’humus et l’herbe qui sont rempli de parfums tous différents, et enfin on
voit cette lumière, c’est un soleil sans nuage qui brille de mille feu en plein
midi.
Serais ce ça le paradis, si simple, si fort et puissant, franchement je pense que
oui.
Yann Jost 15/11/2025 Reims Alias art2pir


















