Vous pouvez retrouver toutes les « Chroniques de Fabienne » directement sur son blog « Le Journal d’une chômeuse »

Viendez ! C’est gratuit, ce n’est pas contagieux et vous n’êtes même pas obligés d’être inscrit à Pôle Emploi pour me lire.

ADSV.fr >Un regard lucide et décalé, toujours d’une rare pertinence sur le quotidien de tant d’entre nous. A lire pour s’informer, se détendre, rire (parfois jaune), et réfléchir.

 

Nous sommes nombreux à avoir regardé l’échange entre des aides-soignantes et Emmanuel Macron à Rouen. Par usage, je place dans ma phrase ces aides-soignantes avant le président. Peut-être aurais-je dû faire l’inverse ? Par courtoisie.

Car, au-delà du fond de leur discussion sur le manque de moyen des hôpitaux, c’est la forme qui m’interpelle.

Le chef de l’Etat reproche en effet son manque de courtoisie – c’est bien le mot utilisé – à l’une des interlocutrices qui ne lui a pas serré la main. De la courtoisie, le Larousse dit ceci : « Notion clé de la civilisation médiévale élaborée dans les cours seigneuriales et fondée sur une théorie et une pratique raffinées des rapports homme-femme »…

Le terme « courtoisie » a donc du sens. Tout comme celui de « privilège » utilisé à l’encontre des cheminots. Car la start-up nation aime à utiliser ces éléments de langage envers les rustres que nous sommes. Le dédain, la morgue, sont désormais monnaie courante envers le petit peuple ignorant et fainéant.

Nous sommes « les gens de rien ». Emmanuel Macron l’a signifié une fois encore lors de ce moment passé avec ces femmes de la santé. Lassé de ne pas convaincre, il finit par tourner les talons. C’est alors qu’il parle de l’impolitesse de son interlocutrice. Du prétendu manque de courtoisie de cette dame qui, chaque jour, rejoint son service à cinq heures du matin. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé à ses côtés lors de ce déplacement – et qui affirme que l’activité des hôpitaux est en baisse – a levé, quant à elle, les yeux au ciel. Pouffant de sidération devant l’effronterie de la bougresse qui veut donner des leçons d’économie au chef de l’Etat.

Alors sachez que ceci n’a rien de courtois, mesdames et messieurs qui marchez : c’est vulgaire.

Tout comme il est vulgaire de la part de la direction de Whirlpool de proposer un sèche-linge aux employés en guise d’augmentation. Vulgarité aussi chez Carrefour qui pense donner un bon d’achat de 150 euros aux salariés grévistes.

Il y a deux ans, celui qui n’était pas encore à la tête du pays disait : « Le meilleur moyen de se payer un costard c’est de travailler! ». Sans doute, avec leur bon d’achat, les gens de chez Carrefour pourront-ils s’en offrir un… Et ils demanderont à ceux de Whirlpool de le sécher en cas de besoin. Sinon ils n’auront qu’à faire comme cette député LREM qui, l’an dernier, se plaignait de son manque de moyens mais trouvait – la pauvre ! – des moyens de s’arranger : « Je vais moins souvent au restaurant, je mange pas mal de pâtes. J’ai ressorti des vêtements de la cave et je vais devoir déménager. »

Bref. Chers employés de la start-up nation, bougez-vous un peu… et arrêtez de réclamer.
Et si le pain manque, mangez donc de la brioche !
C’est la moindre des courtoisies.

(dessin de la chouette Besse)

Si vous souhaitez réagir à cet article, n’hésitez pas à laisser un commentaire (tout en bas de cette page). Vous pouvez aussi lancer un débat sur un sujet de votre choix sur le Forum de ce journal.