Depuis l’élection de Donald Trump, une partie du monde s’est indignée contre sa proposition de construire un mur de séparation entre les USA et le Mexique. Le président américain a même demandé à ce dernier de financer ce mur qui devrait permettre de stopper l’immigration clandestine. Cependant, on oublie souvent qu’un premier mur existe bel et bien entre les deux pays. En effet, c’est une barrière de séparation d’environ 1000 km votée en 2006 par le Congrès Américain. C’est Bush mais majoritairement Obama qui ont construit ce projet. D’ailleurs, ces deux derniers présidents américains avec Hillary Clinton ont voté positivement pour sa construction. Le désir de Donald Trump, déjà bien compromis est une intensification de cette clôture de séparation jugée inefficace.

De l’autre coté de l’Atlantique, L’Europe plonge également dans une dynamique d’isolement. En effet, depuis le mouvement de population de 2015/2016, de nombreux pays européens ont construits différents murs afin d’empêcher les exilés de demander l’asile. La vision du mur de Berlin ne semble plus si lointain devant cette politique de fermeture. Selon la chercheuse Elisabeth Vallet, environ 70 murs existent dans le monde contre seulement une dizaine il y a 25 ans.

En France, afin de retenir les exilés de rejoindre le Royaume-Uni, les autorités françaises ont construit à Calais en été 2015 de nombreuses clôtures grillagées s’étendant sur 30 Km pour le port et 40 km protégeant le tunnel sous la Manche. Puis 1 an plus tard sur la rocade portuaire de Calais a été construit un mur d’1 km financé par la Grande-Bretagne.

Mais c’est surtout dans l’Europe de l’Est que de nombreuses clôtures se sont mises en place. En premier lieu la Grèce afin d’empêcher les exilés de venir depuis le Turquie. Cette barrière longue de 12,5 Km se trouve à la frontière avec la Turquie. Ce mur a pour but de stopper une immigration majoritairement Afghane dont les mineurs isolés afghans constituent la première population MNA du continent. Puis en 2014 un autre pays, la Bulgarie a elle aussi érigée un mur de la honte de 176 Km avec la Turquie, un passage obligé pour les réfugiés Syriens, Irakiens et Afghans.

Comme le montre l’image ci-dessus, La Hongrie dirigée par le nationalisme Viktor Orban a construit son grillage barbelé en 2014 de 4 mètres de haut pour une longueur de 175 Km, à la frontière de la Serbie, la Roumanie et la Croatie. Orban a d’ailleurs fustigé les exilés musulmans afin de préserver l’ « identité Chrétienne » : « Nous croyons que le temps est venu d’une renaissance démocratique chrétienne, et non d’un front populaire anti-populiste. Contrairement à la politique libérale, la politique chrétienne est capable de protéger nos peuples, nos nations, nos familles, notre culture, enracinée dans le christianisme et l’égalité entre les hommes et les femmes : en d’autres termes, notre mode de vie européenChacun doit se rendre compte que l’Islam ne fera jamais partie de l’identité des pays européens ».

Photo AFP

La Hongrie est l’un des premiers passages pour les exilés venant du Proche-Orient, c’est pourquoi la Slovénie a également commencé la construction d’une barrière de séparation. En effet, du fait que la Hongrie s’est « en-muraillé » afin que les exilés contournent le pays, ils se redirigent normalement vers la Croatie, pays frontalier avec la Slovénie. Ce dernier devient donc un passage obligé afin de rejoindre l’Europe de l’Ouest, c’est pourquoi des barrières ont été construites par la Slovénie à la frontière de la Croatie et de l’Autriche.

Dans les pays Scandinaves, c’est la Norvège qui a mis en place une barrière de séparation afin d’éviter que les réfugiés viennent demander l »asile dans le pays depuis la Russie. Depuis 2015, des milliers de personnes avaient emprunté ce passage. L’Espagnea également construit à Ceuta et Melilla des barrières grillagées avec des lames tranchantes pour certaines clôtures ! Cette séparation consiste à empêcher les exilés venant d’Afrique de venir sur les côtes espagnols en passant par le Maroc.

Le 15 octobre 2014, Reuters/Jesus Blasco de Avellaneda

En d’autres termes, entre le nationalisme et le néolibéralisme, l’Europe s’enferme dans une lutte déjà perdue d’avance. Les murs de la honte ne peuvent sur le long terme retenir des personnes fuyant les persécutions. Ce type de disposition est un aveu d’impuissance à reconsidérer la question de l’asile et plus globalement, de repenser les grandes questions internationales liées aux différents conflits et à la misère des pays du tiers monde.

En 2050 selon un rapport de l’ONU, le monde va connaître des mouvements de population importants et nous attendons jusqu’à 250 millions de réfugiés dû à la déréglementation climatique. Devant l’impuissance des nations à régler aujourd’hui la question d’asile, comment penser que nous arriverons à mieux la gérer dans plusieurs dizaines d’années alors que la situation sera sans doute plus brutale. Certes le rapport de l’ONU n’est qu’une estimation, mais en tous cas il a le mérite de nous mettre devant la réalité. La construction des murs de la honte est justement le contraire, soit une dénégation de ce qu’il se passe actuellement dans le monde et ce qu’il va se produire dans l’avenir.

Les murs ne sont pas faits pour retenir les êtres humains : « Avec ce type de dispositif, on crée une situation plus grave que le problème originel. » (Elisabeth Vallet). Les murs ne sont qu’ « une illusion de sécurité, pas une vraie sécurité » (Marcello Di Cintio). Malgré ces obstacles, les exilés finiront toujours par passer. « Les partisans des murs estiment que des fuites valent mieux qu’une inondation ».1 Séparer de cette manière l’humanité, c’est l’atomiser. On nous dira qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, or 90 % des exilés restent à proximité du lieu de conflit dans l’espoir d’y retourner lorsque les choses se seront apaisées.

Nous n’accueillons pas toute la misère du monde, les pays pauvres s’en chargent déjà.2

MARCUSS (51)

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